Comment mesurer la pénis-bilité...

Il fascine. De Capital à GQ, de Ouest-France à The Economic Times, de Femme Actuelle à Doctissimo, ils parlent tous de lui.

Lui, c'est Bryan Johnson, le milliardaire américain qui défie le vieillissement. Netflix vient de mettre en ligne un documentaire sur sa quête de l'immortalité.

Il n'est pas question pour l'Amérique de Trump de payer des impôts / indulgences pour une entrée VIP dans un paradis illusoire et la fontaine de Jouvence est contaminée par les gaz de schiste, les produits phytosanitaires à moins qu'elle ne soit asséchée pour remplir quelques piscines.

Non, rien ne vaut un juteux business pour se refaire une santé, à condition de bien définir le positionnement marketing, c'est-à-dire la place occupée par sa marque « Don't Die » dans l'esprit des futurs consommateurs. Sur le site de la marque, on trouve la réponse aux 3 questions clés qui garantissent la réussite d'un business :

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  Pourquoi ? Pour construire un horizon à l'infini vers lequel se projeter.
• Comment ? En devenant un citoyen « Don't Die » et en adhérant à son éthique
• Quoi ? La commercialisation d'une gamme de produits et d'une application pour accéder à un programme mis au point par « your friend » Bryan.

Le programme consiste à pomper quelques millions de bitcoins sur sa fortune, à avaler des centaines de comprimés par jour et à se soumettre à la technologie, entrée dans l'ère de l'Intelligence oblige.

Ainsi, le citoyen « Don't Die » est monitoré en continu par une bardée de capteurs, allant du thermomètre au pléthysmographe. A l'aide d'un anneau placé autour du pénis, cet appareil mesure le nombre d'érections nocturnes, un indicateur qui serait prédictif de l'immortalité. 

Pour parfaire la citoyenneté « Don't Die », il a fallut établir un phénotype. Un chirurgien a donc doté l'aspirant à l'immortalité de la gueule de l'emploi, celle du vampire romantique de Twighlight, excepté que notre milliardaire n'est pas le vampire vegan de la série puisque son programme inclut des transfusions du sang de son fils, Talmage.

Dans la nouvelle cosmologie promise par Donald Trump, nous avons donc trouvé Cronos car cette pratique de transfusion viserait à rajeunir de l'intérieur le père grâce au sang du fils et chiffres comparatifs à l'appui, les érections du père surpassent les érections du fils. Voilà comment on châtre de nos jours les jeunes esprits rebelles. Heureux qui comme Télémaque eut pour père Ulysse, l'homme qui refusa l'immortalité.

Par ailleurs, contrairement au très chaste Edward Cullen, Bryan Johnson a une consommation énergétique débridée pour collecter ses données physiologiques péniennes et les partager avec ses concitoyens « Don't Die ».

Rien que pour lui, l'Amérique doit forer de nouveaux puits pour en extraire le gaz de schiste qui couvrira ses besoins personnels en data. Il faut avoir suffisamment de bits disponibles pour enregistrer toutes ses érections nocturnes qui lui permettent d'être dans le TOP 1% de la population (même si je doute qu'il y ait 100 hommes pour s'astreindre à cette mesure toutes les nuits).

C'est un paradoxe supplémentaire de l'Amérique de Trump d'être à la fois climato-sceptique et phallo-crédule, de nier les évidences climatiques et les data du GIEC mais de se fier à la « pénis-bilité », c'est-à-dire cette capacité qu'aurait le pénis à conjecturer la probabilité pour un individu de pouvoir se soustraire à sa condition d'homme.

Donald Trump rêve d'implanter une race d'or sur la planète Mars où le Dieu de la Guerre y accueillerait quelques va-t-en guerre virilistes et leur accorderait le statut d'immortels après qu'ils aient organisé le chaos sur la Terre où la race de fer est entrée dans l'Age des terres rares, les gouvernements collaborateurs se faisant tirer l'oreille pour accorder aux communs des mortels la prise en compte de la pénibilité de leurs emplois dans le calcul des points retraite.

On peut refuser le Progrès ou bien jouer avec lui et lui faire la nique. Moi non plus, je ne suis pas à un paradoxe près. Ma montre connectée indique sur base de mes paramètres que mon âge physique est inférieur de 5,5 ans par rapport à mon âge civil, soit mieux que le gain déclaré par Bryan Johnson dans sa guerre contre la mort. 

Je suis donc riche des 2 millions que je n'ai pas dépensés avec un programme bien différent :

• Lichette de pain, beurre, fromage tous les jours
• Billet hebdomadaire sur MDP 
• Un peu d'exercice physique

Et puisque la Nature ne m'a pas accordé l'opportunité d'entrer en compétition sur le « nighttime erections », la vie m'a appris qu'en amour, on ne compte pas.