Le Pape, le Roi et le Président

Le Pouvoir, c’est la capacité de transformer des individus en croyants, sujets ou citoyens comme le tailleur de pierre extrait de la roche informe une brique, une sculpture voire la clef de voûte de tout un édifice, selon son ambition ou son savoir-faire à faire s’exprimer la roche.

Le Pape

François a « donné » à la Grèce trois fragments du Parthénon pour « réparer l’injustice » et « panser les blessures » du pillage de l’Acropole. Le souverain pontife sait faire parler les pierres : la tête de centaure provenant d'une des métopes du Parthénon incarne « son désir sincère de suivre le chemin œcuménique de la vérité » et sa volonté de braver l’obstacle « uniate », pierre d'achoppement entre catholiques et orthodoxes au nom de l'unité de l'Eglise.

Le Président

Autres cieux, autre ambiance. Ca a bardé cette semaine en France.

Le ministre de l’Intérieur s'est pris pour Poséidon en lançant les brigades BRAVE M chevaucher leur moto pour percuter un peuple, insensible à l’opération de séduction médiatique, transporté dans les rues par la vérité présidentielle qui lui a été imposée par 49.3.

En justifiant les délits de ses forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur dénie son leadership, ce « rôle model » qui façonne les hommes à l’image de leur chef, ici fourbes et violents.

Grenades, LBD, nasse, insultes, coups, doigt arraché, menaces, gardes à vue arbitraires, arrestations politiques, comparutions immédiates… Un déferlement de violence comme…

…autant de coups de burin, qui révèle à l’enfant rebelle, engagé pour la première fois dans une lutte politique, sa stature de jeune citoyen sérieux. Il se pétrifie en Homme responsable de l’avenir de sa cité, comme la statue de ce jeune garçon pour commémorer la fête de la fondation d'Athène.

Alors que les sondages propageaient l’image d’une jeunesse aspirant à l’autocratie, nous avons assisté à la fondation d’une jeunesse, venue défendre la démocratie.

Comme le sculpteur, le Président peut former un peuple ou le fragmenter. Il paraît inconscient que chacune de ses incohérences entre le bien-dit et le mal-fait est une faille supplémentaire, qui peut à tout moment être à l’origine de la pulvérisation de l’édifice politique.

Le Roi

En tant que défenseur de l’environnement, conscient de ce fameux rôle modèle, Charles III avait émis le souhait de prendre le train plutôt qu’un jet privé pour sa visite officielle en France. Par le passé, l'homme a déjà démontré sa capacité à cliver ou à jeter des pavés dans la marre pour des causes lui tenant à coeur. 

Ayant dû annuler la visite de « Sa Majesté », Emmanuel Macron n’a donc pas reçu en guise de cadeau diplomatique un morceau de « National Trust ».

Pourtant c’est bien de recouvrer la confiance dont nous avons besoin pour ne pas avoir un jour à écrire comme Paul Tillich* au sujet de la montée au pouvoir d’Hitler : tout est né de « la peur qui est l'absence de confiance.»

Le World Economic Forum

Emmanuel Macron est le Petit Prince d’un Empire Mondial, qui aimerait que tout s'achète, même la confiance. Mais la méfiance populaire envers les institutions légitimes est un caillou dans la chaussure d'un monde qui veut progresser à marche forcée. Alors le 17 janvier 2023, au Forum de Davos, une session avait pour thème « Démocratie : la voie à suivre ( ?) »,Un panel d'experts y avait pour objectif de répondre à cette question : que doivent faire les dirigeants, fatigués de la démocratie, pour renforcer les systèmes démocratiques ?

Constatant l’enthousiasme des ukrainiens à défendre la démocratie contre le régime autocratique russe, ils ont conclu que la guerre est un moyen de raviver l’enthousiasme populaire pour la démocratie et souligné le rôle primordial de l’OTAN pour « protéger » la démocratie.

Pour WEF, la démocratie ne repose pas sur des principes. Tandis qu'il déplore la solidité des fondations idéologiques des régimes autoritaires, il occulte avoir fait du Progrès technologique sa pierre angulaire, une idéologie que le monde occidental refuse d'abandonner pour consacrer sa puissance d'action à l'environnement.

Toute histoire a sa morale

La confrontation dans les rues ou dans les champs au sujet des retraites ou des méga-bassines révèle l'illégitimité de WEF. Durant le Forum, on y a reconnu que la démocratie doit être un jeu entre deux équipes qui jouent à égalité sur le même terrain de jeu alors qu'il se joue actuellement soit sur des terrains différents, soit en position d'inégalité.

Cette discorde entre démocratie et technocratie rappelle furieusement la discorde entre Athéna et Poséidon, entre aspirations à la Paix ou à la Guerre. La solution est de faire confiance à l'opinion publique authentique en excluant toute volonté de manipulation.

Vous pouvez l'ignorer, mais le peuple dit « Référendum ».

*Blog de Wawa