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Vieux prof ayant repris ses études de sociologie dans l'illusoire espoir de lutter contre une injustice
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Billet de blog 7 février 2016

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Vieux prof ayant repris ses études de sociologie dans l'illusoire espoir de lutter contre une injustice
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Mieux que le RSA jeunes, un nouveau revenu de citoyenneté, sans impact sur les finances publiques

Un nouveau revenu possible pour les jeunes étudiants grâce aux Juges aux affaires Familiales

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Ceux qui connaissent Mayotte savent où cette image est prise. En face, c’est l’île des clandestins en transit, de ceux qui ont survécu à l’une de ces nombreuses traversées journalières avant d’arriver en territoire français. Ils viennent là où on ne leur donnera pas beaucoup - ils ne sont pas enfants du pays - mais ils auront plus que là d’où ils viennent.

La brigade maritime pourchasse les embarcations. Il est vrai que trop de cadavres dans le lagon, ça fait désordre. Les passeurs s’enrichissent de leur misérable et compréhensible illusion mais eux ne viennent pas au pays des Lumières, ils viennent parc qu’ils ont la foi et faim pour leurs enfants, cette multitude qui peuple les abris de tôles et emplit les classes. À Mayotte, ces enfants auront un avenir difficile mais ils vivront, c’est un peu l’île des « Va, vis et deviens ». Une fois, confrontés aux difficultés sur l’île, condamneront-ils leurs parents, leur reprocheront-ils de ne pas leur assurer un destin ? J’en doute : ils croient en Dieu.

 C’est cela le miracle mahorais : voir chaque jour la violence, les vols augmenter et l’anarchie ne pas régner malgré la surpopulation. Croient-ils en des lendemains meilleurs ? Je ne saurais le dire. Peut-être pensent-ils qu’ils sont bien sur leur île perdu dans l’Océan Indien, que cela est déjà pas si mal. Un brin fatalistes, en somme.

Il en va tout autrement pour nous car nous nous disons laïcs.

Nos enfants devenus grands ont des difficultés d’insertion dans la marche du monde. Leurs droits sociaux semblent insuffisants, pas de revenu d’existence, d’allocations…, et ici, parce qu’on est pas sur une île où l’on pourra chaparder des fruits dans les bois, le problème reste entier.

Ceux qui sont brillants élèves ou ont des parents très aisés, sont, de fait, des héritiers porteurs d’un patrimoine qui aplanit ces difficultés proposées à tous (un avenir ça se gagne…) ; eux leur condition les privilégie encore plus dans la compétition des places. Les fils de pauvres, eux, doivent se débrouiller ; seuls, quelques boursiers ou quelques courageux, pleins d’abnégation, traverserons le désert de cette absence d’aide à la jeunesse : ils en chierons mais s’en sortirons, plus ou moins, à force de travail et de courage. Ce sont de vaillants combattants qu’il convient de respecter. Je suis partial car voyez-vous, je croyais en faire partie. Par contre, les jeunes des classes moyennes peuvent et doivent être aidés de leurs parents, c’est la loi qui le dit (l’obligation est pour tous mais de fait est opérationnelle et problématique dans cette tranche de la population, la plus nombreuse, celle sur laquelle cette nouvelle forme d’impôt social, est la plus douloureuse). Ces jeunes devront trancher entre fidélité familiale et opportunisme.

Il faut tout donner à ses enfants (même devenus majeurs, jusqu’à 30 ans et au-delà, toute la vie s‘il le faut), c’est toujours le Code Civil qui le dit, surtout depuis qu’il a été retoqué par Ségolène Royal en 2002 car les socialistes aiment les familles (beaucoup moins les pères mais j’en parlerai une autre fois). Les parents aident, donnent, accompagnent. Ils n’ont pas d’autorité parentale sur ces jeunes majeurs mais les aident, à la mesure de leurs moyens, en faisant des sacrifices parfois, mais il le faut, c’est nécessaire : il faut  transmettre car c’est vouloir un avenir meilleur pour ses enfants. Ce sont des parents méritants, admirables. Ils ont décidé d’aider cette jeunesse insuffisamment aidée par la collectivité, par ce système d’aides qui laisse les pauvres se démerder, les riches profiter et les autres réclamer de l’aide. Ces jeunes le vive parfois mal car c’est comme quémander alors parfois ils font appel à la froide justice et se mettant en scène obtiennent des pensions alimentaires le temps de faire leurs études (et au-delà, jusqu’à ce qu’ils soient autonomes, c’est-à-dire qu’ils aient un emploi). Bien sûr, les relations familiales après un passage devant les tribunaux ce n’est plus gentil-gentil ; mais c’est leur choix, celui de faire payer leurs parents pour avoir un avenir. ils peuvent aussi à ce moment-là faire payer tout ce que la trouble adolescence porte comme griefs contre les adultes. Ils le font : ils ont le droit.

J’étudie ces parents qui se font condamner à entretenir leurs enfants majeurs. Ces condamnations sont destructrices car elles peuvent durer six ans pour faire un BTS, dix ans peut-être même (j’en cherche des exemples). Les juges doivent être convaincus qu’en faisant des études, les jeunes s’en sortent mieux, pourtant cela est loin d’être certain, d’autant plus qu’il est possible d’obtenir pendant six ans, 900€/mois auxquels l’on peut cumuler des salaires (j’ai un exemple) et le faire prolonger (nous le saurons bientôt) quelques années supplémentaires, pourquoi tourner le dos à de telles conditions ? Pour s’insérer ? Dans cet exemple, l’ensemble du système essentiellement financé sur le budget du ménage parental (diminué de plus d’un quart) permet d’arriver à une moyenne mensuelle supérieure au SMIC pour le jeune. Il n’y aurait aucune raison pour libérer les parents de cette obligation d’entretien qui renverrait cette étudiante ayant obtenu un BTS en six ans , qui n’aurait droit alors qu’au RSA, si ce n’était que les parents de l’exemple cité ont du vendre leur logement personnel et qu’à sept ans de la retraite ils se voient promis à une pension mensuelle pour deux inférieure à 1500€. Quand je vous disais qu’il faut tout donner à ses enfants, je savais de quoi je parlais…, car sinon, ils peuvent vous le prendre : c’est légal. Et ce n’est là qu’un exemple. Il y en a d’autres.

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