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Vieux prof ayant repris ses études de sociologie dans l'illusoire espoir de lutter contre une injustice

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Billet de blog 7 février 2016

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Vieux prof ayant repris ses études de sociologie dans l'illusoire espoir de lutter contre une injustice

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Une obligation d'entretien des jeunes jusqu'à ce qu'ils aient un emploi stable s'impose aux parents

Une obligation d'entretien des jeunes jusqu'à ce qu'ils aient un emploi stable s'impose aux parents même si eux-mêmes ont des difficultés professionnelles.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je pourrais, pour faire plus ample connaissance, vous raconter l’histoire d’une jeune fille charmante, un brin perverse ; l’une de ces ingrates qui apprennent à naviguer entre apitoiements et poursuites d’études assez longtemps pour se débrouiller avec une pension alimentaire et quelques menus emplois mais je la trouverais un brin immorale pour le progressiste que je crois être ; aussi vais-je me tourner vers celle de ses parents.

Un couple de la cinquantaine, un couple ordinaire, de ces classes moyennes qui sont assez riches pour devoir aider leurs enfants, même devenus majeurs mais trop pauvres pour leur assurer un avenir à l’abri des vraies difficultés de la vie.

Ce couple ordinaire né dans les années soixante en a connu l’éducation peu chaleureuse et les années de galère mais ils avaient eu le bonheur de connaître l’amour l’année où nous fûmes nombreux à croire qu’enfin l’avenir radieux était là. En se trouvant, par amour, ils se mirent au travail et arrivés à la quarantaine avec deux adolescents crurent qu’ils pouvaient acheter un appartement pour leurs vieux jours. Ils se trompaient : ils avaient des devoirs vis-à-vis de leurs enfants, même majeurs. La loi allait le leur rappeler.

Leur fille – rappelez-vous celle du début de l’article – aidée par de bons conseillers les fit condamner à une pension alimentaire de 900 euros mensuels. Six ans après elle les percevaient toujours, elle y avait régulièrement rajouté des revenus et n’entendait pas voir se tarir cette manne : elle y avait droit, pourquoi souffrirait-elle ? En six ans elle avait réussi à obtenir un BTS commercial mais les juges estiment que ce droit est dû jusqu’à ce que l’enfant autonome – dans le cas de cette jeune fille de 27 ans, l’on peut s’interroger sur le choix du terme ; autonome voulant sans doute dire en CDI. Et comme de plus, il n’y a dans ce genre d’affaires (certainement plus de 2000 par an) par de terme prévu, vous vous douterez bien dans quel état d’esprit est le père de cette charmante enfant qui lui a déjà « coûté » plus de 70 000€ frais de justice inclus (c’est beaucoup pour quelqu’un à qui il ne reste que 2500€/ mois pour vivre à deux en région parisienne).

Suite à de nombreuses requêtes, son affaire sera revue par le Juge aux affaires Familiales de P…, le 9 février, le jour anniversaire des 32 ans de son fils aîné qui n’a pas eu droit à autant d’aide (il est vrai que c’est un fils respectueux qui n’a pas fait condamner son père). L’homme ne se fait guère d’illusions : excédé, il l’a écrit. C’est donc un mauvais père. Il sera condamné pour quelques années encore. La charmante demoiselle veut faire un autre BTS. On ne saurait la priver et lui dire de chercher du travail…

Dans sept ans ses parents, quitteront leur logement de fonction et prendront leur retraite, une maigre retraite - moins de 20 000€ annuels (le résultat des 20 années de galère mais aussi de ce qui aura sans doute été une décennie de financement de l’obligation d’entretien de leur fille).

Je ne vous souhaite pas une de ces enfants qui font appliquer leur bon droit (celui revisité par Ségolène Royal en 2002) mais il restera à ces braves gens, traités comme de mauvais parents (car ils rechignent à jeter près d‘un tiers de leurs revenus dans un puits sans fond) l’amour qui les garde unis après 35 ans d’adversité et à méditer sur le célèbre poème de Rudyard Kipling. Madame la Juge l’a sans doute lu. Nous le saurons dans un mois, après le délibéré, l’homme restera un homme, même humilié, racketté pour financer l’insertion des jeunes, enfin ceux qui réclament, les autres se contentant de ce qu’on ne leur donne pas.

Une histoire dont je voudrais, somme toute pas, de la paternité mais qui est rigoureusement exacte, hormis la morale, si l’on peut dire, dont j’assume chaque mot.

Pour les détails et les preuves, je me tiens à votre disposition.

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