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Billet de blog 9 décembre 2014

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La Clusaz et les Aravis, les leçons du climat, le rappel de la loi...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une série de catastrophes vient d'avoir lieu dans le sud de la France en semant la mort là où tout devrait être paisible. Ces terribles faits nous remettent en mémoire l'année 1987 et les dramatiques évènements du Gd Bornand (23 morts) lors du débordement d'un cours d'eau (le Borne) après un orage violent. Depuis 27 ans, il ne se passe pas une année sans que les torrents, rivières et fleuves ne fassent défavorablement parler d'eux un peu partout en France. Les dégâts matériels coûtent des fortunes et les victimes corporelles s’additionnent, il s'agit pour la plupart des cas de riverains et/où de touristes, randonneurs, campeurs, automobilistes .... pêcheurs.
La conjugaison d'épisodes météorologiques exceptionnels et du non entretien de certaines berges et lits de cours d'eau n'est pas étrangère, même si elle n'explique pas tout, à cet état de fait. La presse nous rabâche qu'il s'agit  de ruptures d'embâcles qui seraient des "barrages" naturels... Il s'agit d'une demi-vérité. En effet, s'il est effectivement naturel que, sous les effets conjugués de l'érosion et des crues, des charriages de branches, troncs, pierres, limon etc... finissent par créer, dans les rétrécissements des cours d'eau, des amoncellements dangereux (en cas de montée subite des eaux, ces "ouvrages" se gonflent, forment des poches de rétention qui cèdent avec la pression, emportant tout à leur aval; le dénivellé souvent important en montagne augmentant encore la force dévastatrice du tout), il n'en demeure pas moins que ceux-ci ne devraient pas exister (ou beaucoup moins) si la loi était normalement appliquée .... L'entretien des berges et du lit des cours d'eau incombant jusqu'en leur milieu aux propriétaires riverains (particuliers, communes, agriculteurs, sociétés ou administrations en applications des articles L 215.14 et suivants du Code de l’Environnement et de l’article 114 du Code Rural) Car, en effet, si les berges sont régulièrement débarrassées des dépots mobiles qui les encombrent, il est mathématique de considérer que les embâcles et poches de rétention  seront nettement diminués et leurs effets homicides d'autant... Des responsables de collectivités locales  dénoncent aujourd'hui, dans les départements touchés du sud et du sud-ouest, ce que nous clamons depuis près de 25 ans dans les Aravis, rien ne changera si les berges ne sont pas régulièrement nettoyées et si l'étanchéification des sols (betonnages, goudronnages, enrobages, colmatages) ne cesse pas !

Cette simple évidence incontestable  devrait suffire à convaincre les collectivités locales et territoriales de l'extrême nécessité de l'entretien des berges et d'une politique d'urbanisme cohérente et contrôlée. Mais cela ne vaudrait que dans l'hypothèse ou la collectivité de ceux qui nous administrent ait la conscience du poids de certaines décisions dans l'économie en vies humaines qui en découle......


D'autre part, les matériaux naturels qui constituent les embâcles sont parfois loin d'être seuls et certains éléments pour le moins incongrus (ferrailles, électro-ménager, pneus, carcasses..) ajoutent à l'ensemble. Imaginons un instant les ravages que peuvent causer une tôle ondulée ou un cadre de mobylette lorsqu'ils déferlent, avec les eaux, au milieu d'un camping et de celles et ceux qui tentent de sauver leurs vies! Nos anciens (qui avaient un bon sens issu de l'observation de la nature et de son respect) nettoyaient leurs berges et construisaient des passerelles en arche qui avaient l'avantage de laisser passer les crues. Notre génération, par économie où méconnaissance de la mécanique aquatique construit des passerelles plates (à moindre coût) qui sont emportées en cas de crue augmentant encore le volume des débris ou que les pompiers sont obligés d'arracher car elles retiennent ce que charrient les eaux en créant leur propre embâcle... Cherchez l'erreur !
Ainsi l'on nous fait croire parfois que les personnes et les biens victimes des débordements aquatiques ne doivent leurs sorts qu'à un manque de chance et aux aléas climatiques (épisode Cévenol, orage alpin..) plutôt qu'à l'inconscience de tous ceux qui ne répondent pas à leurs obligations associés à ceux qui ont renoncé à faire appliquer la loi et/ou à faire preuve de logique... à commencer par les communes. En cherchant à faire peser la responsabilité de tels drames sur les impondérables du climat et/où sur le réchauffement de la planète, les collectivités locales s'auto-exonèrent purement et simplement de leur inconséquence criminelle chronique.... Tout est pourtant fait en dépit du bon sens, il serait beaucoup moins onéreux pour les vies humaines et pour l'argent public d'entretenir régulièrement les cours d'eau plutôt que de convoquer l'armada du sauvetage tous les mois à grands coups de pompiers, armée, gendarmerie, plan Orsec, évacuations héliportées, réquisition de gymnases et enfin ! déclaration du sacro-saint état de catastrophe naturelle (leurre bien pratique pour les politiques comme Cazeneuve puisque ce sont, au final, les assureurs qui paient et donc la collectivité des assurés)!


Quant à eux, les Aravis n'échappent pas à ce constat, les zones non élaguées et ou le bois mort stagne sont très nombreuses, les embâcles permanents se comptent par centaines (tous cours d'eau confondus) et il reste même, par endroits, des zones non dégagées depuis la catastrophe de décembre 1999 sans compter les embacles saisonniers créés par les déneigements communaux à même les rivières.... Dans certains secteurs, non contents de ne pas entretenir leurs berges, certains riverains, confondant rivière avec déchetterie, y entreposent tout ce qui ne leur convient plus, déchets verts, bois, tuiles etc.... Une grande connaissance du milieu aquatique des vallées permet de dire que les catastrophes  qui ont déjà eu lieu se renouvelleront si toutes les berges ne sont pas régulièrement et sérieusement nettoyées (1987 au Gd Bornand est la plus tristement connue mais La Clusaz n'est pas passée très loin de drames en 1990 et en 1997 et l'on se souvient du camping du Lachat à Thônes en 1996 et d'évènements plus récents à Montremont en septembre dernier).

S'il vous arrive pareille "mésaventure" et si vous en sortez vivant, levez les yeux vers le haut, vous y apprendrez, peut-être, à qui vous devez votre malheur .... En ce cas d'espèce il s'agit beaucoup plus de la non application du principe (légal) de précaution que de fatalité !
(La Clusaz a travaillé sur les risques majeurs en 2008 et a pris un certain nombre de mesures destinées à protéger son village, ses biens et ses habitants des risques de crues torrentielles. Cela est bien mais insuffisant si cet effort n'est pas accompagné d'un entretien annuel des berges, tous cours d'eau confondus; par ailleurs il est à parier, malheureusement, que l'hyper canalisation du Var - autrement dénommé Nant - dans sa traversée du village causera encore bien des suprises...)

Enfin, il faut remarquer que la détestable habitude que la station a de déneiger son village à même la rivière, à son aval, en créant ainsi un embâcle neigeux (névé artificiel) considérable par son épaisseur en fin d'hiver peut, à elle seule, créer un danger sérieux.....mais chez les autres. En effet si un orage précoce de printemps (et ils sont de plus en plus observés) vient à grossir le Nom en mars ou en avril il est potentiellement probable que la rupture de cette poche de rétention mettra en danger très sérieux les avals directs et les personnes et biens qui les bordent jusqu'à Thônes....

Notons au passage que lorsqu'une commune des Aravis sera frappée dans le futur par un évènement de ce type (ou responsable de ses conséquences) , elle ne pourra pas se réfugier derrière la soudaineté de l'évènement et la non connaissance de sa probabilité, l'association Eaux Secours les Aravis (coupures de presse à l'appui) ayant clairement mis en lumière les risques dès les années 90... La condamnation récente dans l'affaire Xinthia à La Faute-Sur-Mer prouve qu'une collectivité locale ne peut pas s'exonérer de la responsabilité d'une faute dont les conséquences étaient prévisibles; selon le jugement : "« les conséquences de Xynthia ne doivent rien au hasard »... En d'autres termes, l'élu local qui aura été informé des risques qu'il fait prendre aux autres par sa gestion hasardeuse et des conséquences probables de celle-ci sur le plan humain et judiciaire sans avoir le souci immédiat et déterminé d'y remédier n'est rien d'autre qu'un joueur de poker qui mise avec l'argent des autres. A bon entendeur...

Marcelly

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