Hier s'est produit un acte d'une barbarie inimaginable. La mort de ces étudiants, de ces femmes et hommes est un acte qui devrait créer une vague d'indignation de la communauté internationale. Un sursaut de l'humanité.
Pourtant dans ce contexte où l'atroce fait partie de notre perspective du monde car rendu banal par les chaînes d'information en continu qui en font leur pain quotidien, ces morts ne résonnent pas. L'onde de choc n'a pas eu lieu.
J'ai vu ma page facebook se couvrir de noir pour Charlie et qu'ai-je vu hier ou aujourd'hui? Rien. ceux qui s'indignent de la barbarie commis sur leur sol l'ignorent sur le sol des autres.
Certes certains médias relayent l'information. Mais sous quel jour? Une vision voyeuriste des faits qui pousse à rechercher le sensationnel et à interroger les survivants pour qu'ils exposent l'inexposable. Où est l'analyse géopolitique de la situation du pays? Elle devrait nous intéresser, elle nous intéresse. Qui sont ces shabbab? Ce n'est pas la première fois qu'ils agissent pourtant je n'en ai jamais vraiment entendu parler...
Dans ces hiérarchisations journalistiques hasardeuses, le citoyen est mis à mal. Il souhaite connaitre, son droit à l'information il le revendique. Des journalistes se battent pour lui chaque jour et le payent de leur peau. Pourtant le filtre est tellement épais qu'en ouvrant son 13h sur TF1 il ne voit que le mirage en carton pate d'une France fantasmée par un sempiternel Jean Pierre Pernaut, de l'information il n'a rien. Et en dépliant son journal si il cherche plus loin il s'aperçoit que les choix rédactionnels ne sont pas les mêmes en fonction de l'emplacement géographique des drames.
Je n'accuse pas que les médias du manque de réaction, nous avons tous une responsabilité dans la compassion et la solidarité face aux actes de violences qui pullulent ici-bas. Mais nous avons le devoir de ne pas oublier et de nous mobiliser, car c'est parfois notre seule action possible pour que nos frères kenyans qui ont vécu ces heures sombres ne soient pas seuls dans leur affliction.
Les ignorer serait notre crime.