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Billet de blog 13 novembre 2009

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Que peut-on espérer du nouveau mandat de Karzai?

Les talibans ont réussi leur coup. Leurs efforts pour perturber le bon déroulement démocratique des élections ne pouvaient pas être plus efficaces. Abdullah Abdullah, l'opposant de Karzai, sous pression de la communauté internationale, s'est retiré estimant que les conditions de vote démocratique et libre n'étaient pas réunies.

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Les talibans ont réussi leur coup. Leurs efforts pour perturber le bon déroulement démocratique des élections ne pouvaient pas être plus efficaces. Abdullah Abdullah, l'opposant de Karzai, sous pression de la communauté internationale, s'est retiré estimant que les conditions de vote démocratique et libre n'étaient pas réunies. L'Afghanistan risque de rentrer dans une zone de turbulences lourdes de conséquences et pour le présent et pour l'avenir. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Et que dire au peuple qui attendait un élu légitime et un changement stratégique enfin efficace ?

Malheureusement, en Afghanistan, l'histoire se répète. Les acteurs de la reconstruction, afghans et occidentaux, ont oublié qu'en 2004, malgré l'enthousiasme des électeurs afghans, les urnes avaient été bourrées et qu'à cette époque aussi, les membres des différentes commissionson avaient mis plusieurs semaines pour compter et recompter les bulletins de vote frauduleux pour, enfin, sous la pression américaine, bâcler les résultats et décréter Karzai gagnant. Le peuple résigné et perplexe sur ce simulacre de démocratie a malgré tout accepté ces résultats dans l'espoir que le président Karzai, soi-disant démocratiquement élu, financé et protégé par l'argent et les soldats de la coalition internationale, soignerait les nombreuses blessures du peupledû aux différents guerre et que, réellement, commencerait la reconstruction des structures politiques et économiques du pays détruit par plus de 20 années de guerre. Hélas, cinq ans après,le bilan est contraire aux attente de la majorité des afghans. le scénario des élections de 2009 est le même. Ni le gouvernement afghan, ni les deux commissions électorales, ni l'ONU et les 0ccidentaux n'ont tiré d'enseignements des élections de 2004.

Ils en ont fat comme ils avez affaire à un pays stable et un gouvernement au service de la nation . le résultat est là. Est-ce dû au fait que la culture dominante en Afghanistan est orale ? Est-ce dû au fait que les responsables politiques sont prisonniers d'une culture de non-dits et de palabres et que au lieu d'oser la démocratie, ils se laissent enfermer dans les jeux tribaux en débattrent au sujet d'une question politiques où économiquesse partageant le pouvoir sur le dos du peuple ils palabrent entre eux sans donnée des comptes aux peuple . (où que même dans l'administration tous se fait oralement)?

Est-ce que les experts et conseillers occidentaux sont eux aussi tombés dans les travers des jeux politiques et que les afghans ? Est-ce que les Occidentaux auraient aussi omis de relire les rapports de 2004 ?

En tout cas, vu les résultats des élections du 20 août 2009, le cœur des Afghans saigne parce que l'histoire d'élections frauduleuses se répète et le peuple se sent trahi.

Il est incontestable que Il faut se souvenir que l'histoire de la trahison du peuple comme les problèmes politiques d'aujourd'hui en Afghanistan commencent en avril 1978 lors du coup d'État des communistes qui vient balayer un siècle de gouvernance pachtoune. Les différents membres influents des partis communistes afghans, khalq et pacham, eux-mêmes pachtounes constatent que leurs révolution ne vient pas d'un parti organiser avec une réelle base populaire, mais d'une organisation politique soutenu et encouragé par les conseiller de l'union soviétique à Kaboul .

Aussi .pour Pour se donner une base populaire et moderniser le pays aussitôt le coup d' état réussi, ils vont, au nom de la révolution, entreprendre une série de réformes (réformes conçues dans les alcôves par les conseillers arrivés de Moscou et appliquées hâtivement par des Afghans nouvellement encartés) : la réforme agraire, l'alphabétisation des hommes et des femmes, l'effacement des dettes des paysans. La plus importante, que la presse occidentale a omis de souligner, qui va faire éclater l'unité nationale afghane et est une des causes de son état actuel, c'était la reconnaissance de toutes des minorités ethniques et de leurs langues. En soi cette réforme est excellente. Mais, politiquement parlant, la reconnaissance ethnique par l'État communiste va libérer les autres ethnies (Tadjiks, Hazaras, Ouzbeks, Turkmènes, etc.) d'un siècle d'oppression de l'État dominé par les Pashtounes Car cette réforme peu réfléchie et mal expliqué aux peuple va provoquer le début de la rupture de l'Etat Nation difficilement mis en place depuis 1880.

C'est la fin du pouvoir central de l'État « pashtoun » et le début de l'anarchie politique et ethnique en Afghanistan.

La brutalité avec laquelle les communistes appliquent ces réformes provoque un peu partout dans les villes comme dans les campagnes un Afghanistan un climat de terreur : les communistes,e. Par tous e partout où ils passent, brutalisent, volent, violent, tuent ou mettent en prisonl'exode arbitrairement. Un peu par tous en attendant que la résistance s'organise au Pakistan et Iran , le peuple pris au piège rêvent d'un chef politique , mais les communistes ont décapité où mis en prisons . .

Nombreux sont les Afghans -hauts fonctionnaires, riches commerçants, propriétaires terriens, jeunes gens qui ne veulent pas être enrôlés pour faire la guerre, d'un côté ou de l'autre- qui, de peur, quittent le pays tous pour sauver leurs peau .Mais l'Afghanistan qui est gouverner durant un siècle par un régimes féodale, mis a part l'ancien roi, n'ont pas de chef politique qui puisse organiser la résistance . son silence désespère.....

. .

C'est ainsi, que faute de chef politique une résistance islamique encadrée par les services secrets pakistanais, arabes et américains, s'organise au Pakistan et en Iran. Au nom de l'Islam, on va créer le Djihad, cette guerre pour la liberté à laquelle chaque citoyen doit participer. en peu de temps septe mouvement de résistance islamique voient le jour dans les frontières Petit à petit, les armes et l'argent entrent en Afghanistan pour que le peuple fasse la guerre tandis que la résistance islamique s'organise aux frontières irano-pakistanaises. En 1979, alors que la situation politique échappe au gouvernement pro-soviétique de Kaboul, l'État communiste devient incapable de gérer seul sa sécurité et les affaires du pays ; l'armée soviétique est dans l'obligation d'intervenir pour maintenir le régime.

Avec l'invasion soviétique par les frontières du nord du pays nous assistons à l'apparitions de deux type de résistance en Afghanistan .

Une résistance populaire et ethnique contre le pouvoir communiste

Une résistance religieuses organiser par des chefs de guerre afghans et soutenu par les agents de renseignement . Tous le long de dix années de guerre contre l'armée RusseLors des guerres des 19e et début du 20e siècle contre les Britanniques, les Pashtounes étaient alors la seule ethnie au pouvoir. Avec l'invasion soviétique, l'ennemi vient du Nord et pour défendre la liberté du pays, ce sont les ethnies qui peuplent le nord du territoire afghan qui vont se trouver en première ligne et en guerre avec le pouvoir central. C'est le début d'un sentiment de libération pour ces ethnies qui vont alors revendiquer une égalité avec l'ethnie pashtoune. Côté résistance, c'est le début d'un changement politique qui passe inaperçu : ce n'est pas la nation afghane qui fait la guerre contre l'armée soviétique mais les différentes tribus. Lors des différentes conférences pour la paix à Genève (avril 1988) et à Bonn2002 (décembre 2001), les différents participants afghans et occidentaux vont oublier les sacrifices et les droits du peuple afghan et se contenter de partager le pouvoir entre les différentes partis de la résistance.

À l'époque, lL'échec de la reconstruction et la difficulté de la communauté internationale pour ramener la paix et la démocratie en Afghanistan peut s'expliquer en grande partie par le fait que la résistance islamique divisée dans les frontières extérieures -Iran et Pakistan- se soucie de ses propres intérêts plutôt que de l'intérêt de la nation - et une résistance ethnique sur l'ensemble du territoire afghan pour la liberté n'était pas la même. Le premier se battait pour se libérer tan dit que le second profiter sans faire la guerre de partager le pouvoir. Ce qui liait ces deux résistances c'était les armes et la culture du pavot mais aucun programme politique pour l'avenir. Avant l'islamisation de la guerre en Afghanistan aucun stratège n'avait pas réaliser que avant le coup d'Etat communiste L'islam dans ce pays n'est pas un programme politique mais une spiritualité qui maintenait la cohésion nationale . Nous sommes alors en pleine guerre froide et la tension entre l'Occident et l'URSS est à son comble.

Pour l'opinion publique, en France, en Allemagne, aux États-Unis, les Afghans sont les victimes des envahisseurs soviétiques. En réalité, les services de renseignements instrumentalisent la résistance afghane pour faire de l'Afghanistan le Vietnam des Soviétiques. Selon leur propre programme politique, les agents de renseignements occidentaux et pakistanais, grâce aux capitaux de l'Arabie Saoudite vont armer et financer la résistance pour la rendre plus performante contre les Soviétiques, tout en manipulant les sept chefs de la résistance pour maintenir les divisions tribales.

En 1989, l'armée soviétique ne peut plus venir à bout de la résistance. D'intenses tractations diplomatiques entre l'Est et l'Ouest se mettent en place pour permettre à l'armée soviétique de se retirer la tête haute. En novembre 89, le dernier soldat quitte le pays mais l'Afghanistan n'a toujours pas de chef politique pour défendre ses intérêts nationaux. À Kaboul, les communistes afghans se battent désespérément pour conserver le pouvoir. Mais les dissensions internes sont telles que le régime se condamne tout seul. À la frontière afghane, les sept partis de la résistance revendiquent le pouvoir pour défendre les privilèges acquis pendant la guerre, sans souci pour la nation. Alors que, petit à petit, la guerre prend fin, le conflit pour le pouvoir fait des ravages en Afghanistan. Les États-Unis, l'Arabie Saoudite et le Pakistan font tout pour manipuler le conflit afghan en faveur de leurs propres intérêts ; en 1990, Kaboul tombe entre les mains de la résistance et les sept factions s'entretuent. On entre dans une phase de guerre civile interethnique. La même année, les roquettes tirées sur Kaboul contraignent à l'exil plus de 500 000 Afghans ; 50 000 Kaboulis sont tués, les bâtiments administratifs sont détruits. Kaboul est anéanti. Pendant tout ce temps, l'ONU et les Occidentaux sont des observateurs passifs. Entre 1992 et 1996, les atrocités commises par les différentes factions de la résistance en Afghanistan sont comparables aux atrocités que les talibans vont commettre de 1996 à 2001. La communauté internationale considère que ce sont là des « problèmes internes » à l'Afghanistan.

C'est pour mettre fin à cette guerre interethnique et assurer l'approvisionnement des marchés en hydrocarbures, et donc construire des pipelines entre le nord et le sud de l'Afghanistan, que les Américains sortent alors de leur chapeau Ben Laden et les talibans.

Les talibans prennent le pouvoir, avec la complicité des Américains et des Pakistanais de 1996 à fin 2001. Durant toute cette période, sous les yeux du monde entier, les talibans vont pratiquer la politique de la terre brûlée et commettre les pires atrocités sur la population dans les trois quarts du pays.

Quand les Américains les chassent après les attentats du 11 septembre au nom de la guerre contre le terrorisme, ils mettent l'homme de leur choix à la tête d'un gouvernement de transition, lors de la conférence de Bonn fin 2001, Hamid Karzai, avec pour mission la reconstruction du pays, la rédaction de la nouvelle constitution et l'organisation des élections présidentielle et législatives. En 2004, Karzai est candidat à sa propre succession. Une fois élu avec l'aval des Occidentaux, il nomme dans son nouveau gouvernement différents chefs de guerre sans qu' aucun diplomate ou conseiller occidental ne s'en émeuve...

Comment croire ou espérer que Karzai qui, au lieu de reconstruire le pays, s'est contenté durant son premier mandat de réhabiliter le régime tribal, puisse du jour au lendemain changer de politique ?

À l' heure actuelle, alors que la guerre contre les talibans a perturbé la tenue normale des élections, il faut comprendre que la totalité du peuple afghan se trouve dans une situation d'otage d'une poignée de chefs de guerre, de chefs religieux, de chefs politiques, et aussi de la communauté internationale avec les États-Unis à sa tête. 100 000 soldats de l'OTAN sont présents mais incapables de mettre hors d'état de nuire 500 opposants au pouvoir.

Les années passent mais les malheurs du peuple afghan se répètent comme il y a trente ans .

La presse occidentale parle chaque jour des problèmes d'insécurité dus aux talibans et, ces jours-ci, du renvoi de jeunes réfugiés afghans dans leur pays.

Ces jeunes réfugiés ne sont que les représentants des millions de déçus de la reconstruction. Personne, dans la communauté internationale, ne va au-devant d'eux ni pour leur expliquer la difficulté de la reconstruction, ni pour leur proposer un avenir.

Alors que trois jeunes Afghans ont été expulsés de France, sait-on que des millions sont actuellement au Pakistan et en Iran et que des milliers d'autres cherchent à fuir l'insécurité non seulement politique mais économique et sociale du pays ?

Sait-on qu'il y a 1 million de blessés de guerre dans ce pays ? Sait-on qu'il y a 1 million et demi de veuves sans ressources qui n'ont d'autre choix pour survivre que d'envoyer leurs enfants dès leur plus jeune âge faire du commerce ou se prostituer ? Ni l'État ni la communauté internationale ne s'en soucient.

S'il n'y avait pas la culture du pavot qui occupe et nourrit un nombre considérable d'Afghans (60% du PNB du pays), ce sont des milliers d'Afghans que M. Besson aurait à renvoyer de France, chaque jour.

Les Afghans qui arrivent en Europe ne sont pas des réfugiés politiques ; ils sont tous des réfugiés du malheur, ils fuient la misère et c'est à cause de la misère que, de désespoir, ils deviennent alliés des talibans.

Alors que l'ONU, faute de sécurité retire 600 de ses fonctionnaires, le peuple afghan est dans un tel désarroi qu'il ne croit plus personne et la réélection de Karzai dans les conditions que nous connaissons les désespère encore plus.

Depuis le retrait de l'armée soviétique, l'ONU et la communauté internationale avec une sorte de mépris, « jouent » en quelque sorte avec l'Afghanistan. Ni les internationaux, ni les responsables politiques afghans ne rendent de comptes au peuple afghan qui ne sait plus à quel saint se vouer...

Pour sa sécurité, ce pays a certes besoin de soldats mais il a surtout besoin, pour sa reconstruction, de politiques qui rendent des comptes et de bâtisseurs.


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