L'association Initiative Solidaire à Lens, dans le Pas de Calais, illustre parfaitement les défis auxquels sont confrontées les associations engagées dans l'insertion socioprofessionnelle en France. Fondée en 2014 par des jeunes issus des quartiers populaires de Sallaumines, l'association s'est donné pour mission de combattre la misère sociale en offrant des opportunités de loisirs, de sport, de mobilité et d'emploi aux jeunes de la commune.
Dès son ouverture, l'association a suscité un vif intérêt et a rassemblé près de 390 jeunes adhérents, avec une augmentation ultérieure à 520 membres. Malgré les difficultés et l'opposition de la municipalité, qui refusait de fournir des locaux ou des créneaux sportifs, les jeunes ont persévéré et développé de nombreux projets autonomes. Parmi ces initiatives, la création d'un garage solidaire pour aider les habitants démunis de l'agglomération de Lens-Liévin à entretenir leurs véhicules à moindre coût.
Cependant, l'association a dû faire face à des problèmes de financement et à des contraintes administratives étouffantes. Les jeunes se sont engagés dans des démarches auprès de financeurs, de collectivités et d'élus, mais ont été confrontés à des réticences quant à leur capacité à mener à bien leur projet. Un manque de coordination et d'engagement des acteurs institutionnels a également entravé leur avancée, aucun organisme financier ne souhaitant s'engager en premier.
De plus, les directives fournies par les organismes intermédiaires pour l'obtention de subventions européennes provenant du Fonds social européen se sont révélées erronées, tandis que les exigences administratives devenaient de plus en plus complexes. En conséquence, l'association a perdu des subventions sur trois années consécutives, représentant une perte de 78 000 euros.
Face à ces difficultés, les jeunes de l'association ont décidé de réagir. Ils ont intenté un procès contre le PLIE, affirmant que les erreurs et les dysfonctionnements ne résultaient pas de leur négligence, mais bien de l'incompétence et du manque de volonté des pouvoirs publics. Parallèlement, ils ont créé un mouvement citoyen regroupant des habitants défavorisés et des structures sociales volontaires pour dénoncer l'urgence sociale sur leur territoire et revendiquer de meilleures conditions d'accompagnement et un accès simplifié aux subventions.
Cette situation met en évidence les nombreux défis auxquels sont confrontées les associations œuvrant dans l'insertion socioprofessionnelle en France. Les contraintes administratives, les jeux politiques et les difficultés de financement entravent leurs actions et limitent leur capacité à répondre efficacement aux besoins des populations les plus précaires.
Il est crucial de repenser le système d'accompagnement et d'insertion socioprofessionnelle en donnant une plus grande place aux acteurs de terrain compétents et en encourageant une réelle collaboration entre les institutions et les associations. Les initiatives citoyennes doivent être soutenues et valorisées, car elles sont celles qui comprennent le mieux les besoins des populations et peuvent apporter des solutions concrètes.
Il est temps de revoir l'approche de l'insertion socioprofessionnelle en levant les contraintes bureaucratiques et en évitant les jeux politiques. Cela nécessite une prise de conscience collective et une mobilisation de tous les acteurs impliqués pour construire une société plus solidaire et inclusive.
Christophe Morel pour l’association Initiative Solidaire
Site du Garage Solidaire : https://gsbm-asso.fr/?fbclid=IwAR0MENUnOl9MYTOFVFCBrRfllccENhUYHct2CDGyfUdxQAVY4BE-kL1VL_0