Un cri de douleur face à l’indicible
Chris Momo confie d'emblée sa difficulté à parler de la Palestine. Ce n’est pas le manque de faits, mais l'excès d’émotion. Hypersensible aux souffrances, il explique avoir différé ce témoignage tant la douleur à évoquer les atrocités est lourde. Ce n’est pas de politique dont il parle, mais de vie humaine, de dignité, d’enfance assassinée.
Il dresse le tableau d’un enfer moderne : enfants massacrés, corps calcinés, famine, hôpitaux sans morphine ni électricité, médecins dépassés, cris étouffés dans l’indifférence globale. Il mentionne des atrocités technologiques, comme ces robots attirant les enfants par des sons familiers avant de les tuer. L’horreur, sans filtre.
Quand l’humanité semble se déliter
Le cœur du discours de Chris est là : comment l’humanité en est-elle arrivée à tolérer cela ? Il déplore l’inaction collective, l’indifférence institutionnelle, la répression des manifestations et la fatigue morale des militants. Ce n’est pas seulement Gaza, dit-il, mais aussi le Yémen, le Congo, l’Afghanistan. Et pourtant, la Palestine concentre aujourd’hui une souffrance d’une intensité rare, dans un huis clos médiatique et géopolitique pesant.
Ce n’est pas la première fois qu’un cri monte depuis les ruines de Gaza, mais le regard de Chris Momo est celui d’un homme brisé, mais debout. Il se bat, sans armes, mais avec les mots. Et ces mots ont du poids.
Une critique radicale des racines religieuses des conflits
L’aspect le plus controversé — mais aussi le plus central — de sa vidéo est sans doute sa remise en question des croyances religieuses abrahamiques. Pour lui, ces dogmes anciens sont à l’origine de divisions meurtrières. Il les qualifie de "barbares", "patriarcaux", irrationnels, alimentant une logique de domination et d’exclusion.
Ce rejet de la religion ne s’attaque pas aux croyants eux-mêmes, mais à l'utilisation des croyances comme outils de guerre, de colonisation, de justification de l’impensable. Chris appelle à une "spiritualité de l’interconnexion", fondée sur la bienveillance, la rationalité et la mise en valeur de la vie.
Un appel à la conscience collective
Au-delà du constat glaçant, la Vidéo Facebook est une invitation à se réveiller. Chris ne croit pas aux gestes symboliques, mais à l’action enracinée dans la conscience. Il croit au pouvoir de la vérité, même douloureuse, pour provoquer un basculement. Ce n’est pas une prière qu’il adresse, mais un appel à l’éveil de l’humanité.
Son message n’est pas neutre. Il est politique, spirituel, éthique. Il est celui d’un homme qui voit dans l’apathie générale une seconde mort infligée aux victimes. Et pourtant, il garde l’espoir que ses paroles deviennent graines de conscience, semées dans un terrain aride.
Le combat continue, dans la dignité
Chris Momo termine sa vidéo dans une douleur nue, mais avec une détermination intacte. Il promet de continuer son engagement pour la justice, de défendre la vie là où elle est menacée. Son témoignage est un miroir tendu à nos silences, à notre confort occidental, à notre humanité en suspens.
Par Habib Latreche – Mediapart, Blog