[La région Ile-de-France a suspendu la subvention des Ateliers Médicis, résidence d’artistes, ouverte en 2018 à Clichy-sous-Bois, en raison d'un festival organisé par l’auteur controversé Mehdi Meklat. En réaction, des habitant·es de Clichy Montfermeil ont écrit ce texte]
La banlieue, il y a ceux qui y vivent et ceux qui en vivent.
Suite aux révoltes de 2005, nous, habitants de Clichy-Montfermeil, sommes déterminés à nous reconstruire.
La culture fait partie de cette reconstruction, et nous étions pleins d'espoir et d'envies lorsque le projet d'installer les Ateliers Médicis en banlieue a vu le jour.
Mais la banlieue, c'est chez nous, pas chez ceux qui, par leur inconséquence et leur entregent, profitent des subventions au détriment des habitants. Pour le dire clairement, nous ne sommes pas Mehdi Meklat, ni ses amis. Nous n'avons grandi ni avec eux, ni comme eux. Nous ne côtoyons pas le monde des lettres, ni les beaux quartiers. Nous n'adhérons ni à leurs chicha ni à leurs pensées, et nous refusons d'être pris en étau entre les élus et les élites.
Les élus qui suivent une polémique lancée par l'extrême droite, et les élites intellectuelles qui sous couvert de s'intéresser à nous reproduisent des schémas de domination et de privilèges, organisent des festivals sans les concernés au nom de l'inclusion et de la diversité. Nous, Jeunesse de Clichy-Montfermeil, n'avons pas envie qu'ils nous rendent l'argent, mais qu'ils nous rendent la banlieue. Les personnes qui vivent des choses ne peuvent les dire, ni les exprimer, des jeunes sont privés de culture et d'ambition. Le bâtiment qui devait accueillir les Ateliers Médicis ne verra peut-être pas le jour.
Nous tenons par ces mots simples et clairs à mettre face à leurs responsabilités les élus, les dirigeants des Ateliers Médicis, et les artistes ayant cautionné ces projets et ces festivals qui nous ont spolié. Sachez que tous, vous êtes responsables. Arrêtez de vous faire duper. Arrêtez de vous déculpabiliser à peu de frais. Artistes, élus, responsables, à vous de prendre vos responsabilités et d'arrêter de parler de nous sans nous.
Rendez-nous la banlieue, rendez-nous les Ateliers Médicis. Nous en avons plus besoin que ceux qui en ont profité à ce jour.
Les habitants de Clichy-Montfermeil