J’ai vu un rêve.
Hind Rajab y tenait la main d’Anne Frank.
Deux fillettes, deux absentes,
jouant sous un ciel sans drones, sans hurlements.
Elles riaient d’un rire que nul canon n’avait encore souillé.
Moi, Gaza, je vous écris.
Depuis les gravats, depuis le seuil de l’oubli.
Pas pour pleurer, pas pour mendier.
Mais pour rappeler que le silence tue,
et que la mémoire trahie n’est plus qu’un luxe pour repus.
J’ai vu, lors des rafles, des mains d’Arabes cacher des enfants juifs.
À Paris, des ouvriers du Maghreb ouvraient leur porte quand d’autres les fermaient.
Et Mohammed V, debout face à Vichy, refusait qu’on touche à “ses” juifs.
Nous n’avons pas oublié. Toi, France, si.
France, qu’as-tu fait de Zola, de Jaurès, de ta Révolution ?
Tu arrêtes les consciences,
tu décores les faussaires.
François Burgat en garde à vue,
Zemmour en prime time.
Même Le Monde, jadis vigie, s’incline.
Tu te tais quand on efface mes enfants.
Mais tu parles haut quand il s’agit de couvrir leurs bourreaux.
Moi, Gaza, je consens au sacrifice.
Mais pas à l’effacement.
Je pardonne, car je suis plus forte que vous.
Mais je n’oublie rien.
Je vis dans chaque regard qui refuse l’abdication.
Je vous laisse une braise.
Qu’elle vous éclaire — ou vous consume.