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Billet de blog 22 juin 2025

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Stop à l’hypocrisie : sans diversité, sans classes populaires, nous ne gagnerons ja

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est des silences qui en disent long. Celui qui entoure, dans les partis de gauche — et d’abord dans le Parti socialiste — l’absence criante de diversité sociale, raciale et de genre, est de ceux-là.

Depuis des années, nous parlons d’émancipation, d’égalité, de représentation. Nous brandissons des mots nobles : inclusion, parité, justice sociale. Mais à bien regarder nos assemblées, nos candidats, nos dirigeant·es, une évidence s’impose : la gauche française ne ressemble pas à la société qu’elle prétend représenter.

Où sont les femmes racisées, les jeunes des quartiers populaires, les personnes trans, les figures issues du monde du travail, les invisibles ? Où sont celles et ceux pour qui la gauche devrait être une promesse de reconnaissance, de pouvoir et de dignité ?

Ils ne sont pas là. Ou si peu. Non par manque de volonté, mais par reproduction sociale. Nous recyclons les mêmes visages. Les mêmes profils. Des apparatchiks blancs, le plus souvent masculins, issus des mêmes milieux, passés par les mêmes cabinets ou permanences. Même la parité, parfois brandie comme un étendard, reste un miroir aux alouettes : on additionne les prénoms, mais on oublie les pouvoirs réels.

Il ne s’agit pas ici de verser dans un discours identitaire ou victimaire. Il s’agit de rappeler que la démocratie n’est pas complète tant que ceux qui en sont les premiers concernés n’ont pas de voix propre. Et aujourd’hui, force est de constater que nous gouvernons sans eux. Que nous décidons à leur place. Que nous prétendons parler pour sans jamais parler avec.

Pendant ce temps, la défiance enfle. Les classes populaires désertent les urnes. Les électeurs issus de l’immigration ne s’identifient plus à une gauche qui les a trop souvent trahis ou oubliés. Les minorités de genre ou de sexualité sont regardées avec méfiance, quand elles ne sont pas purement ignorées.

Ailleurs, les lignes bougent. L’Allemagne, les États-Unis, l’Espagne — autant d’exemples de partis de gauche qui ont intégré des femmes trans, des élus noirs ou arabes, des travailleuses précaires, des exilé·es, des sans-voix. Et nous ? Nous restons figés dans nos certitudes et nos réseaux.

La gauche que nous voulons reconstruire ne peut plus être cette gauche de notables, de congrès verrouillés et de pratiques opaques. Elle doit être à l’image de la société : plurielle, rugueuse, vivante. Cela implique d’ouvrir les portes. Vraiment. De bousculer les habitudes. De se décentrer. Et de comprendre, une bonne fois pour toutes, que sans diversité, sans classes populaires, il n’y a pas de victoire possible.

2027 se profile. Et avec elle, un risque immense de naufrage démocratique. Si la gauche veut parler à nouveau au peuple, elle doit d’abord apprendre à l’écouter. À lui faire place. À lui faire confiance.

Le jour où nous serons au clair là-dessus, nous cesserons de perdre.

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