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Billet de blog 4 mai 2012

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Nicolas Sarkozy, la chance et le handicap

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je sais qu’en ces temps d’élection présidentielle où tous les regards sont braqués sur  dimanche prochain, où le présent a rendez-vous avec l’avenir de tout un peuple, la tentation est grande de moins prêter attention au passé. Mal nous en prendrait ! « Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter », disait le cosmopolite philosophe George Santyana dans l’un de ses fameux aphorismes. Suivons le conseil de cet infatigable voyageur et jetons un coup d’œil dans le rétroviseur, c’est primordial pour qu’il n’y ait pas d’accident.

Le 5 février 2007 déjà, celui qui était alors ministre de l’Intérieur et candidat, dans l’une de ses rares prises de position sur le handicap, avait jugé que l’existence des personnes handicapées avait pour vertu cardinale de rassurer les autres, de leur montrer la chance qu’ils avaient de ne pas être concernés. Belle catharsis…qui se prolonge puisque le 12 avril dernier, le même, à nouveau candidat et donc à nouveau en quête du vote des quelque 12 millions de nos concitoyens en situation de handicap, avec sa coutumière diplomatie, jugeait qu’avoir un handicap, c’était ne pas avoir eu de chance. Et de récidiver il y a trois jours à la radio, quasiment dans les mêmes termes.

N’en jetez plus, la coupe est pleine !

En parlant ainsi du handicap, c’est tout son projet de société que Nicolas Sarkozy nous livre. Une société profondément inégalitaire, où les uns sont bien lotis, les autres exclus, le destin dans son arbitraire suprême en ayant voulu ainsi. Comme si l’être humain se réduisait à tel ou tel de ses attributs, handicap pour l’un, Rolex pour l’autre. Chacun son monde et ses préoccupations, après tout, n’est-ce pas ? Mais lui qui se targue d’être un capitaine dans la tempête ne devrait-il pas trouver dans la lutte avec ces immenses vagues son vrai travail ? N’est-ce pas la tâche de tout responsable politique digne de ce nom d’élargir les cases si la canne ou le fauteuil butent dedans, au lieu de vouloir les y faire rentrer à toute force ?

Croire en la possibilité de tout être humain de se dépasser, voilà la tradition humaniste dans laquelle je m’inscris et que je revendique. Il n’y a pas de déterminisme, de destin obscur, le handicap n’est ni une malchance ni l’œuvre d’un mauvais génie qui se serait penché sur le berceau des personnes handicapées. Rien n’est jamais gravé dans le marbre et dans la chair, Monsieur Sarkozy, et « les handicapés », terme générique que vous vous plaisez à répéter pour les nommer avec une suffisance qui pourrait prêter à sourire si vous n’étiez pas Président dela République, auront à cœur dimanche de tourner la page de ce qui ne fut que miroir aux alouettes. De mettre fin à l’immobilisme fataliste et excluant, et surtout d’écrire, ensemble, citoyens handicapés ou non, une aventure commune. Voilà l’enjeu. Ecoutons l’appel de Gandhi : « vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde » !

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