On s’inquiétait. Après toutes ces années d’attaques contre les musulmans, contre les Roms, contre je ne sais qui d’autre, tant de déclarations sur l’identité nationale, sur le saucisson et autres halal, nous étions convaincus que Nicolas Sarkozy était devenu lépéniste. Qu’il avait définitivement tourné la page de la bougnoulomania électorale et de la Rachida-Académie des premières semaines de son mandat.
Ce d’autant plus qu’en cette année électorale où se joue son sort, et par suite le nôtre, l’apport potentiel de la carte sarrazine semble plus faible que jamais. Sauf révélations du Canard vers 2020 sur une nouvelle filière tenue jusqu’à ce jour secrète, le financement Kadhafi paraît bel et bien tari. Les ressources électorales bougnoules du président, proches de zéro, paraissent condamnées à rester à ce niveau, tant il paraît peu probable que les Français de confession musulmane lui accordent leurs voix, après qu’il a, avec tant de constance, rejeté la leur.
Et pourtant. En quelques jours, le printemps arabe semble avoir gagné, certes avec plus d’un an de retard, les pelouses du palais. Nous voyons le président s’afficher, tout sourire, avec les responsables du culte musulman de France. Remettre, avec une discrète fermeté doublée d’un évident plaisir du fait de son nouveau rôle, le premier ministre à sa place suite à sa sortie sur l’abattage rituel. Le ministre de l’Intérieur, l’homme par qui venaient les coups (peu importe son nom, Hortefeux, Guéant, ou peut-être une Salima demain, puisque les éléments de langage restent les mêmes alors que le titulaire varie), est désormais condamné au silence dans les meetings à grand spectacle. Mieux encore, Nicolas Sarkozy se découvre des affinités avec le Front de Gauche, flatte les qualités de Mélenchon, reprend ses idées.
Nous voilà rassurés. Nous retrouvons le Nicolas Sarkozy à l’ancienne. Celui dont la seule constance est la volonté de s’agripper au pouvoir coûte que coûte. Qui change de convictions plus rapidement que ses courtisans de robes Dior. Qui serait prêt à entrer au PS s’il pouvait par ce biais rester au palais. Aidons-le donc à en sortir.