C'est le drame, selon la tournure qu'affectionnent nos médias, surtout en période électorale. A en croire de confidentielles informations, l'un des piliers de la République serait en passe d'être ébranlé. Ses fondements, sapés. Son identité, bouleversée. Oui, ami lecteur, telle est la sombre vérité : la loi sur le voile et la dissimulation du visage pourrait avoir vécu.
S'agirait-il de quelque nouvel acte terroriste ? D'un travail de fourmi, pardon de termite immigré, au teint basané de surcroît ? D'un complot islamiste déjoué juste à temps, c'est-à-dire avant le vote ? Et ce alors même que tous les meurtriers sont étroitement suivis par nos forces spéciales, les meilleures au monde, comme nous avons pu le constater dernièrement ? Que nenni.
L'attaque vient de la perfide Albion. Celle contre laquelle nos canons, ultime argument de notre roi, sont hélas sans secours. Voici : deux jeunes en quête d'argent ont inventé la publicité ultime. Ils peignent les logos des marques directement sur leur visage. Et engrangent les livres par dizaines de milliers.
Las, qu'opposer à un tel dieu dont le marché est le prophète ? Quelle loi pourrait s'y confronter ? Elle qui arrache les burqas et dévoile les femmes, que peut-elle contre le visage dissimulé sous une publicité ? Il y a quelques décennies déjà, elle qui interdisait les messages religieux sur la tenue de nos écoliers avait dû capituler face aux professions de foi au dieu Coca et son panthéon. Gageons donc qu'une réforme législative permettra bientôt une mise à profit de ces nouveaux supports de communication. En attendant peut-être une plus complète libéralisation après réception de quelques mallettes venues d'Orient.