Peter Steinbrück, désigné pour conduire la liste du SPD aux prochaines élections législatives, est riche, et ne s’en cache pas. Consultant, membre de conseils d’administration, ça paie. Mais consultant auprès de cercles patronaux et de grandes entreprises, ça fait douter, de plus en plus, jusque dans son camp , surtout quand le futur candidat rémunéré (170 000 €) par la société ThyssenKrupp s’exprime, en son conseil d’administration, sur le caractère « négatif » de la hausse du coût de l’énergie lié à la transition énergétique, et aurait de plus, selon le Handelsblatt, couvert une entente illicite sur le prix des rails qui aurait coûté énormément d’argent au contribuable. Une association de contrôle des élus (Die Transparenzorganisation abgeordnetenwatch.de) commence à s’intéresser à son cas.
Comme si cela ne suffisait pas, Peter Steinbrück a défrayé la chronique en déclarant publiquement que le poste de chancelier, auquel il aspire, était « trop mal payé », que le chef du gouvernement allemand gagnait moins qu’un directeur régional de caisse d’épargne. Il a reçu en retour une volée de bois vert à peu près générale : « On ne fait pas cela pour l’argent ! », « C’est une somme [dans les 300 000€ annuels] qui suffit à vivre bourgeoisement ».
Une personnalité et des valeurs de plus en plus difficile à justifier, surtout quand le parti entend faire campagne sur la justice sociale et quand la cote personnelle de Madame Merkel, dont le désintéressement et la simplicité de moeurs sont au dessus de tout soupçon, plafonne toujours très haut, juste derrière celle du nouveau Président de la République, M. Gauck, un pasteur ancien dissident, pas précisément bling bling non plus, qui a remplacé en 2012 son prédécesseur Christian Wulff, acculé à la démission en raison de sa proximité excessive avec les milieux d’affaires. (Rêvez, petits Français …). Son parti n'a pas la même aura.
Madame Merkel pousse l’austérité personnelle jusqu’à mettre plusieurs fois de suite la même tenue lors de ses apparitions publiques. Elle bénéficie d'excellents indicateurs économiques. Fin 2012, le chômage est au plus bas depuis vingt ans, il n'y a jamais eu autant d'emplois dans l'ensemble du pays. Plus que la politique économique, c'est la question des laissés pour compte de la prospérité qui semble pouvoir faire débat. Le thème, donc, de la justice sociale et de la pauvreté.
Les élections régionales en BASSE-Saxe ce mois-ci devrait server d’augure pour les tendances nationales. Sur la dynamique, ou pas de l’opposition socialiste, sur le niveau de déclin du FDP, partenaire historique de la droite majoritaire, et sur l’éventualité d’une coalition vert-droite. Et après tout, entre ce genre de candidat du SPD, de moins en moins crédible, et un gouvernement qui a effectivement engagé la transition énergétique, j’imagine que pour un écologiste, la question se pose vraiment. D’autant que le SPD, au niveau du parti tout entier cette fois, vient de prendre sur la politique énergétiquedes positions qui ne peuvent que contrarier les Verts.