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Billet de blog 7 septembre 2025

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Chers lecteurs, chères lectrices,

Il y a un mois, nous venions de conclure notre publication de juillet sur l’éducation en Palestine, et nous cherchions un sujet similaire pour celle du mois d’août. Nous aurions aimé vous raconter une facette de la culture palestinienne, ou peut-être un aspect de la vie quotidienne qui façonne nos consciences dans les rues invisibilisées de nos villes. Peut-être aurions-nous évoqué les origines mystiques de la Dabkeh, la danse palestinienne, telles que transmises dans les contes de nos grands-mères. Peut-être aurions-nous choisi de vous emmener dans les coins gris des matins silencieux de nos ouvriers, attendant leur tour aux checkpoints pour aller chercher le pain de leurs enfants. Ou encore, nous aurions partagé les récits hérités des temps anciens dans nos campagnes mutilées, sur la capacité mystérieuse de l’olivier à renaître, malgré toutes les tentatives de l’arracher.

Mais la réalité s’est imposée, une fois de plus.

Selon des sources médicales à Gaza, plus de 116 Palestiniens sont déjà morts de faim, dont 90 enfants, et des centaines de milliers vivent dans une malnutrition extrême. Ces enfants n’avaient pas besoin d’une intervention chirurgicale complexe, ni d’un traitement spécialisé rare. Ils avaient besoin de lait. Et ce lait se trouve toujours à dix minutes de là où ils sont morts, et de là où des milliers d’enfants meurent lentement, en ce moment même.

Cette faim absurde, illogique, entièrement artificielle et criminelle se déroule alors que, dans le même monde, on dépense des millions pour ressusciter un animal disparu depuis l’âge glaciaire, ou pour privatiser la ville de Venise à l’occasion des noces d’un couple de milliardaires.

Gaza, reflet de la conscience défigurée d’un monde déshumanisé par le pouvoir et l’argent, est, paradoxalement, par sa tragédie, l’image la plus claire et la plus pure de l’humanité restante dans ce monde. La faim de ses enfants, traitée par les gouvernements occidentaux uniquement comme une question humanitaire — comme si elle était causée par une sécheresse ou un tsunami — devait être au cœur de notre publication ce mois-ci.

Nous avons donc produit cinq textes sur ce sujet :

  1. Dialogues avec une faim silenciée, par Qassam Muaddi. Une chronique fondée sur les témoignages d’un Palestinien de Gaza, décrivant les conditions de la famine actuelle.

  2. Le jeune homme qui cherche le cœur de sa mère, par Ghassan Naddaf. Un conte littéraire situé à la frontière entre réalité et illusion, où un jeune Palestinien lutte contre sa propre faim pour retrouver sa mère — ou ce qu’il reste d’elle.

  3. Plus que des affamés, par Bisan Natil. Une réflexion personnelle venue du cœur de Gaza, explorant l’expérience collective des Palestiniens désormais identifiés par leur faim, mais qui continuent, paradoxalement, à définir une identité plus profonde, consciente et complexe, au sein des conditions de mort quotidienne qu’ils traversent.

  4. L’âme de l’ombre, par Qassam Muaddi. Un conte littéraire suivant le combat d’un Palestinien contre sa perte d’énergie, attendant le moment de courir après un camion de farine, tout en essayant de préserver la mémoire de lui-même et de sa ville détruite. Ne pas se perdre dans l’ombre qu’il est devenu à cause de la malnutrition, et que Gaza est devenue à cause de sa destruction. Cette ombre sans nom représente tous ceux et celles qui ne sont, aux yeux de l’ordre mondial, que des ombres sans noms.

  5. Une chanson naïve sur la Croix-Rouge, par Mahmoud Darwich. Notre traduction d’un poème emblématique du poète palestinien, dans la voix d’un enfant qui interroge son père sur son abandon et son immobilité face à la précarité imposée par la Nakba. Il réclame une voix propre et revendique une identité plus vaste qu’un simple “cas humanitaire” quémandant l’aumône de “la Croix-Rouge”.

Pour le mois de septembre, nous publierons les récits et les expériences des journalistes palestiniens, et leur longue histoire de dévouement et de risques pour rendre la voix de leur peuple audible. Nous explorerons le statut élevé de la plume et de l’image dans la conscience collective palestinienne, conquis par le sacrifice de tant de journalistes, écrivains, artistes et communicateurs.

Hara 36 au festival Palestine En Campagne

Ce mois d’août, nous avons également participé à la sixième édition du festival Palestine en Campagne, organisée du 15 au 17 août à Bobigny. Nous avons eu la chance de présenter une série de lectures sur scène et d’échanger avec les participants.

Nous tenons à remercier les organisateurs du festival pour leur enthousiasme, leur générosité et leur fraternité, ainsi que pour leurs efforts à nous offrir un accueil chaleureux.

L’échange précieux avec les organisateurs et les participants nous a confirmé que vous, les solidaires des voix palestiniennes, êtes notre grande famille.

Nous annoncerons bientôt de nouvelles présentations en direct en France, dans l’attente de vous rencontrer tous et toutes.

Hara 36 – La Palestine Narrée reste fidèle au récit de notre peuple, qui nourrit notre publication, et à vous, nos lecteurs et lectrices.
Nous vous invitons à faire partie de notre mission en invitant vos proches à s’abonner, et à envisager un don.

Nous vous souhaitons une bonne lecture.

L’équipe éditoriale de Hara 36 – La Palestine Narrée
Quartiers de Palestine
Fin août 2025


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