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Billet de blog 16 avril 2016

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Sécurité, vous avez dit sécurité ?

Dans l'indifférence générale, les préfets demandent aux collectivités locales de "sécuriser" les locaux d'enseignement. Très souvent il s'agit de clôturer les sites, d'installer des caméras de vidéosurveillance ou de poster un vigile chargé de contrôler les entrées et sorties. Nous sommes en train de laisser l'administration inculquer la peur dans les esprits de nos enfants. C'est grave !

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Prenant prétexte des récents attentats de Paris et Saint-Denis, la ministre de l'éducation nationale et son collègue de l'intérieur ont publié des circulaires demandant le renforcement des mesures dites "de sécurité" et de vigilance aux abords et dans les établissements scolaires. Florilège de la prose gouvernementale : "une attention particulière doit être portée aux abords de l'établissement, en évitant tout attroupement préjudiciable à la sécurité des élèves" ; "des mesures complémentaires de sécurité et de surveillance doivent être prises en lien avec les collectivités compétentes (vidéo-protection, digicode etc.) pour protéger les espaces particulièrement vulnérables (accès isolés, façades exposées etc.)" ; "afin d’améliorer la culture de sécurité, la formation des personnels de l’Éducation nationale est renforcée". C'est ce dernier point qui est inquiétant : la culture de la sécurité est devenue une priorité. Nos enfant doivent être éduqués à la sécurité. Et vivre ensemble, avec nos diférences, ce n'est plus une priorité éducative ?

Près de chez moi, l'école primaire est protégée par de simples barrières de police et par un ou une animatrice qui dit bonjour aux parents et aux enfants le matin. Qui peut raisonnablement penser que des soldats prêts à mourir seront arrêtés par ces barrières et ces vigiles improvisés ? On ne fait que renforcer chez les parents le sentiment d'insécurité.

Un peu plus loin se trouve un lycée agricole, avec son campus verdoyant, que les habitants fréquentent pour se promener ou simplement accéder au magasin de vente des produits de la ferme du lycée. Dans quelques semaines, ce ne sera plus possible : le préfet a demandé au directeur de l'établissement de clôturer le campus, de fermer tous les accès en dehors des heures d'enseignement. Mais comment surveiller efficacement la dizaine d'hectares et les kilomètres de clôture ? Qui peut croire raisonnablement que des soldats prêts à mourir seront disuadés d'entrer dans le lycée ? Comment accepter que nos lycéen.ne.s, adolescent.e.s encore fragiles, soient soumis à cette folie sécuritaire, inefficace de surcroît ?

L'idéologie sécuritaire est en train de s'installer partout, dans l'indifférence générale. C'est ainsi que les régimes totalitaires naissent, par la peur, rappelons-le.

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