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Billet de blog 6 novembre 2017

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Derrière la paix en Colombie, les assassinats politiques continuent.

La multiplication des actions violentes de la part de groupes paramilitaires d'extreme droite; l'inaction du gouvernement, ainsi que l'assassinat systématique des militants et des défenseurs de droits de l'homme rappellent l’époque la plus sombre du conflit armé colombien.

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La vaste couverture médiatique internationale durant l’année 2016 concernant la signature des accords de paix entre le gouvernement Colombien et les FARC exaltait la fin du conflit armé le plus ancien de l'hémisphère occidental. Néanmoins, depuis janvier de cette même année, on a dénombré l’assassinat de 131 leaders sociaux, assisté au retour de massacres au sein des populations paysannes et à l’assassinat d’une trentaine de membres non armés et démobilisés de l’ancienne guerrilla.

En matière de sécurité, l’Observatoire de suivi de la mise en place des accords de paix (OIAP) a établi à seulement 22,7% la réussite de l’instauration normative du système intégral de sécurité, accordé entre les FARC et le gouvernement lors de la discussion sur la fin du conflit. Cela est alarmant quand on observe que 335 leaders et défenseurs des droits de l’homme (1) ont été menacés de mort entre janvier et juin de cette année. 

Il faut souligner que ces menaces et les assassinats qui en découlent ont comme facteur commun leur caractère ciblé. Selon le dernier rapport de Indepaz (2), entre janvier 2016 et juin 2017, ce sont les leaders sociaux et paysans d’organisations comme « Marcha Patriotica », « Congreso de los Pueblos » et les communautés indigènes qui sont les plus touchés par les menaces et l’assassinat de leurs militants . 

Le 17 octobre dernier, le leader paysan Jair Cortés a été assassiné à Tumaco après avoir dénoncé des menaces de la part de paramilitaires dans le département de Nariño. Jair Cortès faisait partie de la commission de défenseurs des droits de l’homme qui s’était réunie quelques jours auparavant avec le vice-président de la république colombienne pour lui exprimer précisément leurs inquiétudes concernant les graves atteintes aux droits de l’homme dans cette région du pays. 

En ce qui concerne les partis politiques, il est important de signaler que le 12 octobre dernier les représentants nationaux du parti politique « Union Patriotique » ont reçu une menace de la part du groupe paramilitaire « Autodefensas Gaitanistas de Colombia » qui les contraint à ne pas se présenter aux prochaines élections présidentielles sous peine d’être assassinés. 

Il faut rappeler que le parti « Union Patriotique » est de retour dans l’arène politique du pays depuis 2013 seulement, après avoir disparu en 2002 à cause de l’assassinat de plus de 4000 de ses militants et élus des mains de groupes paramilitaires, avec la collaboration d 'agents de l’État Colombien.

Illustration 1
Menace de mort aux membres de la direction du parti Union Patriotique

La violence cible aussi la population civile. On a assisté le 25 octobre dernier au massacre de 3 indigènes de la municipalité de Mesetas dans le département du Méta. il s’agit de Diego Ferney Pilcué et de son épouse Diana Marcela Calvo âgée de 18 ans, ainsi que du cousin de Diana, Róbinson Tobar Calvo âgé de 17 ans.  Ce massacre a eu lieu à proximité de "l’espace territorial de formation et de réincorporation" (ETCR) de Mesetas, l'un des 23 espaces actuels de concentration des anciens combattants des FARC. 

Ces assassinats ont été perpétrés, selon les habitants de Mesetas, pour terroriser les persones susceptibles d’aider les anciens combattants ou de travailler à leur réintégration dans la vie civile. C'était le cas de Róbinson Tobar Calvo, qui travaillait dans l’aménagement du ETCR afin que les FARC puissent déposer leurs armes auprès de l’ONU le 27 juin dernier. 

En ce qui concerne l’assassinat des anciens combattants des FARC, la situation reste également inquiétante. Dans une conférence de presse le 2 octobre dernier, les FARC soulignaient que 25 de leurs membres revenus à la vie civile  avaient été assassinés. Avec les 6 ex-combattants qui ont été assassinés le 16 octobre dernier dans le département de Nariño, on dénombre 31 membres du nouveau parti des FARC assassinés par des acteurs dits « non identifiés ».

L’aboutissement de la mise en place des accords entre le gouvernement et l’ancienne guerrilla, sur le plan juridique et institutionnel, reste primordial pour garantir la stabilité dans le pays. Néanmoins, l'augmentation des actions de groupes paramilitaires depuis la signature des accords rappelle l’époque la plus sombre du conflit armé colombien, où l’assassinat systématique des opposants politiques était la règle et l’intervention de l’État afin de les en empêcher, la triste exception.

Harol Gonzalez Duque
Exilé politique Colombien

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1.Sistema de información sobre agresiones contra defensores y defensoras de derechos humanos en Colombia.  «Somos Defensores » https://somosdefensores.org/images/informe-semestral-enero-junio-2017-SIADDHH.pdf

2. Instituto de Estudios para el Desarrollo y la Paz. http://www.indepaz.org.co/wp-content/uploads/2017/10/RESUMEN-EJECUTIVO-WEB.pdf

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