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Billet de blog 2 octobre 2024

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Chère République...

Une lettre, une simple lettre, adressée à une destinataire : la République Française. En toute modestie, je lui dévoile mes sentiments, mes préoccupations, et mon avis, à son sujet. Je vous la partage. Que les débats soient ouverts, sous les auspices de la démocratie et des droits de l'Homme. Je vous souhaite une bonne lecture, et un excellent voyage au pays de Marianne.

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Ma chère République, très chère République Française,

Je m'adresse à toi, en tant que jeune citoyen. Ayant grandi au sein de ton territoire, j'ai reçu de ta part des enseignements divers, du Français, en passant par l'Histoire-Géographie, les Mathématiques, les Sciences de la Vie et de la Terre, l'éducation civique, l'éducation musicale, la philosophie, la littérature, tant de matières qui furent transmis par tes envoyés, me donnant le plus beau cadeau qu'un être humain puisse avoir : le savoir.

Je m'intéresse à toi, très souvent, en consultant les actualités politiques. Tu es né en 1789, pour pourfendre le despotisme royal, défendre les valeurs humanistes, et aujourd'hui, nous connaissons tous et toutes le triptyque actuel : "Liberté, Égalité, Fraternité". Tu as connu moult changements, tu as été délaissée par les gouvernants pour une monarchie constitutionnelle, pour un Empire, pour un Second Empire, pour un régime dictatorial, et souvent, tu as évolué, aujourd'hui, tu en es à ta cinquième version.

Je m'inquiète pour toi, comme disait Manon Roland, personne pro-révolutionnaire, biberonnée généreusement aux idées des Lumières, mais hélas, victime d'une répression étatique, pour avoir pensé différemment : "Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom !". Aujourd'hui, on pourrait remplacer cette fameuse réplique au mot près, juste en y ajoutant "Ô République !". Mon discours sera effectivement pessimiste, oui, nous avons et nous commettons un tas de crimes au nom de notre République, nous la parjurons, nous proclamons de nobles valeurs en ton nom publiquement, nous te trahissons intérieurement. Ta cause est devenue vaine, nous t'utilisons de manière cosmétique, une pincée de "démocratie représentative", un zeste de "souveraineté", des litres de populisme, un bon kilogramme de mépris envers la différence, et quelques grammes de discours sécuritaire, bien que la sécurité soit un des éléments qui soit essentiel, pour la préservation d'un état.

Je pense à toi, à ce que tu as laissé comme héritage, comme la loi Waldeck-Rousseau, la loi Ferry, la loi sur la liberté de la presse (celle du 29 juillet 1881), la loi sur la séparation entre l'Église et l'État (celle du 9 décembre 1905), l'ordonnance sur le droit de vote des femmes (le 21-22 avril 1944), la loi autorisant l'interruption volontaire de grossesse, dite loi "Veil", datant du 17 janvier 1975, rendant ainsi, indirectement, hommage à Marie-Louise Giraud, condamnée à mort par le Régime de Vichy, coupable d'avoir exercé un droit humain. Tu as pu préserver l'École de la République, d'influences extérieures, avec la loi du 15 mars 2004. Tu as ainsi exaucé le souhait d'un de nos ministres de l'éducation nationale, le martyr Jean Zay, grand défenseur de la liberté de savoir, et des connaissances. La loi sur le Mariage pour Tous, a participé à ce désir d'humanité, voulu par la communauté LGBT, tant malmenée par nos pairs, au nom de la "normalité humaine et biologique". Tant de lois, que je ne pourrais pas toutes les citer ici.

Aujourd'hui, parmi les sujets qui sont restés non résolus, figurent celle du contexte religieux français, où tu pourrais faire quelques efforts supplémentaires, enfin lire le rapport écrit par Régis Debray, tu pourrais, par exemple, organiser des cours de religion, non-confessionnel. Où tu ferais triompher les valeurs auxquelles tu invites, où le partage et la coexistence auraient leurs mots à dire, où tu lutterais efficacement contre le phénomène séparatiste, où tu réussirais à te faire aimer à nouveau, car tu le mérites. Tu réussirais ainsi, à renouer ce dialogue perdu avec les citoyens.

Tu pourrais peut-être jeter un coup d'œil à ton système démocratique, également ? T'aimer ne veut pas dire t'adorer. Le meilleur amour qu'on puisse t'apporter, c'est bien la contribution. Pourquoi ne pas repenser notre moyen d'élection ? Pour faire en sorte que les assemblées existantes soient plus représentatives ? Je ne veux pas tomber dans la naïveté ou l'utopie, mais la République est  l'homme d'affaires, tout comme elle est l'agriculteur, le simple ouvrier, comme le puissant entrepreneur, elle est le professeur, comme son élève, elle est l'homme ou la femme de ménage, tout comme elle est le directeur des ressources humaines. Elle est tout, et rien à la fois. La République, c'est toi, c'est moi, c'est ils, c'est elles, c'est eux, c'est nous, c'est vous, c'est un, c'est plusieurs, c'est tous, c'est tout. 

Ma chère République, ne tombons toutefois pas dans le désespoir : tu es toujours sortie victorieuse, tu as été repensée, améliorée, et ce, dans le but de l'intérêt général. Puisse la critique et les opinions diverses rester ta boussole politique, la recherche du bonheur de chacun, ton objectif, la coexistence et le partage, tes critères d'action, la corruption et la perversion, tes ennemis déclarés, la connaissance et la raison, tes amis gratifiés, la liberté, sanctifiée, l'égalité, normalisée, et la fraternité, revivifiée. 

Chers et chères lecteur.e.s, notre voyage s'arrête ici, temporairement, je l'espère. Je ne suis qu'un homme lambda, mon texte n'a pas la prétention d'être un pamphlet politique, ou un réquisitoire contre mes adversaires politiques, mais simplement un instant d'intellect, dans tous ces brouhahas sans sens, un moment de répit, face à tous ces questionnements, dont certaines réponses, peuvent nous emmener, hélas, au mortifère, et un moment de sérénité, pour que chacun puisse s'imaginer ce qu'il ou elle pourrait faire, pour faire triompher notre régime "maison", car seul, il ira plus vite, mais en l'accompagnant, il ira plus loin.

Puisse la République retrouver ses belles ailes, nous accueillir au sein de sa coupole, quels que soient nos orientations politiques, ou religieuses, que le Bon Dieu bénisse la France, pour les croyants, que le malheur ne nous tombe point dessus, pour les agnostiques, et que la vie soit pérenne, pour les athées.

Salutations distinguées. Chère République, puisse cette lettre te parvenir, et puisses-tu continuer à briller par tes phares humanistes, et fraternels.

Un jeune homme de 20 ans.

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