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Billet de blog 11 juillet 2018

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Allergiques jusqu’au bout des ongles

À Bezons, il y a comme un parfum de Clochemerle, avec le Beaujolais en moins. Entre alliances contre nature et accord de connivence, le peuple en perd son latin.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Déciment, l’inauguration, même symbolique, de l’allée de la Nakba continue de faire couler de l’encre.

Dans le dernier numéro du magazine Bezons infos (n° 395 de juillet-août 2018), le groupe des élus et indépendants membres de la majorité municipale (c’est ainsi qu’ils se présentent) déplorent, dans une petite phrase (page 26), la décision du maire, Dominique Lesparre, d’avoir pris cette décision sans concertation.

Dans la forme, il n’y aurait rien à redire, excepté que le fond (celui de leur pensée) transparait dans la phrase suivante :

« Reste plus qu’à nommer les autres : "rue de la Shoah", "place de la St-Barthélémy" ou "rue Chamdo", et le Cœur-de-ville "Quartier de la Discorde" … Rassemblons au lieu de diviser ! [en gras dans le texte]»

Hormis quelques références douteuses à des avènements aussi dramatiques que coloniaux et qui se veulent ironiques, on y décèle d’autres allusions plus tendancieuses.

Car c’est moins le manque de concertation que le fait d’exprimer une solidarité avec le peuple palestinien qui les gêne.

De quelle discorde parlent-ils ?

Peut-être imaginent-ils la ville de Bezons coupée en deux par une ligne de démarcation avec d’un côté les partisans d’une Palestine israélienne comme jadis il y avait les partisans d’une Algérie française ; et de l’autre les anticolonialistes comme jadis il y avait le camp de la paix et de l’indépendance algérienne ?

Choisiraient-ils le risque d’importer une guerre coloniale qui se déroule en Palestine qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.

Mais qui est-il au juste ce groupe d’indépendants, anaphylactique à la défense de la cause palestinienne ?

La floraison d’été les aurait-elle rendus allergiques jusqu’au bout des ongles, ou plutôt jusqu’au bout de leurs… CRIF ?

Pourtant, on apprend, sur le site de la mairie de Bezons, qu’ils font partie de la majorité municipale.

Si la Palestine les oppose tant à la décision du maire, dont ils sont les adjoints, que devraient-ils penser de la lutte des cheminots, des zadistes, des lycéens, des infirmières,… ?

À quelle majorité politique, philosophique, voire morale, appartiennent-ils en réalité ?

Par ailleurs, que pensent-ils de l’éviction de deux conseillers municipaux, sur décision du maire, au dernier conseil municipal ?

Des conseillers qui de surcroît sont des militants communistes de base, opposés à priori au clan des anti-Palestiniens et de ses idées conservatrices.

Puisque ce groupe, à priori allogène et lié peut-être par des intérêts opportunistes ponctuels, n’a pas hésité à dénoncer la pause commémorant la Nakba, qu’a-t-il bien pu voter le soir du retrait des mandats aux deux élus ouvriers ?

Des représentants qui, par ailleurs, appartiennent au même parti que celui du premier magistrat de la ville.

Les fidèles adjoints au maire auraient-ils l’opposition sélective ?

Il y a de fortes présomptions qu’ils aient voté à l’encontre des deux infortunés conseillers municipaux, dès lors qu’il s’agit de militants communistes, une espèce bien souvent stigmatisée par les médias mainstream, comme le sont, de façon plus récurrente, les musulmans, les Maghrébins, les Noirs, les Roms et, lorsqu'ils se battent, les cheminots, les lycéens ou les zadistes.

Bref ; à quel véritable bord politique appartiennent ces indépendants qui gravitent autour d’un maire qui se dit communiste ?

On peut, à juste titre, se poser la question tant les voies des petits arrangements politiciens sont bien souvent impénétrables au commun des mortels ; et en dernier ressort au peuple et ses représentants les plus sincères… ceux qu’on dépouille de leurs mandats.

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