En avant-propos, quelques fonctions et dispositifs clés de l’administration de l’Algérie coloniale
La mission du Cadi
Juriste musulman, le Cadi est un référent en matière de droit musulman. Consulté dans les affaires courantes, telles que les mariages, les divorces, les affaires notariales…, son rôle essentiel consiste à gérer la vie sociale des autochtones, à coups de jurisprudence musulmane, mais dans le strict cadre de la réglementation imposé par le régime républicain français.
Chaque ville moyenne compte un cadi installé dans les locaux municipaux,officiant sous la responsabilité directe des autorités françaises et du maire.Le maire de la ville, quant à lui, s’occupe exclusivement de ses administrés de nationalitéfrançaise. Dans la hiérarchie coloniale, un autre personnage musulman joue un rôle de tout premier plan, se plaçant au-dessus du Cadi, il s’agit du « Caïd ».
La fonction du Caïd en Algérie et le personnel indigène de la SAS.
Le maillage politique de l’Algérie coloniale verrouille une gestion administrative ségrégationniste, conférant des droits différents aux autochtones et aux Français, ou encore les colons. En effet, les Français dépendent exclusivement de l’administration française, alors que les autochtones sont administrés par les Caïds, Cadi et autres Moqadem…
Remontant à l’empire Ottoman, l’existence des Caïds est ancienne en Algérie.
Appartenant pour la plupart à une élite sociale, soit issus des rangs des notables, soit des religieux, lettrés et ayant effectué le Hadj (Pèlerin ayant effectué le pèlerinage de la Mecque), les Caïds ont vocation à être des relais incontournables entre les autorités coloniales et les indigènes, habilités à rendre des arbitrages dans des décisions relatives au fonctionnement d’un village, sans être soumis à la validation du maire.
Jouissant d’un pouvoir influent, informateurs privilégiés des autorités coloniales, ils interviennent principalement dans le relevé des impôts, ainsi que dans la gestion des villes en collaboration avec le maire et les préfets. Rétribués par le gouvernement français, touchant des subsides secondaires, l’ambiguïté de leur statut « bâtard » les confine aux limites du politique et du militaire.
Les ragots vont bon train sur ces intermédiaires de poids de l’administration coloniale française en Algérie, certaines mauvaises langues allant jusqu’à dire que l’administration française envoyait en pèlerinage leurs Caïds, afin de les faire bénéficier d’une plus grande
respectabilité.
C’est à la S.A.S (Section d’Administration Spécialisée), anciennement « Bureau Arabe », que l’information est confiée dans les années 1950. Elle intégrera en son sein des auxiliaires indigènes, dont de jeunes militaires autochtones, les « Appelés », qui rejoindront plus tard la population locale, constituant le vivier des immigrés algériens.
Les Moghaznis, militaires engagés « M’Gajie », ainsi que des civils appelés « Cartes Blanches », en raison de la carte blanche qu’ils portaient pour attester de leur rôle d’informateurs, viennent compléter ce dispositif administratif.