Bouleversé et choqué par l’attentat perpétré ce matin contre Charlie Hebdo, j’ai redécouvert, à mon grand regret, cet état de sidération que j’avais vécu lors des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Incompréhension devant cette folie de quelques individus, qui en plus de leur forfait inhumain, se permettent d’instrumentaliser une religion pour laquelle j’ai toujours eu un immense respect. La transcendance et la spiritualité de l’islam sont des réalités, et il m’a été offert d’assister à des moments d’une grande intensité et de côtoyer, notamment sur les terres africaines, le vrai visage d’un islam humaniste et ouvert aux autres.
Entendre ces lâches vociférer « Allah Akbar » après avoir massacré autant de personnes au siège de Charlie Hebdo n’en est plus que rageant.
Cet état de sidération m’a donc gagné aujourd’hui, et m’a interdit d’entreprendre certaines tâches ordinaires, notamment par rapport à mon travail, car tout simplement incapable de mobiliser mon esprit normalement. Il a été dit que tout un chacun sait exactement où il se trouvait et ce qu’il faisait lorsque les attentats du 11 septembre 2001 sont survenus. Il est sûr et certain qu’il en sera de même pour le 7 janvier 2015.
J’étais donc dans la salle d’attente de la kinésithérapeute, qui chaque semaine reçoit Margot pour sa rééducation. Je me trouvais avec Martin, qui bouquinait sereinement un Mickey. Margot était déjà avec la kiné. Et mon portable a vibré. Je regarde et je découvre tout un ensemble de messages que je n’ai pas réussi à bien comprendre dans les premiers instants. Puis comme un voile qui se soulève doucement, les morceaux du puzzle se complètement machinalement pour faire découvrir soudainement toute l’étendue de l’effroi, de l’horreur et de l’abomination.
Une réunion de travail prévu depuis l’avant-veille me conduit ensuite à Lyon. Il est clair que je vais enchaîner par ma présence parmi tous les républicains pour faire partie de tous les Charlie sur la place des Terreaux.
Ayant laissé mon véhicule dans le 7ème arrondissement, je rejoins la place des Terreaux par le métro. Dès la sortie du métro, à l’arrière de la mairie, un silence assourdissant, alors que la rue Puits-Gaillot grouille de monde. La place des Terreaux n’est pas loin, mais il est très difficile d’approcher. C’est complètement bouché, c’est absolument bondé. Et là, une certaine magie fut palpable. Cette magie d’une communion de personnes, rassemblés autour de valeurs fondamentales, rassemblés pour dire par le nombre, par les milliers de chaussures qui foulent l’asphalte de cette place, que la République ne cèdera pas.
Et je regarde les gens autour de moi. Les uns brandissent des stylos ou des crayons, d’autres ont des pancartes, avec notamment le slogan « Je suis Charlie ». Jeunes, plus âgés, tout le monde est réuni. Juste à côté de moi, deux jeunes, qui scandent « La Mecque, je suis Charlie ». Puis les applaudissements qui arrivent comme une vague, qui s'approchent et qui sont doublés par des slogans qui donnent la chair de poule "Charlie, Charlie, Charlie..." ou encore "Liberté !" Et là, je me suis dit, c’est fabuleux, l’antidote existe, le vaccin contre cette folie meurtrière de l’intégrisme est parmi nous, la communauté nationale possède les ressorts pour réagir.
Les gens qui sont là sont beaux. Car ils ont le visage de la dignité. Cette dignité qui est finalement plus forte que tout. La République ne cèdera pas.
الخنزيرية تشارلي