Je viens de lire un billet de blog signé Pascale Fedinger qui a provoqué en moi des réactions très contradictoires. Prose un brin Célinienne donc à rebrousse-poil développant hâtivement la stratégie de l'empathie pour manipuler les foules et les détourner de l'essentiel. Ceci posé (qui n'est pas d'une grande nouveauté), on doit être capable de lire un tel texte sans en venir aux mots déplacés. Pourtant que d'insultes échangées! Vainement.
Il m'est douloureux, pour définir l'hystérie qui s'empare de nous tous devant l'avalanche médiatique engendrée par le phénomène "info en continue", que l'on utilise et dénonce l'exploitation de l'histoire de Léonarda comme "cadavre à dépecer". Il m'est aussi difficile de résister à la tentation de l'invective contre cette outrecuidance. Je suis enseignante et en tant que telle, je ne supporterai jamais que l'on vienne chercher au cours d'une sortie éducative, ou encore en plein cours comme c'est arrivé antérieurement, un élève sous prétexte que sa famille est en situation irrégulière sur notre territoire. Je ne pourrai jamais réagir autrement qu'émotionnellement à ce genre de démonstration d'autorité. Pourquoi? parce que l'école doit être un lieu de partage et de protection envers en contre tous. Quelle parole pouvons-nous porter si les enfants qui sont sous notre responsabilité (ce n'est pas une façon de parler mais un point de droit) ne peuvent pas avoir confiance en nous? Il y avait un sujet qui ne souffrait pas à mes yeux partisans d'être ainsi maltraité. A moins que l'on puisse s'imaginer dans la peau de Leonarda en d'autres temps, d'autres lieux et accepter d'être considéré soi-même comme le fait anecdotique du cadavre à dépecer.
L'arrêté de reconduite à la frontière n'est pas un "outil" employé de façon accidentelle. Il y a une volonté de faire vite sans espoir de retour. Le fait méritait d'être largement développé parce que nous touchons à l'humain c'est-à-dire à l'essentiel.
Il me semble que si l'on doit ne rien s'interdire pour permettre au débat d'avancer sainement, on doit s'autoriser quelquefois à réfléchir avant d'écrire. Le prix du bon mot à cette occasion est exorbitant puisqu'après une joute verbale stérile, le débat est clos par son initiatrice, l'objet de la réflexion est détourné et nos essentielles valeurs malmenées. Chapeau bas!