Quel que soit le résultat du référendum grec (et bien sûr je souhaite la victoire du non) lundi nous entrons dans le 21° siècle. C'est cet événement qui donnera au 21° siècle sa couleur comme l'été 1914 a donné la sienne au 20°siècle. Je rappelle que 14-18 et 39-45 sont justement nommées guerres mondiales même si leur origine dans les deux cas est en Europe.
Soit la troïka (appelée aussi les créanciers, l'oligarchie, la caste, le capitalisme mondial...) gagne et le monde entier comprend immédiatement que le capitalisme n'a plus besoin de la démocratie pour fonctionner. Au contraire, elle est considérée par lui comme un frein.
Les signes avant-coureurs de ce délitement de la démocratie pour moi, ont été le trucage des élections par Bush junior (2000), les mensonges de Tony Blair lors de la guerre d'Irak et sa mainmise sur la BBC (2002), le bafouement de l'ONU par Bush toujours, lors du déclenchement de la guerre en Irak (2003),la transformation de la Chine en première puissance capitaliste, les droits de l'homme à géographie variable (vive l'Arabie saoudite et ses décapitations publiques), l'acceptation des crimes des gouvernants israëliens (Gaza 2014). Qui gêne ce développement agressif du capitalisme international ? L' Europe bien sûr et son attachement à des valeurs considérées comme non-rentables, donc désuètes : la philosophie, la rationalité, les droits de l'homme, l'art de vivre, l'amour du prochain, l'internationalisme, l'universalisme, l'amour du paysage, la justice, la solidarité ...
Bref, si le peuple grec accepte les injonctions de la troïka aussi appelée (voir plus haut), la défaite des moyens de lutte démocratiques sera patente et la catastrophe écologique va s'accélérer puisqu'il n'y aura plus d'obstacles efficaces ( d'où Tafta et le gaz de schiste par exemple). Dans ce cas, il faut s'attendre à d'autres Rémi Fraisse, hélas.
De plus en Europe, l'efficacité de régimes forts deviendrait évidente. Pourquoi employer les méthodes de lutte démocratiques quand elles sont inopérantes diront les partis de droite dure appelés aussi populistes, extrême droite etc.(d'où la loi sur le renseignement, loi liberticide mais rentable)
Soit le Non l'emporte et nous gardons encore les valeurs de liberté, égalité, fraternité qui depuis le 18° siècle allaient de pair avec la civilisation européenne et le capitalisme du 19° et 20°siècles mais il faudra les découpler de l'économie capitaliste actuelle qui n'en veut plus. Il faudra opérer un révolution économique à caractère écologique : relocalisation, transition énergétique, décroissance, partage des richesses, horizontalité, refus de la corruption etc. Un gros boulot mais à la clé, la survie de l'espèce humaine et anthropologiquement la survie d'une humanité avec des valeurs autres que celles du marché et de la consommation.
Il faudra aider la Grèce autrement que par des mots, anticiper en France le changement politique, jeter les bases d'une économie solidaire, dès lundi contraindre Hollande à appliquer son programme (Fessenheim par exemple), se préparer à une lutte sans merci qu'on ne peut pas laisser les Grecs mener seuls. Il en va de notre survie mais c'est enthousiasmant.