Les ministres des Finances de la zone euro, réunis à Francfort au sein de l’Eurogroupe, ont rejeté, le 2 juin, la proposition française de « suspendre la fiscalité pour sa part TVA sur le prix du pétrole » (Sarkozy, interview à RTL, le 27 mai 2008). A la place, Jean-Claude Juncker, Président de l'Eurogroupe, a proposé de réfléchir à des mesures ciblées et temporaires. Autrement dit, des subventions à telle ou telle partie de la population particulièrement touchée par la hausse du prix du pétrole. Financement par l’impôt ou par des subventions ? De l’Europe ou du Président français, quel est le discours qui tient le mieux la route, d’un point de vue économique ? La TVA n'est pas payée par les entreprises. L’impôt pèse uniquement sur les consommateurs. La mesure Sarkozy n’avantage donc que les particuliers. Elle ne répond pas, par exemple, au mécontentement des professions de la route. A contrario, des subventions ciblées, ponctuelles et compatibles avec le droit de la concurrence européen (par exemple, favorisant la modernisation d’un secteur en crise, ou son développement plus écologique) peuvent permettre d’aider des entreprises. Par ailleurs, un gel de la TVA favoriserait tous les consommateurs. Un effet d’aubaine donc, pour ceux qui, riches et bien portant, doux propriétaires de 4x4 rutilants, bouclent sans difficulté leurs fin de mois malgré la hausse du prix du carburant. Avec un même budget (environ 600 millions d’euros par an, selon les déclarations de Nicolas Sarkozy), les subventions peuvent aider, de façon plus ciblée et plus efficace, les plus démunis. Enfin, la baisse de la TVA sur le pétrole (donc du prix de l'essence à la pompe) envoie un signal sur les prix qui incite à consommer plus d’essence. Donc à polluer plus. Tandis que la subvention, qui n’a pas d’effet direct sur les prix, peut être utilisée pour investir dans un véhicule moins polluant, utiliser plus fréquemment les transports en communs, etc.
Bref, on discerne mal les bonnes raisons pour geler la TVA sur les prix de l’essence. Sans parler de l’effet sur le déficit français, déjà épinglé par Bruxelles.