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Billet de blog 8 mai 2008

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L’euro, 10 ans, cherche meilleure gouvernance économique

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au début de mai 1998, les cigognes bruxelloises déposaient dans 10 pays d’Europe un bébé dont les chances de survies laissaient dubitatifs beaucoup d’économistes. Mais 10 ans plus tard, l’euro est devenu une monnaie de référence au niveau mondial. Pour poursuivre sa croissance dans de bonnes conditions, d’après le think tank Bruegel (www.bruegel.org) – qui a publié un rapport dont s’est inspiré la Commission pour proposer, le 7 mai, une évolution de la gouvernance économique dans la zone euro – la monnaie unique aurait notamment besoin de s’appuyer sur un système de coordination économique plus sophistiqué que l’actuel Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC).

« Mention bien » pour l’euro

Malgré les insuffisances de la zone euro, le bilan de la monnaie unique serait positif. Comme le rappelle Jean Pisani-Ferry, Directeur de Bruegel, celle-ci a apporté des bénéfices tangibles au quotidien : « les gens peuvent se déplacer d’un pays à l’autre sans changer leur monnaie ; les entreprise ont été débarrassée d’un fardeau administratif – gérer des comptabilités dans différentes monnaies, se protéger contre les risques de change – ce qui a accru les échanges commerciaux d'environ 10% ; l’euro a permis à l’Europe de résister sans tensions internes sur les changes aux chocs économiques comme l’actuelle crise financière. Enfin, la monnaie unique est devenue une référence internationale. »

Reste que la zone euro n’est pas encore dans une situation optimale pour que les effets positifs de la monnaie unique se fassent sentir à plein. En effet, d’un côté la politique monétaire, gérée par la Banque Centrale européenne, est la même pour tous les pays membres de la zone euro. Mais d’un autre côté, chacun de ces pays mène des politiques économiques différentes, et est soumis à des chocs économiques dont l’intensité varie fortement en fonction de ses habitudes de consommation, de sa structure industrielle, des réformes structurelles déjà engagée, etc. D’où la nécessité d’une meilleure gouvernance que l’actuel PSC, car celui-ci se focalise seulement sur les finances publiques, et non sur les autres facteurs de la croissance économique.

Le Pacte de Stabilité et de Croissance : une nécessité qui ne suffit plus

Rappelons que le PSC a pour objectif d’éviter que la situation budgétaire d’un ou plusieurs Etat(s) membre(s) de la zone euro ne menace(nt) la stabilité de la monnaie. Autrement dit, le PSC vise à proscrire du paysage économique européen l’enchaînement « déficit des finances publiques > création de monnaie > inflation ». De fait, un tel enchaînement dans un pays contraindrait la BCE à hausser ses taux directeurs, pour limiter l’inflation. Mais cette hausse du prix de l’argent pénaliserait à sont tour la croissance de l’ensemble des pays de la zone euro, alors même que seul un Etat serait en déficit.

Reste que le pacte de stabilité se concentre sur le déficit budgétaire. Alors que ce dernier ne constitue pas l’unique menace pour la stabilité monétaire. Des bulles immobilières ou une chute de la compétitivité, par exemple, produisent in fine des effets inflationnistes semblables, et peuvent menacer, eux aussi, la stabilité économique de la zone euro. Actuellement, la Commission n’a pas d’arme pour contrer ces menaces dont la résolution appartient en premier chef aux hommes politiques des Etats membres. La Commission pourrait tirer des sonnettes d’alarmes variées

D’où la proposition du think tank Bruegel (www.bruegel.org), de développer un système « d’avertissements préventifs » qui, sur des thèmes non budgétaires, permettrait de pointer du doigt un Etat qui menace la stabilité macroéconomique de la zone euro. « L’Eurogroupe exercerait ainsi une pression politique forte, pour inciter l’Etat membre à remédier à ses déséquilibres internes. Le traité de Lisbonne permet de tels avertissements. Cette réforme pourra donc se faire à droit constant, après que ce traité est ratifié », explique Jean Pisani-Ferry.

Une proposition reprise par la Commission européenne qui, dans une communication publiée le 7 mai 2008, affirme « il y a lieu d’approfondir la surveillance économique (…) tout en corrigeant les divergences observées sur le plan de la croissance, de l’inflation et de la compétitivité. »

La Commission s’est engagée à présenter dans le prochains mois des propositions concrètes. Y aura-t-il bientôt des indicateurs de croissance, d’inflation et de compétitivité qui, à l’instar des fameux 3% de déficit public et 60% de dette, déclenchera une sonnette d’alarme à Bruxelles, lorsqu’un pays sera en mauvaise santé économique ?

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