L'Union européenne doit présenter un front uni à Pékin, pour mettre sous pression le gouvernement chinois et l'inciter à respecter les droits de l'homme. Telle est la position du Parlement européen qui a voté, le 10 avril, une résolution invitant les Etats membres et la Commission à se mettre d'accord sur une éventuelle participation des chefs d'Etats et de gouvernement à la cérémonie d'ouverture des JO. Le texte a été adopté à une écrasante majorité (580 voix pour / 24 contre).

Pour Marco Cappato, l'un des députés européens à l'origine de cette initiative, "l'Europe ne peut pas rester les bras croisés face à ce qui se passe au Tibet et aux violations des droits de l'homme en Chine. Nous devons montrer notre désaccord. Mais d'une façon politique, qui ne touche que le gouvernement chinois, non la population." D'où l'idée d'adopter cette résolution, qui ne prévoit pas de sanction commerciale ou économique. De surcroît, pour obtenir un soutien maximum, le texte a été édulcoré lors de sa préparation dans la machinerie parlementaire européenne. En commission, les députés ont par exemple supprimé la proposition d'un parrainage, par l'UE, d'une table ronde entre le Dalaï Lama et les autorités chinoises.
Du côté des Etats membres, l'heure est à la cacophonie et à l'attentisme. Angela Merkel et Gordon Brown ont décidé de ne pas assister à la cérémonie d'ouverture des JO. La République tchèque, la Slovaquie et l'Estonie les soutiennent, tandis que le Luxembourg s'oppose au boycott. Quant à la France, Nicolas Sarkozy décidera de participer à la cérémonie d'ouverture "en fonction de la reprise du dialogue entre la Chine et le Dalaï Lama". Une position qui lui laisse le temps d'hésiter jusqu'au dernier moment. Enfin, la Belgique s'est prononcée en faveur d'une position européenne. Pour ajouter à la confusion, le 8 avril, Javier Solana, le chef de la diplomatie européenne, s'est opposé au boycott de la cérémonie d'ouverture des JO.
Prochain épisode le 28 avril, date à laquelle les Ministres des Affaires étrangères de l'UE se réuniront, et parviendront peut-être à dégager un consensus. Reste que dans les couloirs du Quai d'Orsay, une position européenne paraît irréaliste.