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Billet de blog 13 juillet 2008

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Helmut Kuhne: "L'urgence d'une défense commune européenne"

14 juillet 2025. Les armées européennes et françaises défilent sur les Champs Elysées. Fiction fantaisiste… un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout? Helmut Kuhne, député socialiste au Parlement européen, spécialiste de la défense européenne, pose son diagnostic. Décryptage des ambitions – et des limites – de cette politique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

14 juillet 2025. Les armées européennes et françaises défilent sur les Champs Elysées. Fiction fantaisiste… un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout? Helmut Kuhne, député socialiste au Parlement européen, spécialiste de la défense européenne, pose son diagnostic. Décryptage des ambitions – et des limites – de cette politique.

Quelles sont les principales faiblesses de la politique européenne de défense?

Je voudrais d’abord souligner que nous avons fait de grands progrès. La politique de défense européenne n’existe que depuis une quinzaine d’années. Mais son rythme s’est fortement accéléré. Il ya eu, par exemple, bien plus de progrès dans le domaine de la défense qu’en matière économique.

Cela dit, plusieurs faiblesses demeurent. Nous agissons trop souvent sur une base nationale, sans coopérer. Du coup, on gaspille l’argent du contribuable. Par exemple, l’Europeutilise 24 types d’hélicoptères et 23 modèles de véhicules armés. Une coopération entre Etats membres aurait permis, au contraire, d’investir ensemble dans des projets de plus grande ampleur. Autrement dit, de créer des modèles européens plus performants, à moindre frais.

La cause de cette mauvaise collaboration est difficile à surmonter. Rappelons que chaque Etat a sa propre philosophie de défense. L’armée allemande, par exemple, n’a pas été suffisamment modernisée : l’armée de terre en reste une composante essentielle, et les troupes ont été formées pour contrer une attaque venue de l’est. Tandis que la France et le Royaume-Uni sont désormais capables de se projeter rapidement dans un pays lointain en situation de crise.

La question est donc de savoir si on est capable de définir des tâches communes, basées sur une philosophie commune. Et d’avoir des forces armées communes, adaptées, pour mener à bien ces missions.

Dans cette perspective, quel doit être rôle de l’agence européenne de défense?

Cela pourrait être de définir une philosophie de coordination et les besoins militaires associés. Mais aujourd’hui, l’agence est trop faible pour assurer ces missions. Car elle est une organisation intergouvernementale. Et chaque ministre de la défense, jaloux de son pied carré, n’aime guère recevoir des conseils sur les meilleures façons de coopérer. Il devient pourtant urgent de collaborer sur l’achat d’armement. Car à l’échelle d’un Etat, les budgets sont trop modestes.

La France souhaite redevenir un membre à part entière de l’OTAN. Est-ce une bonne chose pour la politique européenne de défense?

Oui. Car jusqu’à présent, les eurosceptiques vilipendaient la politique européenne de défense. Ils la qualifiaient de cheval de Troie français, dont le but serait de découpler la défense européenne de l’OTAN. Dès que la France intègre le commandement militaire de l’OTAN, cet argument devient infondé.

La défense est l’une des priorités de la présidence française. Avez-vous des attentes en particulier?

La France bloque l’adoption du code de bonne conduite européenne sur l’exportation des armes. J’espère que ce sera l’occasion, pour ce pays, de faire évoluer sa position.

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