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Billet de blog 6 avril 2015

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Le Code noir - réflexions d'une outsider à propos de la polémique sur MP suite au travail historique de J.-F.Niort

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J'ai lu avec grand intérêt la déclaration d'associations guadeloupéennes sur "le racisme ordinaire en Guadeloupe" sur le blog de Jean-Pierre Anselme, puis la défense par Caroline Oudin-Bastide de l'historien Jean-François Niort et son travail sur des aspects juridiques du Code noir sur le blog des Invités de Médiapart intitulé "Esclavage: la mémoire contre l'histoire". Et enfin la charge à haute tension de Jack Dahomay "Dénonçons la fatwa contre Jean-François Niort" contre Dannick Zandronis, militant guadeloupéen qui aurait attaqué et menacé M Jean-François Niort.

Je suis une outsider dans ce débat. Mais je connais et ai vécu ce genre de polémiques et peux comprendre que les émotions se déchaînent des deux côtés. Ici je réagis surtout à propos de celui de Jack Dahomay dont j'ai apprécié certains billets antérieurs. Mais celui-ci m'étonne, en premier lieu par le manque de nuance et surtout d'éléments concrets pour comprendre la teneur de la polémique. En cherchant j'ai trouvé une réponse du 4 avril 2015 par M Jean-François Niort - qui, il faut le dire, est par ailleurs en faveur de réparations pour l'esclavage et la traite des Noirs - à une lettre lui adressée la veille par M Danik Zandwonis que le premier a rendu publique: http://creoleways.com/2015/04/04/esclavage-et-reparations-jean-francois-niort-repond-a-danik-i-zandwonis/ Il faut noter que je ne sais pas si M Danik I.Zandwonis est la même personne que Dannick Zandronis dont parle Jack Dahomay, mais ce qui m'importe est la teneur du dialogue.

Il s’agit d'un nouvel ouvrage de M Niort sur des aspects juridiques du Code noir de 1675 dans lequel "il développe l’idée qu’il existe dans le Code noir une coexistence de la réification juridique de l’esclave (il est un bien meuble) et de son humanité (sa capacité de raisonner et de prendre des initiatives est reconnue puisqu’il peut par exemple gérer un « négoce » ou « tenir boutique » pour le compte de son maître, il doit être baptisé et catéchisé, c’est-à-dire être intégré dans la religion commune, il a accès au mariage, toutes dispositions juridiques qui ne serait pas applicable à un animal). Cette coexistence, explique J.-F. Niort, n’est pas contradictoire au regard du droit du XVIIe siècle dans la mesure où celui-ci disjoint l’humanité (au sens de la reconnaissance de l’esclave en tant qu’homme) de la personnalité juridique réservée aux hommes libres." (Caroline Oudin-Bastide, op.cit.) L'esclave y serait donc pas totalement 'déshumanisé'.

C'est cette interprétation plus 'humaine' du CN qui fait sursauter certains Guadeloupéens dont M Danik Zandwonis dans sa lettre du 3 avril (http://creoleways.com/2015/04/03/esclavage-et-reparations-jean-francois-niort-juge-trop-blanc-pour-parler-du-code-noir/ ). Dans laquelle il écrit: "N'oublies pas , que nous sommes dans un pays ENCORE sous domination coloniale, que tu es un BLANC FRANCE et que du côté des militants et patriotes TOUT est vu perçu et analysé selon cette grille, qui n’est pas la tienne. Donc en résumé quand tes travaux VONT malgré toi « dans le sens d’es thèses anticolonialistes », (réparations) tu es le « bienvenu » mais dès que même au nom de l’étude historique, tu abordes sans précaution des sujets sensibles tu t’exposes a des réactions très dures, et je ne crois pas que cela changera. Mais tu n’es pas le seul historien à être « ciblé » ; d’autres comme Regent, Belenus.. sont dans NOTRE collimateur. Je termine en te disant, que tes travaux, tes recherches, ne peuvent en AUCUN CAS être perçus comme ils pourraient l’être en FRANCE. Nous les militants, nous sommes en guerre sur le plan idéologique CONTRE TOUT le système colonial français, sa pensée, sa prétendue « objectivité scientifique », sons système éducatif, sa vision réductiviste de l’histoire, coloniale , ses mensonges, ses contrevérités."

C'est fort, mais loin d'être rare, du moins dans mon expérience de polémiques du même genre en Afrique, aussi bien avant les indépendances qu'après. Là une telle réaction n'était ou n'est pas non plus forcément le fait 'd'ayatollahs tropicaux' ou des indépendantistes 'fascistes' comme l'écrit Jack Dahomay. Etant donné que l'Histoire était écrite pratiquement uniquement par des Occidentaux et le plus souvent lourdement biaisée, le rejet de travaux d'historiens occidentaux était très courant et ils étaient de toute façon considérés sujets à révision par des historiens africains ou à vision postcoloniale. Si l'on considère, par exemple, combien de travail d'historien il reste encore à faire en Afrique du Sud pour corriger l'histoire hautement falsifiée enseignée par les Blancs et pour inclure l'histoire proprement africaine et d'un point de vue africain, on ne peut guère donner tort aux irritations et rejets de la part des étudiants et académiques africains que j’ai connu déjà dans les années 1960-70 quand je faisais moi-même des études dans un coin d'Afrique en pleine décolonisation, et ensuite en tant que professionnelle africaniste.

Mais voyons l’exposé de J.-F.Niort dans lequel il réagit point pour point à la - courte - lettre de M Danik Zandwonis. En lisant on a l'impression d'un dialogue de sourds classique entre intellectuel et militant. Aussi un mot comme 'humanité' a - évidemment - une signification différente pour ceux chez qui "le Code noire (CN) et l'esclavage sont encore des blessures vives dans notre mémoire active" (Zandwonis) et d’autre part pour l'historien spécialiste de droit qui analyse froidement un texte historique. De même un mot comme 'déshumaniser' qui est employé et ressenti vivement par des descendants d'esclaves et de colonisés dans le monde entier, mais que M Niort rejette presque d'un revers de la main puisque le Code noir laisse, dans sa lecture, encore quelques traits 'humains' aux esclaves, de manière que ces derniers n'avaient pas totalement le statut d'animaux ou de choses. Autrement dit l'esclavage était, dans ses mots, l'exploitation "de l'homme par l'homme" et non pas de l'animal/la chose par l'homme. Cependant, dans le contexte d'une déshumanisation (ou aussi 'choséification') bien réelle, et évidemment de l'homme par l'homme, la différence sémantique faite par Niort semble plus à de la chicanerie qu'à un point essentiel d'interprétation historique.

M Niort raisonne également que par rapport au Code noir de 1685 des textes postérieurs étaient en fait 'pires' sur ce plan. Il conteste donc que: "le CN est le texte juridique ‘LE plus monstrueux des temps modernes‘, comme le disent les militants mémoriels guadeloupéens. Car il y a eu une "progression dans l'horreur". Bien, mais qu'en ont à f... des militants guadeloupéens de cette progression, doivent-ils absoudre partiellement ceux du 17me siècle ou quoi? Le CN reste le code fondateur. Et après tout, tout en ayant leur place dans des traités scientifiques, on sait très bien que dans la compréhension et les pratiques populaires et politiques le trop de 'nuances' est trop souvent instrumentalisé pour diluer l'horreur et les culpabilités.

Bref, même si sa grille de lecture historico-juridique ne serait pas biaisée, l'agacement de M Niort est typique pour l'intellectuel qui - il faut oser l'avouer - ne porte pas dans sa mémoire familiale et culturelle ces blessures mémorielles. Dans ce sens c'est une vieille histoire entre intellectuels soi-disant 'objectifs' et les gens qui ont vécu l'horreur dans leur chair, et continuent à la vivre dans le ressenti des rapports de force de type colonial/colonisés entre la métropole et les DOM/TOM, que M Zandwonis invoque. Le vécu d'aujourd'hui, serait-il 'moins grave' que le vécu des ascendants resp. au 17me, 18me ou 19me siècles? Bien sûr. Mais qu'est-ce que cela veut dire? La déshumanisation d'une part et la liberté de l'autre se diviseraient donc en petites parcelles? Le racisme d'aujourd'hui serait-il plus acceptable puisque 'moins grave' dans ses effets qu'hier?

En d'autres mots cette 'objectivité' scientifique telle qu’invoquée par M Niort dans sa défense, ressemble furieusement, émotionnellement, à ce que les coloniaux, le régime de l'apartheid ou aujourd'hui Israël ou les nostalgiques du colonialisme ont l'habitude de raconter aux opprimés avec toute la certitude de leur supériorité autoproclamée: vous n'étiez/vous n'êtes pas si mal que ça, voyons, en comparaison à.....

On le voit clairement dans la condescendance croissante de la part de M Niort qui, à mon avis, devient franchement insupportable à la fin de son papier. Manifestement il se sent blessé dans ses intentions solidaires, mais n’empêche. Beaucoup de Blancs bien-intentionnés - intellectuels, ‘coopérants’ ou autres - trébuchent contre la même pierre (qu’on appelle aussi celle de la ‘blanchitude’). Doit-on vraiment en blâmer les ‘autres’ ?

Evidemment, tout est question de débat et ne devrait pas mener à des 'fatwas' et encore moins à de la violence, comme le craint Jack Dahomay. Mais étant moi-même intellectuelle ayant travaillé dans des contextes d’une sensibilité pareille, je crois que ce dialogue-ci est mal emmanché à cause de ce qui manque trop souvent cruellement dans les tours d'ivoire des 'sciences', que ce soit historiques, anthropologiques ou d'autres sciences humaines: le respect et l'humilité. Il faut connaître le poids - parfois très lourd - des mots et des perceptions. M Zandwonis a sans doute raison quand il dit « tes recherches, ne peuvent en aucun cas être perçues comme ils pourraient l’être en France ».

C’est pour cela qu’il faudrait aussi prévoir de possibles abus qui pourraient être faits de telles études, ne fut-ce dans l'opinion publique - et de là par la classe politique en France. Déjà on trouve sur internet des comparaisons qui indiqueraient que le Code noir français était moins terrible - plus ‘humain'? - que d'autres codes comparables de l'époque. Mais quelle différence pour les victimes? Quelle différence pour la mémoire de leurs descendants? Comment cela pourrait être interprété, par exemple dans le cadre des revendications de réparations? Que les Français étaient 'plus humains' et 'donc' devraient payer moins que les Anglais, les Américains ou les Hollandais? Quid si demain on découvre que les bateaux négriers des armateurs de Bordeaux étaient moins - ou plus - 'inconfortables' que d'autres?  Et ainsi de suite. Pour une opinion publique métropolitaine encore en plein déni de ses responsabilités historiques et des horreurs de la Traite et du colonialisme, tout est bon pour se dédouaner.

Je n'ai pas eu l'occasion de lire l'ouvrage de M Niort et veux bien croire que c’est un bon travail sur des archives encore non-exploitées jusqu’ici. Mais il me semble que ce genre d'études devrait au moins inclure le point de vue des victimes.  Le temps que les historiens pouvaient faire abstraction des humains et leurs perceptions, même celles des temps présents, est révolu.  Le point de vue objectif n'existe pas. La science 'value free' non plus. Le titre du billet de Mme Oudin-Bastide 'la mémoire contre l'histoire’, est un non-sens ; on ne peut contraster ou faire concurrencer l’une et l’autre. La science historique moderne ne se limite plus à l'étude de vieux documents puisés dans des archives poussiéreuses, aussi passionnants qu’ils soient. La mémoire fait partie de l'histoire, elle en fournit le contexte, l'humain. Même s'il faut la réinterpréter le mieux possible. Et là intervient également la position objective de l'historien vis-à-vis de son sujet.

Ce qui m'étonne dans cette affaire, c'est que M Niort ne semble pas avoir prévu les réactions et qu'il refuse, du moins dans ce papier, de répondre au fond des critiques. Est-il vraiment sûr qu'il n'y a que les 'nationalistes' guadeloupéens - et d'ailleurs - qui éprouvent ce genre de sentiments envers cette étude ?

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Réponse aux commentaires de M Avellino:

"tu abordes sans précaution des sujets sensibles", dit Zandwonis à Niort avant de référer aux réductionismes et contre-vérités de l'historiographie coloniale. Il ne dit pas que la politique doit se fonder en dehors de l'histoire ou en déterminer l'interprétation; il dit qu'il faut de la 'caution' car c'est bien cela que l'Occident colonial a fait et enseigne encore toujours. Et il a raison. Vous n'êtes certainement pas sans savoir que ce sont les intellectuels occidentaux, les Orientalistes et autres Africanistes - y compris Karl Marx et son historicisme - qui ont construit les images des colonisés qui ont servi de justification à la domination occidentale du monde, à leur auto-proclamée supériorité et leur vocation 'civilisatrice'. (Lisez p.ex. sur internet le débat de Jules Ferry dans l'Assemblée.) Pire: ce sont encore toujours les images sorties de ces travaux hautement eurocentriques, souvent carrément falsifiées ('l'Afrique aurait été largement 'vide' de population…) ou biaisées (l'idée des ethnies bien séparées et antagonistes, de 'sociétés fermées' alors que c'est la politique coloniale qui les séparait et les 'fermait' en interdisant la mobilité des gens) de ces chercheurs qui informent encore toujours l'idée que les peuples européens ont des 'Autres' et qui se perpétuent dans l'enseignement, souvent insidieusement. Si Sarkozy pouvait 'innocemment' dire aux Africains qu'il les aiderait à 'entrer dans l'histoire', d'où tiendrait-il cette idée?

Et si le Code noir inclut la conversion des esclaves, serait-ce par humanisme ? Ou pour 'pacifier' et mieux dominer comme était la tâche principale explicite - et bien connue - des missionnaires dans toutes les colonies depuis les espagnoles dans les Amériques? Ne voyez-vous pas que le travail de M Niort a bien une portée politique et que la caution qu'appelle Zandwonis de ses voeux n'est pas superflue? 

Je vais vous donner un exemple vécu. J'ai aussi une licence en histoire, surtout l'histoire d'Afrique et ai participé dans des recherches anthropologiques, mais je suis en premier lieu linguiste africaniste, donc de langues africaines. (Un des sujets de mes études était du reste l'histoire orale, comment la collecter et interpréter. L'histoire orale étant, ensemble avec l'archéologie, l'anthropologie, la biologie etc., la source principale de l'histoire africaine précoloniale. Sa matière première consiste de traditions orales qui font donc partie de ce qu'on appelle dans ce dialogue-ci 'la mémoire'. Les méthodes de l'histoire orale sont bien scientifiques, affinées et testées depuis de longues années.)Vous allez peut-être dire que la langue n'est pas un sujet susceptible à susciter des grandes polémiques? Peut-être moins en France, où le français et en particulier l'un de ses dialectes s'est imposé de longue date. Bien que... demandez aux Bretons, aux Basques, aux Corses... ou aussi à l'Académie française ou ceux en charge de l'Atlas des patois et dialectes du français.

Quand je travaillais à l'université de Mozambique, quelques années après l'indépendance, nous avons fait une enquête dialectologique et dressé une carte linguistique du pays (les Portugais n'avaient rien fait dans ce domaine). Il s'avérait que le Mozambique n'a pas des dizaines de langues différentes comme il avait été dit, mais quatre groupes de dialectes, donc en principe 4 langues consistant chacune d’un ensemble de dialectes intercompréhensibles. Un journaliste s'est intéressé à nos travaux et est venu m'interviewer. Le lendemain matin l'article occupait la une du principal quotidien, avec même une esquisse de la carte dessinée par moi à la main, qu'ils n'avaient pas eu le temps de convertir en une petite carte convenable, tellement ils étaient pressés de publier leur 'scoop'. A ma surprise... jusqu'à ce que je recevais des coups de fil furieux du gouvernement et des visites dans mon bureau disant que j'étais complètement irresponsable! C'est tout juste qu'ils ont bien voulu m’inviter à dialoguer au lieu de me mettre dans le premier avion.

Alors j'ai compris le problème: le tribalisme qui avait empoisonné la lutte de libération et fut l'arme le plus redoutable des colonisateurs portugais pour empêcher que les gens fassent cause commune. La fameuse politique de diviser pour régner. Ce même tribalisme - ou 'nationalisme exclusif' - était de nouveau l'instrument idéologique principal de la 'guerre civile' - en réalité instiguée, financée, entrainée et organisée par le régime de l'apartheid voisin - dans ces années-là. Notre innocente carte linguistique pourrait donc servir à des buts bien nocifs pour l'unité nationale et desservir le combat contre les desseins déstabilisateurs de Pretoria.  Comme, à vrai dire, elle pourrait servir aussi à l'unité nationale, mais à condition d'une politique culturelle, d'enseignement etc. bien réfléchie d'émancipation de langues et cultures moins considérées par le passé (p.ex. en dehors des grandes villes et ports) et donc à des fins d'égalité. Or, une telle politique n'existait pas encore... ni les données et la réflexion pour y arriver. J'aurais donc effectivement dû observer plus de caution et ne pas jeter nos travaux en pâture ainsi. 

J'ai donc fait un rapport sociolinguistique - en principe pas ma spécialité - contenant des observations entre autres sur des situations d’oppression par la langue, l'usage des langues dans les courts de justice, l'administration, l'enseignement etc. En d'autres mots: des éléments pour la politique. Plus tard nous avons fait la même chose - et beaucoup mieux parce qu'on avait plus de données - pour l'Afrique du Sud ce qui a abouti à la politique linguistique et culturelle actuelle, entérinée dans la constitution.

Si j'avais réagi comme M Niort sous l'attaque, initialement bien agressive, des politiques quand mes travaux paraissaient à la une du quotidien, j'aurais sans doute été acclamée et défendue par la communauté linguistique et en Occident, car du point de vue scientifique le travail était impeccable. Mais impossible de dire quelles en auraient été les retombées. Sûrement elles n'auraient pas été aussi positives et gratifiantes dans deux pays.

La recherche à vocation apolitique est un mensonge qui ne pouvait s'entretenir dans nos universités qu'aussi longtemps que l'Occident avait le monopole des sciences et pouvait en tirer les conclusions qui lui convenaient. Le choix du sujet possède déjà des considérations politiques implicites de la part du chercheur, de son institution et surtout des bailleurs de fonds. Les méthodes, les interprétations : ce serait faux de dire qu'elles sont libres de dimensions politiques. Fernand Braudel ou Marc Bloch ne faisaient pas de l'histoire comme Alexis de Toqueville. Puis il y a l'usage qu'on en fait et ses retombées dans la conscience du public. Il ne faut pas se leurrer.

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