Tant que le poids de l'histoire sera oublié, que le fait néo-colonial que constitue la création de l'Etat d'Israël en 1948, assorti de la négation de l’existence des Palestiniens, sera camouflé, la grande catastrophe de leur expulsion subie par eux, dissimulée,
tant que l'Europe, et notamment, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, n'aura pas la lucidité et la volonté de reconnaître et d'assumer ses lourdes responsabilités dans la genèse et le déroulement historique du conflit et d'en corriger les effets par des initiatives courageuses en faveur de la paix,
tant que ses dirigeants demeureront hantés et paralysés par un terrible sentiment de culpabilité pour les crimes qui ont eu lieu sur leur sol à l'égard des Juifs, dont elle fait payer le prix, par procuration, à un peuple palestinien, victime collatérale et en rien responsable de ces abominations,
tant que perdurera, au contraire, son soutien absolu, "indéfectible", dit-on, à Israël, joint à l’inaction coupable de la soi-disant communauté internationale, devant les multiples violations des résolutions prises depuis 75 ans par l'ONU,
tant que cette organisation désormais cacochyme (à quand l'entrée au Conseil de sécurité de l'Afrique du sud, du Brésil, de l'Inde, par exemple ?) se contentera de lancer des condamnations même flanquées de l'hypocrite et sempiternelle "plus grande fermeté" et que l'impunité effective du mis en cause pour non-respect du droit sera la règle et qu'aucune sanction ne sera prononcée à son encontre,
tant que les Etats-Unis lui apporteront une assistance économique, financière, militaire, diplomatique inconditionnelle et massive et qu'ils exerceront systématiquement leur droit de veto au Conseil de sécurité en sa faveur,
tant que l'arbitraire du deux poids-deux mesures ne sera pas banni au profit d'une définition partagée par tous les Etats d'une éthique universelle qui fasse autorité pour juguler les situations de crise en toute objectivité,
tant que sera nié au peuple palestinien le droit à la résistance face à l'oppression, et dans le même temps justifiée pour l'oppresseur la "légitime défense",
tant qu'on se laissera impressionner, voire tétaniser par l'infamante accusation d'antisémitisme dès qu'on élève la moindre critique de l'Etat d'Israël,
tant que les plus intégristes de tous bords ne seront pas démocratiquement écartés,
tant qu'aucun homme d'état des deux parties ne sera en capacité de renoncer à une logique de l'affect, du religieux, du fanatisme, d'une logique d'affrontement, au profit d'une vision laïque et d'objectifs politiques crédibles,
tant que la lâcheté du monde arabo-musulman, plus porté sur la défense de ses intérêts mercantiles que sur un idéal conséquent d'émancipation partagée et de solidarité avec un peuple frère opprimé, sera de mise,
tant que l'indifférence coupable des puissants à la cause palestinienne perdurera de par le monde,
l'avenir demeurera sombre, le désespoir sera au rendez-vous qui conduira, inévitablement, à d'autres éruptions de violence et de barbarie !
Alors, pour fatiguer le doute et combler le vide d'espérance, la bataille idéologique, culturelle et politique ne l'emportera que par un renversement radical du rapport de force en faveur des partisans de la justice et de la paix, mais nécessite, au préalable, de bien apprendre pour bien penser, de bien penser pour bien agir.
Tout militant conséquent, tout citoyen attentif à la cause palestinienne, devrait d'abord s'efforcer de se pencher sur l'histoire du "conflit israélo-palestinien", dont les origines remontent à la fin du XIXème siècle, (pour la période plus récente, il y a matière abondante, depuis quarante ans, à travers les recherches des historiens, notamment israéliens qu'on a appelés "nouveaux"), faire un rigoureux travail de formation, démasquer, une bonne fois pour toutes, les impostures, les rhétoriques de propagande, les élucubrations bibliques justifiant la possession d'une terre promise au seul peuple "élu", (conséquemment, "Quand il y a un élu, il y a un exclu" écrit Régis Debray), étudier ce qui s'est réellement passé dans cet Orient compliqué, certes, mais toutefois intelligible.