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Billet de blog 5 novembre 2023

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Avec la plus grande fermeté ! (3ème partie)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

     C'est pourquoi, il est indispensable de rappeler que le 29 novembre 1947, par sa résolution 181 (adoptée par 33 voix pour, dont les Etats-Unis, l'Union soviétique et la France, 13 voix contre dont les Etats arabes et dix abstentions dont la Grande-Bretagne), l'Assemblée générale de l'ONU a voté, en trois minutes, le partage de la Palestine jusque-là sous mandat britannique depuis 1922, entre un Etat juif et un Etat arabe.

     Injustice initiale et fatale : un Etat juif sur 55% du territoire palestinien mandataire avec environ 500 000 Juifs et 45 000 Arabes palestiniens, un Etat arabe sur 43% du territoire comprenant environ 725 000 Arabes et 10 000 Juifs. (Jérusalem, comprenant 10 0000 Juifs et 105 000 Arabes, sera placé sous statut international).

     David Ben Gourion l'avait compris qui déclara, d'une voix sagement cynique, après avoir proclamé la création de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948 : "…nous leur avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l'a promis, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre Dieu n'est pas le leur. Il y a eu l'antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu'une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leur terre. Pourquoi devraient-ils accepter cela ?"

     A ce "péché originel", s'ajoutera, lors de la guerre déclenchée par les pays arabes voisins, la prise de contrôle de 77 % du territoire, notamment de la majeure partie de Jérusalem. La guerre des Six jours de juin 1967 conduira à une violence nouvelle et au triplement de l'emprise territoriale de l'Etat hébreu (par l'occupation de Gaza, du Sinaï, de la Cisjordanie, de la vieille ville de Jérusalem, du plateau du Golan syrien).

     La colonisation, qui, fébrilement, volontairement et impunément développée en Cisjordanie et à Jérusalem-Est depuis la conclusion des accords d'Oslo en 1993, a vu se multiplier le nombre de personnes par deux, jusqu'à plus de 600 000 aujourd'hui, viole systématiquement les droits humains des populations qui y sont soumises et installe durablement une situation d'apartheid, parachève l'entreprise de conquête, d'exaction, de spoliation, à l'encontre du peuple palestinien. Et, en réduisant, en morcelant le territoire occupé, rend caduc le projet d'un Etat palestinien viable et souverain et ouvre la voie à une visée d'annexion possible plus ou moins avouée par la droite et l'extrême-droite israélienne au pouvoir.

     Il est loin le temps où un Charles de Gaulle pouvait lucidement déclarer : "Maintenant il (Israël) organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsion et s’y manifeste contre lui la résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme".

     Ainsi, tous les éléments du drame sont réunis que la résolution 242 du Conseil de sécurité du 22 novembre 1967, établissant les principes d’une paix juste et durable, (à savoir le retrait d’Israël des territoires occupés lors du conflit, un juste règlement du problème des réfugiés et la cessation de toute belligérance), non respectée par l'Etat d'Israël en accord avec son protecteur américain, ne suffira jamais à dépasser.

     En 1974, pourtant, occasion manquée, Yasser Arafat avait tenté d'ouvrir la voie. Lors de sa première allocution devant l'Assemblée générale de l'ONU, le 13 novembre 1974, après avoir précisé que "…dès le début, notre révolution n’a pas été motivée par des facteurs raciaux ou religieux. Elle n’a jamais été dirigée contre l’homme juif en tant que tel, mais contre le sionisme raciste et l’agression flagrante", il déclara que le but de son organisation depuis 1969, l'OLP, demeurait la création en Palestine d'un État démocratique et laïc où chrétiens, juifs et musulmans pourront vivre dans la justice, l'égalité et la fraternité. En vain, il ne fut pas entendu.

     Aujourd'hui, vouloir

c'est bannir le "pour les uns contre les autres" stupide qui fait le jeu des extrémistes des deux camps, fonder ses réflexions et son action sur les seuls principes du droit et de la justice, le respect des résolutions de l'ONU, sur la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’autodétermination, à l’indépendance nationale et à la souveraineté, à la tranquillité et à la sécurité pour tous, Israéliens et Palestiniens,

peu probable d'y parvenir à court terme, mais œuvrer pour une opération de vérité et de réconciliation des mémoires et des récits dans un espace laïque partagé, comme ce fut fait en Afrique du Sud il y a près de trente ans, sous l'autorité de Nelson Mandela, à laquelle la France aurait pu contribuer si tout au moins elle avait gardé quelque crédit auprès du monde arabo-musulman en renonçant au soutien inconditionnel et complice que ses dirigeants accordent depuis des lustres à l'un des protagonistes,

éveiller les consciences et fédérer les énergies vers une seule finalité : lutter, sans relâche pour une paix qui pourrait, enfin, se définir "juste et durable" comme le voulait la résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU, qu'il serait temps de faire effectivement respecter.

     Cela ne se fera pas sans intervention populaire, sans courage, sans pressions, autour de mots d'ordre pesés, clairs et précis, en évitant, à la fois, de se substituer à ce qui relève de la seule maîtrise des peuples palestinien et israélien, mais en exigeant des dirigeants du monde et des Etats représentés à l'ONU, qu'ils aient, après en avoir été à l'origine, la lucidité et le courage d'en assumer les conséquences et de se donner les moyens, avec la plus grande fermeté, de cheminer, enfin, vers la sortie de ce conflit.

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