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Billet de blog 11 avril 2022

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Savoir choir

Qui serait donc responsable de la non qualification de Jean-Luc Mélenchon pour le second tour de l'élection présidentielle ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil." René Char.

     Il fallait s'y attendre, c'était pensé, c'était préparé, c'était annoncé. Haro sur le pelé, le galeux d'où est venu tout le mal. Quel diable aurait donc poussé Fabien Roussel, puisqu'il faut l'appeler par son nom, à oser tondre le pré électoral de la largeur de sa langue ? Car, figurez-vous, ce sont les 802 615 voix portées sur le candidat des Jours heureux, c'est cette part de 2,28% des suffrages exprimés qui auraient privé Jean-Luc Mélenchon de l'accès au second tour de l'élection présidentielle ce 10 avril 2022. Peste, que n'a-t-on lu et entendu dès l'annonce du résultat, comme si, en politique, une simple addition fournissait, à coup sûr, la clé de la solution !

     Faut-il rappeler que les adhérents du PCF, à hauteur de 72,42%, ont décidé, le 9 mai 2021, de présenter une candidature communiste à l'élection présidentielle de 2022 et 82,36% ont choisi de désigner leur secrétaire national, Fabien Roussel, comme candidat. Ils se sont prononcés à l'issue d'une procédure démocratique et légitime, conformément au droit de vote que leur donne le versement de leur cotisation et en vertu des statuts de leur formation politique ? Qui peut en dire autant ?

     Dès lors, il est totalement illusoire de croire que sacrifier symboliquement le plus coupable désigné puisse conduire à la guérison commune, ainsi qu'il est écrit dans la fable*, et il serait bien plus judicieux de s'interroger lucidement sur les attendus de cet échec électoral. On y viendra, sans doute, une fois les vapeurs de l'émotion dissipées.

     Et pourquoi le principal protagoniste, s'il peut légitimement se flatter de la progression de son score depuis 2017, n'en viendrait-il pas à questionner son insuffisance à forcer la qualification ? Que n'a-t-il été capable de rassembler 25,87% des voix comme Ségolène Royal en 2007, 28,63% des voix comme François Hollande en 2012, ou même les 25,85% des voix de François Mitterrand en 1981, qui ont permis l'accès au second tour et même, par deux fois, la victoire, alors même qu'il y avait aussi de la concurrence à gauche ?

     Mais cela ne doit pas occulter la triste réalité : lors de ce premier tour, les candidats de gauche et écologiste ont seulement obtenu 32% des suffrages exprimés, devancés par la droite et ses excroissances extrêmes ! Et ce serait Fabien Roussel le responsable de cet embrouillamini qui aurait conduit à l'élimination du maestro insoumis ?

     Alors, Jean-Luc Mélenchon au second tour ? Vu le rapport de forces, quelles réelles chances avait-il vraiment de l'emporter ?

     "Une illusion de moins, c'est une vérité en plus." **

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*Les animaux malades de la peste. La Fontaine

** Alexandre Dumas fils.

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