"L'ignorance mène à la peur, la peur à la haine et la haine à la violence. Voilà l'équation." Averroès
Des "migrants", majoritairement originaires du Kurdistan irakien et de Syrie, 2000 à 4000, selon les estimations, se pressent contre la frontière polonaise, complètement bloquée à leur approche. Dans un froid de canard, des familles épuisées, des enfants gelés, accueillis charitablement par les gaz lacrymogènes de la très catholique Pologne, risquent leur vie en frappant aux portes de l'Union européenne.
Alors, on peut toujours bavasser et condamner à gros bâtons les circonstances calamiteuses qui les ont conduits, à travers la Biélorussie, dans ces grands prés marécageux, la réalité, c'est qu'ils sont là.
Interrogé à propos de ce drame humanitaire sur la chaîne France Info, le 8 novembre dernier, récidiviste 3 jours plus tard sur France Inter, à la question "L'Europe peut-elle aider la Pologne ? " notre Rantanplan macronifère* répond sèchement dans le poste par un "Non" franc et massif. Car, voyez-vous "ce que les Polonais disent, et ils n'ont pas complètement tort, c'est que si on ouvre un petit peu, ça va accentuer le flux." (sic).
Comme le disait François Mitterrand, "Il faut être à flot pour pouvoir maîtriser le flux"**, mais l'Union européenne, qui compte pourtant près de 450 millions d'habitants, ne l'est visiblement pas encore. Car, à Bruxelles, et pas que, on est, certes, très perché sur les valeurs proclamées et la défense verbale des droits de l'homme mais, devant cette situation dramatique concrète, on tremble, on se crispe, on coule à pic.
La peur de l'invasion, si l'on entrebâille la porte, même "un petit peu", pour accueillir une part minime de la misère du monde (d'ailleurs, qui en est responsable de cette misère, hein ?), la crainte du grand remplacement, ce spectre qui hante l'Europe, dit-on, judéo-chrétienne, et tout ce baragouin idéologique tendance fascistoïde, engloutit toute conscience humaniste.
Alors, pour conjurer l'horrible et mortifère supposée déferlante, la seule solution de la soi-disant Europe "politique", qui, selon le vice-président de la commission des droits de l'homme du Parlement européen, serait, sans blague, en cours d'assomption : prendre des sanctions brutales et unanimes contre le régime biélorusse de Loukachenko. C'est la seule voie de salut, pas d'autre alternative. "C'est un peu court, jeune homme…" aurait dit Cyrano. Et, bien sûr, au passage, un petit coup de braquemart sur le très méchant Poutine, qui doit bien ricaner dans sa datcha devant l'embarras et les gronderies des 27.
Avec de tels sectateurs, l'Europe, humaniste, hospitalière et solidaire attendra sans doute des lustres. Et on peut sauter comme un cabri en criant "Sanctions, sanctions", cela n'apportera pas un meilleur sort aux femmes, aux hommes, aux enfants qui s'accrochent aux barbelés avant de se fracasser, demain, contre un mur.
N'est pas Térence qui veut, écrivant "…rien de ce qui est humain ne m'est étranger". L'alpha et l'oméga des Lumières.
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* Si vous écoutiez ses ci-devant cinq chroniques hebdomadaires sur France Inter, vous aurez reconnu, sans peine (ou avec), Bernard Guetta, devenu député européen "Renew" (sic) après avoir saturé les ondes radiophoniques de prêches eurogélistes pendant 27 ans, de 1991 à 2018, moyennant un modeste salaire net annuel de 94 500 euros.
Il est, risum teneatis, vice-président de la commission des droits de l'homme du Parlement européen.
Et, puis, rappelez-vous, en 2005, ce brillant "journaliste impartial" avait fougueusement milité, sur une radio publique donc, pour le oui au référendum constitutionnel, ça classe !
** Citation approximative, je l'avoue.