"Le diable peut citer les Ecritures pour ses besoins." William Shakespeare.
Que lit-on, qu'entend-on en ce matin d'octobre ? L'actualité est riche et par où commencer ? Que passer au chinois pour quelle sauce, quel mélange ? Quels ingrédients choisir, quelle cuisson et que zester ? Aiguisons le couteau, risquons la mise en pièces.
Le Liban et Gaza, comment en faire un plat ? Jour après jour, comme de nuit, le sang ruisselle, les corps sont démembrés, les terres dévastées. Tout est ruine et deuil, "L’odeur de la mort est partout" (1). On s'habitue, le criminel est impuni, la complaisance totale. Peu ragoûtant à moins d'accommoder les restes, même pas, car, charitablement, correctement, moralement, le ministre de la Sécurité israélien, Itamar Ben-Gvir, sous une nuée d’acclamations, paraît-il, invite les Gazaouis à aller se faire mourir ailleurs en déclarant "Nous vous donnons l’opportunité de partir d’ici, d’aller vers d’autres pays. C’est la terre d’Israël". Quel mot savoureux, "opportunité" !
On trouve quelques œufs pourris dans le garde-manger. Il ne pouvait pas se passer, bien sûr, Laurent Joffrin, journaliste d'apparence, éditocrate conséquent, de tremper son piment dans le brouet, grand bien lui fasse, qui gicle sur Pascal Boniface. Dans un éditorial en lien sur X, voici : "Quand un chercheur connu (merci pour lui !) dérape dans le cliché ethnique…", je vous épargne la matière.
Sur la même étagère, pas chiche pour deux sous, la Licra, antiraciste d'apparence, tout à la pointe du combat : "Assignation identitaire, stigmatisation, paternalisme raciste, relents antisémites… le tweet de Pascal Boniface est abject. La Licra le signale au procureur de la République et se constituera partie civile si des poursuites sont engagées." C'est du brutal, de l'épais, une franche lippée !
Le liant ? Une volonté commune de sanctuariser le gouvernement israélien, serait-il d’extrême droite, suprémaciste et potentiellement génocidaire, et, en même temps, de disqualifier, stigmatiser, celles et ceux qui dénoncent ses crimes de guerre à Gaza et maintenant au Liban. Chasse aux sorcières et maccarthysme au menu, sans supplément.
Où sont les toilettes ?
Trou normand. La suite, c'est moins salé, plus léger, mais digne d'y goûter.
"Je suis unitaire car c’est comme ça que la gauche remportera la victoire" a déclaré Olivier Faure. Justement "la gauche". Serait-elle "la plus bête du monde" comme le déclarait, en 1957, le regretté Guy Mollet, mais à propos de la droite française. Car, en matière d'unité, les errements des uns et des autres à propos de l'abrogation de la réforme des retraites proposée par le RN, laissent perplexes.
Pour preuves : les socialistes ne prendront pas part au vote, là c'est clair, le groupe LFI, en toute transparence, ne dévoile pas (sic) sa stratégie de vote pour l'instant, le groupe écologiste, prudent, a choisi d’organiser en interne un vote électronique pour décider de la marche à suivre, les communistes, constatant que le groupe est partagé fifty-fifty, comme l'a déclaré publiquement et ingénument André Chassaigne, balance entre ceux qui ne souhaitent pas se "compromettre" avec l’extrême droite et ceux qui pensent qu’on ne peut pas ne pas voter ce texte.
La gauche aurait tort de chipoter et, dans le doute, devrait choisir d'être fidèle (2), fidèle à ses convictions, à ses engagements auprès de son électorat, à son programme, être cohérente, ce sur quoi, et uniquement, peut se faire son unité et assurer son efficacité. L'abrogation serait ainsi l'aboutissement victorieux d'un combat politique pour celles et ceux qui l'ont réellement et résolument mené. Ne pas la voter permettrait au RN de se déclarer opportunément défenseur des intérêts du peuple et le seul opposant au gouvernement, alors qu'il en est manifestement l'indéfectible allié, un comble ! Le meilleur moyen d'empêcher le RN de progresser, c'est encore de ne pas lui fournir des raisons d'être et de passer pour ce qu'il n'est pas, c'est lui fourrer le nez dans la gamelle de ses impostures et qu'il en étouffe !
Petit dessert, il semblerait que LFI, lors de sa prochaine niche parlementaire, déposerait une proposition de loi mieux-disante (sic), un peu comme le nouvel Omo cher à Coluche, sans doute ?
Alors qu'attendre de cette galimafrée sinon un transit difficile, quelques ballonnements, voire une indigestion ?
Un café, l'addition..même si d'autres plats mériteraient d'être inscrits au menu. A suivre...
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(1) Selon l'ONU
(2) "Dans le doute il faut choisir d'être fidèle", François Mauriac dans son Bloc-Notes en 1962, à propos de son soutien à De Gaulle..