"L'école est le berceau de la République." Lionel Jospin, 1997.
L'école publique, gratuite et laïque est le "...pilier sur lequel repose la plus belle part de notre contrat social."* Certes, mais, paradoxalement, on peut déplorer la carence de réflexions et de propositions sur le sujet au cours de la présente campagne pour les élections législatives de juin prochain. Et le pilier reste fragile, le contrat sans obligés.
Tant que l'organisation administrative générale des établissements, leur fonctionnement pédagogique, l'agencement et l'ergonomie de leurs locaux ne seront pas repensés,
tant que le statut, la formation, l'évaluation et les obligations de service des enseignants, leurs conditions de recrutement et d'affectation resteront ce qu'ils sont aujourd'hui, comme ils l'étaient à peu près hier,
tant que les effectifs et les salaires des personnels ne seront pas fortement revus à la hausse,
tant que le métier d'enseignant sera si peu respecté et valorisé, en témoigne la crise des vocations actuelle,
tant que la répartition des moyens budgétaires entre les niveaux d'enseignement, de la maternelle aux classes préparatoires, ne sera pas rééquilibrée, notamment en faveur de l'école primaire,
tant que les questions urticantes, comme la définition de la carte scolaire, la gestion du temps et des rythmes d'apprentissage, l'évaluation et l'orientation des élèves, le redoublement, la prise en charge des "décrocheurs" (mot détestable !), la gestion du remplacement des professeurs absents, les rapports avec l'enseignement privé, ne seront pas posées,
tant que la gratuité des fournitures, des sorties, de la restauration scolaires ne sera pas effective à l'école obligatoire,
tant que la réduction des inégalités liées aux origines sociales des élèves ne sera pas une ardente obligation collective et fraternelle,
tant que l'affirmation et la transmission du principe de laïcité ne seront pas résolument accréditées,
tant que l'Ecole publique ne sera pas replacée véritablement au centre du projet national et républicain avec des missions clairement et démocratiquement définies et partagées,
les ministres successifs, quels qu'ils soient, pourront toujours bavasser sur "la méritocratie républicaine, l'égalité des chances, la mixité sociale, l'école de la confiance, les valeurs...les valeurs…" et autres chansons sans chair dont on sait depuis Desnos qu'elles sont chiches.**
J'en oublie, sans doute, le chantier est immense.
Et pour finir, un hommage : "Les maîtres d'école sont des jardiniers en intelligences humaines." ***
________________________________________________
*Fabien Roussel, Le Monde, 28 septembre 2021.
** "Chanson sans chair chanson chiche." Robert Desnos, Chanson de chasse.
*** Victor Hugo, Faits et croyances.