"Le malheur de l'homme est qu'il a une âme de comptable." Zoé Oldenbourg.
La présentation du débat d'orientation budgétaire, on le sait, est révélateur d'une politique communale conduite par la majorité municipale. C'est le cas à Apt comme ailleurs.
La réduction drastique, qualifiée de "violente" par le rapporteur, des capacités d'investissement de notre bonne ville, "Capitale du Luberon" dit-on, (moins 2 millions d'euros en 2023 !) certes attribuée à la conjoncture économique et géopolitique mais aussi aux décisions gouvernementales calamiteuses qui assèchent notamment les recettes des communes, devrait conduire, plus que jamais, à aller à l'essentiel et à fixer des priorités pertinentes.
A une vision purement comptable décomplexée et énoncée lourdement par nos édiles, nous opposons un projet alternatif cohérent au service du territoire et de la population fondé sur trois impératifs majeurs : agir face aux changements climatiques, pour la qualité de vie des Aptésiennes et des Aptésiens, renforcer le lien social et la solidarité, en misant sur l'éducation et la culture, la convivialité urbaine, favoriser la participation des citoyennes et des citoyens aux affaires qui les concernent. C'est à la mise en œuvre réaliste et réalisable de cette approche humaniste, sociale et démocratique qu'une bonne gestion budgétaire et une saine comptabilité doivent être destinées. Les chiffres doivent être au service de la lettre, pas l'inverse. Car si les mots manquent, le monde manque.
"Gouverner c'est choisir" selon Pierre Mendès-France : ici, entre hôtel de luxe ou immeuble d'habitation en centre-ville, silver économie ou accompagnement de la jeunesse, privatisation à tout-va ou préservation et valorisation des biens publics, cessions spéculatives ou développement raisonné du foncier communal, vidéo surveillance inefficace et ruineuse ou politique de prévention, entre-soi ou gestion participative, gouvernance autoritariste ou débat contradictoire au sein du conseil municipal…notre choix est fait, résolument, en faveur du second terme de ces alternatives, pour le bien public et la satisfaction prioritaire des besoins de nos concitoyennes et concitoyens dont le nombre a tendance à se réduire depuis un lustre et dont près d'un tiers vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Enfin, la démocratie, ce n'est pas exclusivement et aveuglément la loi de la majorité aussi légitime soit-elle. En tous lieux, national ou local, c'est d'abord un état d'esprit ouvert et en action, à l'opposé de la vision comptable étriquée qu'on nous présente. Mais l’esprit, si vous le cherchez céans, autant faire tourner les guéridons.
Vox clamantis in deserto, mais nous ne renoncerons pas, nous préparons la voie.