Apt, sous-préfecture du Vaucluse, "capitale du fruit confit", 11 000 habitants au cœur d'un bassin de vie de 30 000 âmes, à 40mn de Cavaillon, 1h10 d'Avignon ou d'Aix-en-Provence, 1h20 de Marseille par la route…quand tout va bien…
Lors d'une rencontre tenue le 20 juin dernier, en vue de la mise en place d'une coordination des actions pour la défense et le développement du Centre Hospitalier du pays d'Apt (1), l'un des objectifs affichés a été d'"organiser des actions de sensibilisation et de mobilisation cohérentes et convergentes…et, peut-être, de penser des mobilisations d'une forme plus originale, moins rituelle, que celle que l'on a l'habitude d'organiser".
Certes, on ne peut que se féliciter du succès des diverses pétitions en cours, des manifestations publiques, des courriers adressés aux instances responsables, des motions unanimes des communes concernées, d'une communication active…On ne peut que louer l'investissement de celles et ceux qui les portent, comme ce fut le cas en 2016 pour la sauvegarde de la maternité à Apt…avec le succès que l'on sait. (2)
La vraie question, en effet, est de s'interroger sur les moyens de rendre puissant et victorieux le juste combat que nous engageons (les arguments ne manquent pas) pour le maintien de l'activité chirurgicale au Centre hospitalier du pays d'Apt, comme, d'ailleurs, pour d'autres revendications, locales ou nationales. Faute de quoi nous aurons témoigné de notre indignation et de notre colère, pour nos droits…mais une mobilisation se juge non sur ses intentions mais à ses résultats.
Sans rejeter les actions "traditionnelles", indispensables pour sensibiliser et mobiliser, le temps est à l'invention et à la surprise, à la recherche de nouveaux modes de protestation, pour ouvrir une réelle possibilité de réussite et en finir avec cette "impuissance politique" et citoyenne le plus souvent constatée, source de déception et de renoncement. (3) Soyons créatifs, il existe des exemples, des possibles !
Car c'est pour peser efficacement sur le cours des choses annoncées comme inéluctables (4) et se donner les moyens de renverser le rouleau compresseur aplatisseur d'espoir, partant, de regagner confiance, en fatiguant le doute. (5) Et le succès agraine le succès.
D'une façon générale on s'adresse à des entités, des instances, gouvernement, parlement, Agence Régionale de Santé, Directions diverses…et on épargne celles et ceux qui sont effectivement responsables, ministres, députés, directeurs…et à qui il faut demander des comptes, pacifiquement, ils ont un nom et un visage, et donc toquer à la bonne porte, sans oublier de démasquer au passage les tenants d'un "apolitisme" mystificateur et démobilisateur ou celles et ceux qui déplorent les effets qu'ils prétendent combattre tout en feignent d'en ignorer les causes…et dont ils ont bien souvent soutenu, et, sans vergogne, les auteurs. (6)
La blessure faite au Centre hospitalier du pays d'Apt n'est pas un cas unique, n'est due ni au hasard ni à la fatalité, d'autres territoires en Vaucluse et ailleurs sont également victimes d'une vision marchande et comptable du service public hospitalier, depuis des lustres (7). A contrario, affirmer que la santé est un droit, un bien commun et qu'il faut préserver, de cette idée faire une puissance. Mais, l'histoire le démontre, seul un rapport de force est à même de peser sur la balance.
Se forger les outils pour le créer.
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(1) Un collectif pluraliste (élus, maires, usagers, soignants, syndicats, associations, particuliers...) s'est constitué à Apt (Vaucluse) pour la défense du Centre Hospitalier du pays d'Apt dont on vient d'apprendre brutalement qu'il va perdre son bloc chirurgical au 31 décembre 2025. Le cheminement et les motivations de cette décision ne sont pas véritablement probants (une activité modeste, un déficit excessif) …selon les chiffres avancés par une ARS bien peu sensible au côté humain et au respect du droit à la santé et à l'égalité d'accès aux soins.
(2) Elle a fermé le 31 décembre 2016.
(3) Voir Geoffroy de Lagasnerie, "Sortir de notre impuissance politique", Fayard, 2020.
(4) "There is no alternative(TINA), traduit par "Il n'y a pas d'alternative" attribué à Margaret Thatcher
(5) "C'est à nous de fatiguer le doute du peuple par la persévérance de notre dévouement." Jean Jaurès.
(6) "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes." Citation attribuée à Bossuet.
(7) Confirmation, cure d'austérité oblige : le gouvernement prévoit 1,7 milliard d'euros d'économies sur les dépenses de santé en 2025, a annoncé mercredi 25 juin la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, en commission des affaires sociale à l'Assemblée nationale).