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Billet de blog 27 août 2016

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Discours inentendu.

Un discours que le Président de la République n'a pas prononcé.

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Paris, 27 août 2016

Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens

          Par son ordonnance du 26 août 2016, le Conseil d’Etat vient de rappeler les principes fondamentaux de la République.

          La polémique, outrancière, dérisoire et inquiétante à la fois, provoquée par une trentaine d'arrêtés municipaux interdisant sur les plages le port d'une tenue de bain appelée "burkini" a été tranchée par la plus haute juridiction administrative.

           Il est dit que dans la République française, dans un état de droit, aucun dépositaire de l'autorité publique ne peut porter, par ses décisions,  "une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle".

           Je considère donc que le débat juridique est clos.

           Je demande aux maires concernés de se conformer à cette ordonnance et de retirer immédiatement les arrêtés litigieux. Faute de quoi, ce sont les Préfets, qui auront le pouvoir de les suspendre.

           Dans un souci de clarification politique, je mets fin aux fonctions du Premier Ministre, qui a soutenu publiquement une mesure contraire aux principes républicains et dont le caractère illégal est manifeste.

           Dans un état démocratique et laïque, il n'est pas acceptable, en effet, qu' un haut responsable de l'Etat, ait pu alimenter, par ses propos, un  contexte de confusion particulièrement malsain, dangereux pour la cohésion nationale et dévastateur pour l'image de la France à l'étranger.

           Toutefois, le respect des lois et des valeurs républicaines n'interdit pas le débat. Bien au contraire.

           Grâce au principe de laïcité sur lequel il se fonde, il peut et doit être l'expression, et la confrontation, mais pacifique et respectueuse, des diverses opinions politiques, des diverses options philosophiques ou religieuses, des choix de société... C'est cela la démocratie.

           Faut-il rappeler que "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses...

          que "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme..."  

           Faut-il rappeler que "La République assure la liberté de conscience."

           Faut-il rappeler que la République "...assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens...respecte toutes les croyances."

           Ainsi, les lois et principes républicains, qui, ne l'oublions jamais, sont l'aboutissement d'une histoire longue et tumultueuse, héroïque, parfois sanglante, ces conquêtes contre la tyrannie et l'obscurantisme, doivent être préservées et reconnues comme garantes d'une vie citoyenne possible et désormais apaisée, d'une vie sûre et libre où la confiance l'emporte sur la désespérance et la stigmatisation.

           J'ai la conviction que c'est par le débat, nourri d'instruction et de culture, que l'on fait reculer la barbarie et certes pas en légiférant à tort et à travers sous le coup de l'émotion, ou pire, d' arrière-pensées politiciennes, en bafouant les valeurs qui nous sont chères, ou en ayant la prétention illusoire de restreindre les libertés pour assurer une meilleure sécurité face à des menaces réelles ou fantasmées. 

            J'ai la conviction que la meilleure sécurité c'est le lien social.

            J'ai la conviction que l'Etat de droit en est le meilleur garant. Car il dispose pour cela des moyens politiques administratifs et juridiques qui permettent à la fois de faire vivre les libertés individuelles et collectives et d'assurer l'ordre public.

Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,

          Nous le savons, notre monde est complexe, notre société est diverse, et je n'ignore pas que la France fait face à de graves problèmes.  

          En tant que chef de l 'Etat, je me dois de veiller à nos intérêts, à nos institutions, à nos valeurs. Au bien public.

          Une échéance approche. Le temps du débat s'annonce. Que chacun s'en empare, hardiment.

          Il se doit, et j'y veillerai, d'être tolérant, intègre, respectueux.

          J'ose espérer que les forces vives citoyennes, les divers acteurs, les divers responsables, seront animés par un désir d'écoute et de dialogue, une exigence d'ouverture, une volonté sincère de convaincre.

           Oui, comme l'écrivait Pierre Mendès-France, "La démocratie, c'est d'abord  un état d'esprit".  

 Vive la République, vive la France !

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