Nous apprenons par RFI, le figaro.fr et Iran manif.org que:

Depuis douze jours, dix-sept prisonniers politiques iraniens de la prison d'Evin (Nord de l'Iran) ont entamé une grève de la faim pour protester contre les interrogatoires musclés, les insultes et l'isolement permanent qu'ils y subissent. Il semble d'après Rahesabz.net, que la grève ai débuté après un conflit entre gardiens et prisonniers concernant le traitement réservés aux familles des détenus souhaitant les visiter. Rahesabz et Kaleme (sites de l'opposition) ont précisé que certains détenus ont commencé à protester après avoir été transférés en cellules d'isolement et que d'autres ont suivi le mouvement.

Les dix-sept militants sont pour la plupart des étudiants ou des journalistes de l'opposition arrêtés au décours manifestations de l'été 2009, contre les résultats contestés de l'élection présidentielle iranienne. Mis en l'isolement total, privés de visites familiales, la grève de la faim est leur dernier recours comme le rappelle Parvin Abdi, une militante emprisonnée dans les années 1980: « Le régime des mollahs n’a pas changé : les méthodes de torture, d’interrogatoire. A chaque participation à des manifestations vous devez être condamné en tant que « Mohareb », c'est-à-dire ennemi de Dieu et condamné à mort. Le seul acte de résistance en prison est la grève de la faim. ».
Plusieurs grévistes auraient été hospitalisés et la santé des autres "se dégrade". Les autorités iraniennes auraient menacé de déplacer les grévistes dans un centre connu pour pratiquer la torture. Ces conditions de détention sont dénoncées par l'une des principales formations d'opposition au régime des mollahs, le Conseil national de la résistance iranienne. Les familles des dix sept prisonniers politiques viennent d'annoncer leur intention de se mettre elles aussi en grève de la faim par solidarité avec leurs proches.

Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux aux élections présidentielles, a salué la "résistance" des grévistes de la faim et le fait qu'ils "défendent des exigences humaines et légitimes". "Votre message a été entendu dans le pays et à l'étranger. Les gens s'inquiètent pour votre santé et nous voulons que vous mettiez fin à votre grève", a déclaré M. Moussavi dans un communiqué diffusé sur son site internet, Kaleme.com. "Nous appelons aussi les responsables pénitentiaires au respect de tous les droits des prisonniers (...) et à ne pas dévaloriser encore davantage le pays aux yeux des autres nations", a-t-il ajouté.

Selon Saleh Radjavi, représentant en France du Conseil national de la résistance iranienne, le régime au pouvoir en Iran ne peut que renforcer la répression. « Les prisons iraniennes sont actuellement bondées, car le régime craint que la situation n’explose. A l’heure actuelle, il y a beaucoup de défections parmi les diplomates du régime. Ces défections d’une part, l’isolement international d’autre part, met le régime des mollahs dans un état d’hystérie absolument incroyable. ». Il semble en effet que ces dernières semaines l'aile conservatrice s'agite en Iran. Les marchands du bazar, traditionnels alliés des religieux, ont fait plier le gouvernement qui voulait augmenter les taxes les touchant après une grève très suivie. Le régime fait face à d'importantes tensions internes: les religieux conservateurs contestant de manière virulente leur éviction du pouvoir par les gardiens de la révolution. Il est dailleurs possible, que l'attentat à la grenade qui a visé le cortège du président iranien, il y a 10 jours, soit un avertissement qui lui soit lancé par les religieux. Ce regain de tension pouvant expliquer le durcissement des conditions de détention pour faire pression sur l'opposition démocratique, et éviter qu'elle ne profite des divisions internes du régime pour qu'elle ne relance la contestation.