Qu’apprends-je ? La Wikipédia est un repaire de dangereux activistes d'extrême gauche. Elon Musk en personne le dit, ça doit être vrai et j’ai dû me laisser contaminer en l’utilisant, pire, en participant à cette entreprise hautement suspecte. Mais ouf, j’apprends en même temps que nous sommes sauvés : Musk prépare l’alternative, la Grokipedia, qui va nous rétablir la vérité grâce à l'intelligence artificielle. IA pour les intimes. Ou pour les germanistes, comme le braiement de l’âne en allemand : I-A, I-A ! Honnêtement, quand j’ai reçu l’info d’Alice, j’ai bien senti qu’elle était horrifiée de découvrir que son grand-père est infecté jusqu’à l’os. Comme je fus horrifié lorsque le disque dur et les disquettes de mon premier ordinateur s’avérèrent complètement vérolés. Des heures et des heures de travail foutues à cause d’un dangereux virus sans doute gauchiste.
Comme quoi, ça fait un moment qu’on est menacé : les disquettes, Alice, tu as déjà entendu parler de disquettes ? Même moi, j’ai l’impression de remonter à l’âge de pierre ! Mais je reviens à mes moutons : j’ai cru à une fake news parce que Musk, il n’a pas que des amis, il faut le savoir. Alors qui me dit que l’info est fiable ? Et puis, Grokipédia, ça fait pas très sérieux : Alice, le nom de Grock ne te dit sûrement rien, mais si tu consultes la Wikipédia, tu sauras que ce fut un clown suisse, « l'un des meilleurs augustes et clown musicaux du XXe siècle ». Et ce n’était même pas son vrai nom, alors Grokipédia, je me demande si ce n’est pas une clownerie, une vaste blague aux dépens d’Elon, un complot contre Musk. Mon agent conversationnel ChatGPT suggère une moquerie encore plus vulgaire, c’est à peine si j’ose la reproduire : des petits malins, à coup sûr des gauchistes francophones, auraient joué sur la première syllabe grok, qui, phonétiquement, est aussi le début de gros con. Des francophones : Français, Belges, Suisses, ou qui sait, Sénégalais ? Ils sont moqueurs, les Belges ! En tout cas moqueurs et francophones car en anglais, grok, ça donne rien, à part le nom d’un chatbot nommé Grok présenté comme « ayant un sens de l'humour » et donnant un accès direct à X, ex-Twitter. C’est dans la Wikipédia ...
Alors finalement ce serait vrai ?! Moi, j’adorais Grock dans mon jeune âge, rien que pour ça, je te remercie de l’info, Alice, tu m’as rappelé un vrai clown qui faisait rire de bon cœur petits et grands. Pour Grok (IA), je suis plus circonspect : l’intelligence artificielle, utilisée intelligemment, c’est génial, mais la bêtise naturelle ne semblant pas diminuer depuis l’âge de pierre, c’est pas forcément la panacée. Et une encyclopédie au service d’un clown mégalo et facho, c’est fâcheux, non, Alice ? Une des forces de la Wikipédia, c'est sa vérifiabilité : ses contributeurs doivent fournir une source identifiable et vérifiable pour toute information, théorie, opinion, revendication ou argument. Dans le cas contraire, les contenus peuvent être retirés, tout un savant système de contrôle s'y emploie. Une autre force de la WP, c'est son intelligence collective : sur tous les continents, dans toutes les langues, des millions de contributeurs plus ou moins pointus dans un domaine enrichissent chaque jour des articles chaque jour plus nombreux, plus fouillés. Et l'IA y est au service de cette intelligence collective : des chatbots patrouillent en permanence, créent des liens, corrigent des erreurs ... Bien sûr, cela a un coût et une encyclopédie digne de ce nom doit être libre et indépendante des gros riches qui veulent tout s'arroger, y compris l'information, pour l'asservir à leurs opinions : la WP, ce n'est pas un milliardaire qui la possède, ce sont entre autre ses lecteurs qui la financent.
N.B. Un petit-cousin m'apprend que Grock n'a pas hésité à se produire devant Hitler & co et le petit-neveu du célèbre clown se souvient que "les liens de Grock avec les Nazis provoquaient des disputes familiales". Je ne croyais pas si bien tomber, merci Pascal !