Encore une fois nous sommes les perdants de l'histoire. (14 juin 2017)
Dans quelques jours le nouveau gouvernement va obtenir les 3/4 des sièges à l'Assemblée Nationale. Le scrutin majoritaire fait encore des ravages et favorise les possédants, ceux qui ont déjà le pouvoir, la bourgeoisie capitaliste d'aujourd'hui.
J'ai vraiment le sentiment d'avoir été le perdant depuis mon enfance, heureusement pas le perdant pour tout, mais le perdant quand même pour la richesse, pour l'argent, pour le statut professionnel, pour le choix d'une profession, d'un métier, perdant dans l'échelle sociale, perdant de la promotion sociale, de l'ascension sociale, mon parcours ressemble plus à un déclassement qu'à une réussite professionnelle ou sociale. J'étais déjà le dernier à la course et au classement au cours de gym et sports à l'école.
Mais si j'ai perdu au jeu de la notoriété, de la politique et de la richesse, j'ai gagné ou plutôt j'ai eu des satisfactions avec la plupart de mes choix. J'ai eu beaucoup de reconnaissances, que je n'ai pas toujours compris, vu ou entendu, de la part de mes proches. J'ai eu beaucoup de satisfactions dans mes différents boulots, dans mes engagements associatifs, dans mes activités de loisirs, dans ma vie de famille.
C'est nous les perdants, les humains en échec, les exclus, les petites gens, les anciens et les nouveaux esclaves qui avons fait le monde, qui l'avons bâti avec notre sueur, nos larmes et notre sang. C'est nous qui avons construit, fabriqué, cultivé, pêché, transformé la matière et les matériaux, nous qui avons produit la nourriture nécessaire à l'être humain, le pain, le vin, ... C'est nous qui avons produit les richesses des nations et des rois, nous qui avons modelé le pays, les paysages, nous qui avons donné notre vie, notre sang pour défendre notre territoire, notre foyer, notre famille. C'est nous qui avons résisté face à la barbarie nazie, qui avons lutté pied à pied contre l'envahisseur, qui avons refusé le travail obligatoire, qui avons reconstruit ce qui avait été détruit, qui avons bâti cathédrales et châteaux pour les puissants qui nous dominaient et nous exploitaient. C'est nous, les damnés de la terre, qui sommes les grands hommes, les véritables héros de l'histoire humaine, et non ceux qui sont marqués dans les livres d'histoire et ont leur statue au milieu des champs de foire, eux qui ont envoyé à la mort leurs contemporains. C'est nous qui avons honoré notre pays. Honneur et gloire à tous les prolos. Honneur et gloire à tous les ploucs. C'est nous qui sommes le monde vivant. Nous sommes la vie, le présent, le passé et l'avenir. Vous, les puissants, n'aurez jamais nos âmes, nos esprits. Vous n'aurez jamais nos rêves, notre liberté intérieure, notre humour, nos rires et nos sourires. Nous vous opposerons nos cris et nos chants de révolte, nos pleurs et nos rires, l'esprit de subversion, l'esprit de résistance, nos espoirs, nos espérances.
Notre liberté est dans nos têtes et nos coeurs. Nous sommes égaux dans notre condition d'en bas, dans la sueur, le sang, les larmes et nos rêves communs. Nous sommes frères dans nos combats, dans la lutte et dans la solidarité.