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Billet de blog 12 février 2020

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Essai sur le mal (suite)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A travers notre langage nous exprimons des jugements de valeur, des préjugés qui ont été mis dans notre cerveau depuis notre naissance par un apprentissage qui a usé de la punition et de la récompense. Notre discours est le reflet de notre culture, de notre éducation, d'un lieu et d'une époque.
Henri Laborit a divisé (pour des besoins expérimentaux) les comportements animaux (et donc humains) en quatre grandes attitudes : la consommation, la fuite, la lutte et l'inhibition de l'action. Et dans cette dernière : « celle de l'attente en tension dans laquelle un espoir existe encore de pouvoir contrôler l'environnement (elle est à l'origine de l'anxiété), et celle de la dépression dans laquelle il y a un abandon de tout espoir. »
Pour en revenir à l'enfant, lorsqu'il a réalisé qu'il était différent de sa mère, il va s'apercevoir que l'objet de son plaisir, sa mère, ne répond pas toujours à ses désirs. Il va alors découvrir le principe de réalité.

« Il va s'apercevoir que la mère a des rapports particuliers avec un moustachu qu'il ne sait pas être son père mais qui lui ravit son objet gratifiant, ou avec d'autres êtres qu'il ne sait pas être ses frères ou soeurs et pour lesquels la mère a des attentions particulières comme elle en a aussi à son égard. Il va découvrir ainsi l'instinct de propriété ou plutôt le prétendu instinct de propriété, l'amour malheureux, la jalousie, l'oedipe. (…) Ainsi,
la notion de propriété et non pas l'instinct de propriété s'établit progressivement par l'apprentissage de l'existence d'objets gratifiants. Et l'espace contenant l'ensemble des objets gratifiants est ce qu'on peut appeler « territoire ». On sait combien cette notion de territoire, dans l'éthologie moderne, a été fréquemment utilisée et combien la notion de défense du territoire a été étudiée. Qu'on nous permette simplement de faire remarquer que si le territoire était vide, il ne serait pas défendu. Il n'est défendu que parce qu'il contient des objets et des êtres gratifiants car si ces objets et ces êtres étaient dangereux pour la survie, le territoire serait fui et non pas défendu. Il n'existe donc pas, selon nous, d'instinct inné de défense du territoire pas plus qu'il n'existe d'instinct de propriété : tout cela n'est qu'apprentissage. »

L'individu et l'espèce ont la même finalité qui est de survivre. Entre eux s'interposent les groupes sociaux (nations, organisations, groupes financiers, économiques, …) qui veulent survivre aussi mais en exerçant leur dominance sur les autres groupes, et donc sur les individus.
Avec le langage et l'imaginaire l'être humain est devenu capable de créer de nouveaux ensembles, de prendre de la distance par rapport à l'objet gratifiant et de passer du signe au symbole.
Finalement : qu'est-ce que l'homme ? C'est un être vivant. « Se croyant le roi de la nature, il s'est cru libre d'une part, sans voir qu'il était entièrement dépendant, lui aussi, d'une biosphère. L'espèce humaine est la seule à se croire libre parce qu'elle parle et que l'abstraction permise par le langage lui a fait croire à la réalité de ses conceptions abstraites. L'animal, qui ne parle pas, est soumis à des pressions de nécessité innombrables et s'ilne s'y soumet pas, il disparaît en tant qu'individu et en tant qu'espèce. L'homme, ignorant les règles à appliquer, les a
inventées. Il a construit un monde qui le dépassait, un système englobant. Ce furent d'abord les mythes, les religions, les morales, puis les structures étatiques, s'exprimant par des lois. Notons qu'en agissant ainsi il se libérait en grande partie de l'angoisse qui, nous le savons, résulte de l'inhibition de l'action, dont l'un des facteurs est le déficit informationnel."

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