"Quand, il n'y a pas si longtemps encore, des millions d'hommes en quelques semaines mouraient de la peste par exemple, ou de quelque autre épidémie, c'était une catastrophe naturelle, comme celle résultant de l'éruption d'un volcan.On pouvait sans doute en accuser l'homme lui-même qui n'aurait pas été suffisamment fidèle aux lois que la divinité ou les divinités lui auraient imposées et l'on cherchait un bouc émissaire à
sacrifier. Mais aujourd'hui, comme c'est l'homme qui a inventé la science, il se sent directement responsable des malheurs engendrés par cette nouvelle divinité, sans comprendre que ce n'est pas la science qui peut représenter un danger, mais l'utilisation qu'il en fait. La connaissance a toujours permis de mieux agir, d'agir plus efficacement, et donc, pour l'homme, de mieux se protéger. S'il n'en est plus ainsi aujourd'hui, c'est
qu'une connaissance lui manque, celle des mécanismes contrôlant l'activité fonctionnelle de son système nerveux. » Henri Laborit
« Il n'existe donc pas d'instinct de propriété inné, mais apprentissage par un système nerveux du plaisir éprouvé par le contact et l'usage des objets et des êtres qu'il tente dès lors de conserver pour lui. Comment, dans ce cas, inscrire la propriété comme un droit naturel de l'homme, alors qu'il ne s'agit que d'un apprentissage culturel ?
Allons un peu plus loin dans l'analyse, et nous constaterons qu'un territoire, un espace écologique où vit une collectivité humaine, contient avant tout une structure sociale à laquelle les hommes ont donné naissance. Cette structure sociale a toujours été, depuis le début du néolithique, une
structure sociale de dominance. Si bien que mourir pour la patrie, c'est d'abord mourir pour que cette structure sociale se perpétue, se reproduise, que les rapports de dominance se conservent. Il est curieux de constater que toutes nos lois ne servent en définitive qu'à défendre la propriété, comme si elle était un droit de l'homme. » Les droits de l'homme ne sont finalement que les droits de maintenir les structures sociales dominantes, dont l'archétype aujourd'hui est l'Etat. Qu'il soit théocratique, aristocratique, bourgeois, communiste, bureaucratique ou technocratique il est
toujours une structure hiérarchique et omniprésente, comme dans Le meilleur des mondes. Quel que soit le type de violence étudié : inter-individuelle, inter-étatique, inter-raciale, violence routière, violence politique, violence industrielle, violence du et dans le travail, violence de la pollution, violence religieuse, etc…, on retrouve toujours à l'origine la recherche d'une domination entre les individus, les grands groupes industriels nationaux et internationaux, les Etats. La violence entre les nations industrialisées du monde occidental (par exemple) et les pays dit en voie de développement constitue, au niveau d'organisation des peuples, une lutte de classes du dominé contre le dominant. L'inverse ayant été une violence institutionnalisée par les peuples dominants, à savoir l'esclavagisme et le colonialisme. Au cours de l'histoire humaine, au fur et à mesure que les groupes, les communautés, les entités territoriales s'agrandissaient, se développaient, le besoin de nouveaux territoires à exploiter se faisait sentir et devenait de plus en plus impérieux. La guerre pour les obtenir s'imposa alors sous le couvert d'un discours idéologique ou religieux, dont les motivations étaient en réalité économiques. Alors pour justifier cette guerre il fallait faire naître ce sentiment de communauté dite nationale, en faisant taire la violence inter-groupes et en fournissant un objet de ressentiment commun en dehors du groupe. « Pour faire taire l'animosité due aux différences entre les éléments du groupe, il s'avéra nécessaire d'accuser les différences avec les groupes qui n'en faisaient pas partie, nécessaire de décrire l'ennemi du moment, le « bouc émissaire », comme un « non-homme », la dignité d'homme se reconnaissant par l'appartenance au groupe : c'est le boche, le viet, le bicot, le métèque, le crouille, etc. L'unité nationale se fait toujours contre l'ennemi du dehors. C'est alors que les idéologies entrent en jeu, racistes d'abord. »