
France, Etats-Unis, Suisse, l'occident n'en finit pas de s'interroger sur la place à accorder à l'islam considéré comme une religion invasive de l'espace public. Du port du voile à la construction de mosquées, les signes visibles de cette religion suscitent de violentes réactions d'une partie des opinions publiques qui pressent leurs dirigeants à restreindre la liberté religieuse dans le cas spécifique de l'Islam.
9 ans après les attentats du 11 septembre, Ben Laden est en passe d'avoir gagné son pari, celui de dresser l'Occident contre les musulmans. L'islamophobie, de moins en moins honteuse, gagne du terrain.
En Suisse, le quotidien Genevois Le Temps s'interroge et appelle à une mobilisation contre l'interdiction du voile considérant, les mots sont lourds de sens, que "la liberté de religion est en péril". Le journaliste, François Modoux, part en guerre à la suite de l'adoption le 2 juillet dernier dans le canton alémanique de Saint-Gall d'une directive du Conseil de l’éducation du canton invitant les communes à interdire le port du voile à l’école.
Il n'est pas le seul.La Commission fédérale contre le racisme (CFR), de façon très vive, a condamné la circulaire saint-galloise, y voyant «une action dirigée contre la minorité musulmane et dictée par des motifs partisans» qu’elle juge «inacceptables».
François Modoux relève que "L’argumentation du Conseil de l’éducation saint-gallois est démontée point par point. Invoquer la nécessité d’intégrer pour interdire le foulard islamique à l’école n’est qu’un prétexte, car au contraire la réglementation proposée ferait un obstacle à l’intégration, en rejetant des filles hors de l’école, note la CFR" .
Pour celle-ci, l’interdiction enfreindrait le principe de l’égalité de traitement. Mais, la Commission rappelle surtout que porter le voile s’inscrit bien dans le domaine de la liberté de religion, historiquement trés protégée en Suisse.
Le Temps revient sur un avis de droit d'un ancien juge fédéral sur les conditions d’exercice de la liberté de religion. De façon très équilibrée, l'ancien magistrat estime que "la liberté de religion est un moyen d’intégration des minorités qui seront acceptées si elles reconnaissent l’ordre public et les usages du pays qui les accueille" et que "L’Etat a pour tâche de garantir l’exercice paisible et non discriminatoire de la liberté de religion".