Et maintenant … Que faire?
Hamon vient de remporter la victoire au premier tour de la primaire PS et semble bien placé pour remporter le deuxieme tour.
La presque totalité des commentaires de presse argote sur le faible taux de participation à cette primaire , je trouve au contraire que celui-ci est très honorable.
Le PS revient de loin : démission tardive de Hollande, organisation précipitée de la primaire, existence de candidatures alternatives déjà bien organisées sur sa droite avec Macron , sur sa gauche avec Mélenchon. Et pourtant, malgré tout ce handicap : quelque 1,5 millions de votants. La primaire de la droite n’aurait jamais attiré 4 millions de participants, si par exemple Bayrou avait déjà posé sa candidature ou, pire, si Juppé s’était présenté seul, laissant l’UMP se débrouiller avec sa primaire.
Faut-il se réjouir de cette victoire, bien évidement. Il s’agit d’une clarification salutaire.
Or cette victoire de Hamon, si elle se confirme, avec la dynamique qu’elle peut entrainer, n’est pas sans poser un problème à la France Insoumise. En effet, les voilà maintenant en compétition avec un candidat dont les thèmes sont proches.
Jusqu’à présent la FI a refusé toute alliance et compromis avec le PS, s’appuyant sur le sentiment largement partagé de l’ abandon par celui-ci de la quasi totalité des thèmes qui constituent le socle idéologique de la gauche. ( Valls et Hollande étant les plus parfaits représentants de cette dérive droitière).
Cette stratégie s’est révélée payante, et la FI peut aujourd’hui s’enorgueillir d’une assise solide.
D’une part elle a permis de remobiliser un électorat désabusé par les trahisons successives de ses représentants traditionnels .
D’autre part elle a permis de mettre à jour la nature du PS et le gouffre idéologique séparant ses différents courants. Exsangue, ne constituant plus un parti de rassemblement, l’ unité apparente du PS a volé en éclats. Valls sort de cette épreuve définitivement disqualifié et ce sont les thèses les plus à gauche du parti qui en sont sorties victorieuses. Ne reste plus pour la droite du PS qu’à rejoindre Macron.
Mais qu’en est-il dorénavant du positionnement de la FI. Et sa stratégie de non alliance est-elle toujours aussi pertinente ?
Je doute fort que les sympathisants de Mélenchon se soient massivement mobilisés lors de cette primaire pour soutenir Hamon. Ils sont bien accrochés à leurs candidats et persuadés de la nécessité de rompre avec les partis traditionnels. En toute logique, il aurait mieux fallu pour eux que Valls gagne, confortant ainsi l’image d’un PS infréquentable.
Ils se retrouvent donc devant une réalité qui jusque-là leur avait échappé : oui , il existe une vraie gauche en France, et plus importante qu’ils ne croient, que le FI n’attire pas.
Serait-ce pour des questions programmatiques ? J’en doute, les programmes sont très identiques, même si celui de Mélenchon est bien plus précis. Serait-ce à cause de la personnalité de Mélenchon ? si cela a été le cas pour certains durant un temps, ce sentiment tend à s’estomper, et l’arrêt du matraquage médiatique anti-Mélenchon en est un signe.
Non la raison fondamentale pour laquelle ces gens de gauche ne donnent pas quitus au FI est à chercher ailleurs. Alors que les perspectives politiques s'assombrissent , (nous n’avons pas Chirac comme adversaire, mais deux partis d’extrême droite, l’UMP Fillonisée, et le FN), la FI leur apparait par son recroquevillement sectaire et son refus de toute alliance comme le parti qui empechera la gauche d’accéder au pouvoir. Voilà la principale raison.
Et c’est exactement ce qui s’est passé en Espagne avec Podemos. Une organisation d’Insoumis puissante, un PS nouvellement dirigé par son aile gauche prêt à faire des concessions, une majorité confortable de gauche parmi les électeurs, et l’élection finale de …Rajoy, dont Fillon est le clone.
Et pourquoi les électeurs de gauche n’adresseraient-ils pas ce reproche à Hamon puisqu'il refuse de rejoindre la FI ? vous répondront les insoumis. Et bien justement pour la raison invoquée plus haut que Hamon, lui au moins, ne rejette aucune alliance à gauche !
Ce que beaucoup de militants de la FI , mus par un ressentiment « anti-système », refusent d’admettre c’est que sans alliance, pas de victoire possible. Ils sont tellement obnubiles par la peur de souiller leur idéal par des compromis qu’ils ne s’aperçoivent pas que leur attitude porte en elle les germes du parti unique. Or les alliances et la confrontation aux idées et aux propositions d’autres partis que le sien sont justement un gage de contrôle démocratique, ne serait-ce qu’à travers la divergence potentielle des intérêts des appareils. Ce qu’ils refusent de voir aussi c’est que tout mouvement politique, quel que soit sa nature, crée des structures d’appareil, quel que soit le mode de désignation de ses représentants, meme a la FI.
Aussi, même si pour la présidentielle cela semble mal engagé, maintenant qu’il y a deux prétendants sur le même créneau, (sauf miracle d’une entente sur une plateforme commune entre écolos de gauche, Hamon, PC et Mélenchon , mais qui se désisterait ?), je demande, j’implore, je supplie toutes les composantes de la vraie gauche de faire preuve d’un peu de compassion pour leurs électeurs et de s’entendre lors de la désignation des candidats aux législatives afin de constituer un groupe suffisamment fort pour s’opposer aux députés de droites, qu’ils soient macronistes, fillonistes ou lepenistes, désignation qui ne pourra évidemment pas se faire sous les seules conditions de la France Insoumise et de sa Charte qui n’est rien d’autre qu’un contrat d’allégeance.