La mobilisation contre la loi travail n'a pas eu l'ampleur escomptée, et cela nous a tous désolé.
Cela nous interpelle cependant sur les raisons de ce manque d'enthousiasme.
Certes il y a la désunion des syndicats, la trop grande proximité avec les élections présidentielles et cette étonnante mais bien réelle patience de l’électeur : "laissons lui sa chance". Mais est-ce l'unique raison, car si l'on s'appuie sur les soudages, la cote de popularité de Macron s'écroule. D’où vient donc ce paradoxe?
Peut-être serait-il temps de considérer ce que propose en face les partis d'opposition , ou plus exactement Le parti d'opposition digne de ce nom, la FI. Et c'est là qu'à mon avis il y a quelque chose qui cloche.
Le programme de la FI est un programme à priori solide, avec des objectifs de développements Economiques clairs basés sur la reprise en main des industries françaises dans un perspective écologique . Avec cela , personne à gauche n'est en désaccord.
C'est sur le volet social et le rapport au travail que la FI n'est pas crédible et donc incapable de réunir une adhésion suffisante pour organiser une mobilisation de masse. Je pense malheureusement qu'une partie de ses revendications et pas des moindres puisqu'elles regissent les rapports sociaux au sein de l'entreprise sont à cote de la plaque et ne répondent pas aux attentes du plus grand nombre.
Je ne prendrai qu'un exemple qui me semble emblematique: Le CDI obligatoire généralisé à 90 % des entreprises, ( que certains Melenchonistes chevronnés appellent l'emploi à vie) .
Franchement en quoi cet horizon peut-il faire rêver les jeunes qui arrivent aujourd'hui sur le marche du travail?
D'une part personne n'y croit puisque le CDI exigerait le plein emploi et un carnet de commande bien rempli, ce qui est loin d’être le cas. D'autre part la perspective de se retrouver à vie sous l'emprise d'un employeur est devenu une véritable angoisse pour une grande partie de la jeunesse en mal d'automie professionnelle.
Macron en ce sens a été particulièrement malin, surfant sur cette aspiration il a promis à ces jeunes une protection sociale jusqu'alors réservée aux salariés et a ainsi pu sans coup férir généraliser ce qu'on appelle aujourd'hui l'Uberisation, . Promesse dont on voit aujourd'hui avec les lois travail et les futures lois sur le chômage l'incroyable imposture .
Au lieu de rejeter d'un revers de main cette aspiration àêtre son propre patron en disant "regardez ce qui se passe avec Uber et les autres , je vous avez prévenu", il serait à mon sens bien plus judicieux de prendre Macron au mot et de proposer des mesures qui accompagneraient ces nouvelles pratiques professionnelles. Certes, celles-ci n' auraient surement aucune chances d'aboutir dans le cadre d'un parlement aux ordres, mais non seulement elles pourraient faire quelques dégâts dans les rangs des députés de la France en marche, mais surtout elles montreraient a ceux qui ont votés pour eux le vrai visage de la politique de Macron.
Enfin, je pense que l'action politique ne peut plus se résumer à des effets de manche au parlement ni à des action de propagande militante; il lui faut investir, comme l'on fait les anarchistes à d'autres époques directement la sphère économique.
La FI a l'avantage de ne pas se positionner sur le créneau des partis traditionnels. En ce sens elle a tous les atouts pour mettre en place , promouvoir et fédérer d'ores et déjà des structures de contre pouvoir économique sous forme d'associations , de coopératives de travailleurs dont le but serait l'auto-organisation entrepreneuriale ( j'aime pas ce mot mais j'en ai pas trouve d'autres) faisant contrepoids à la rapacité des grosses entreprises, que ce soit dans l’économie numérique, l'agriculture ou le système bancaire type participatif ou éthique. Peut-être Le Media permettra-t-il d'en être le vecteur promotionnel . Il faut l’espérer