Herbert Geschwind

Apprentissage tout au long de la vie, historien des conflits, de la déportation et de la Shoah

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Billet de blog 1 février 2017

Herbert Geschwind

Apprentissage tout au long de la vie, historien des conflits, de la déportation et de la Shoah

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Quel rôle pour la santé dans les enjeux de la présidentielle?

Les Français ont conscience de la fragilité du système de santé. C'est une bonne chose qu'il soit davantage débattu. La santé est depuis longtemps un sujet de préoccupation chez les Français. Ils sont attachés à leur santé, mais également à son système, fiers de ce qu'il est, considéré comme un modèle et, comme sur de nombreux sujets, inquiets de son évolution.

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Des soins excellents

Pour eux, ce qui fait sa force, c'est l'excellence des soins, leur libre accès et son universalité – qui est une autre facette du libre accès, chacun, riche ou pauvre, devant pouvoir être soigné selon les meilleurs standards et remboursé suffisamment, voire intégralement. Cette introduction ouvre l’accès à un article enthousiaste sur l’état de la médecine française considérée par beaucoup comme une des « meilleures du monde ». Cette autosatisfaction incite les bénéficiaires de ce système à plaider pour le conservatisme. De crainte d’en perdre les avantages par l’arrivée de réformes dites structurelles, les citoyens préfèrent profiter des prestations d’une profession qui satisfait leurs désirs, calme leurs angoisses et assure la permanence d’une bonne santé qui le mène sans trop de heurts jusqu’à un âge avancé de leur vie.

Réputation

En tout cas, au delà de la durée de celle de nations considérées comme plus riches comme les Etats-Unis, malgré la réputation qui l’accompagne sinon la précède au niveau de la recherche de l’innovation et des capacités techniques. Heureuse de bénéficier de la sollicitude du corps de santé, considéré à leur entière disposition, cette population est qualifiée d’irresponsable lorsqu’elle profite trop largement d’un système qui gâche des moyens exceptionnels au soin et à la recherche pour en perfectionner les résultats.

Surconsommation?

Cette sur consommation fait fi du principe de solidarité si souvent invoqué par les pouvoirs publics pour freiner la frénésie de jouissance d’actes médicaux à répétition. On en espère une amélioration de la qualité de vie et de sa durée jusqu’à l’épuisement des corps sinon de la quête de bien être aux confins de l’immortalité. En face du bonheur sans réserve de la population française, on cite dans l’article «la santé des populations américaine et britannique qui montre des signes d'affaiblissement. Aux Etats-Unis, l'épidémie d'obésité et ses conséquences (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers) ne sont pas contrôlées, les suicides ont augmenté de 20  % en 10 ans, les décès par overdose d'héroïne ont été multipliés par 5 au cours de la même période. Au Royaume-Uni, la mortalité a augmenté dans presque toutes les tranches d'âge entre 2014 et 2015. »

Catastrophisme

Dans cette énumération catastrophique, il serait sans doute d’introduire plus de stratifications. Elles auraient pour mission de ne pas constituer un fourre tout dans lequel on jetterait sans discernement des facteurs économiques, sociaux, psychologiques, sinon politiques dès lors qu’on se réfère à l’Obama care dans lequel beaucoup d’Américains  «voient une intervention de l'Etat et une solidarité dont ils ne veulent pas.

Désordres

De plus, ils observent les désordres organisationnels qu'il a provoqués. Au Royaume-Uni, plusieurs études ont mesuré une baisse de l'état de santé déclaré des habitants, chaque année étant pire que la précédente depuis 2010. » De tels propos incitent assurément à considérer la France comme un paradis au moins médical sur terre et à rejeter dans les enfers des sociétés qui seraient au bord du gouffre sanitaire. Les auteurs de cet article poussent leur thèse jusqu’à l’extrême quand ils imputent à la dégradation de l’état de santé des populations anglo-saxonnes des initiatives aussi extrêmes sinon extrémistes que le Brexit ou l’élection de Trump à la présidence des Etats-Unis.

Des conséquences redoutables?

Ces cris de détresse et de désespoir ne s’arrêtent pas au seuil du Royaume encore Uni et des États encore démocratiques américains. Le pessimisme s’installe dans les réflexions de Brice Teinturier et Jean David Zeitoun lorsqu’ils affichent leurs préoccupations au sujet du « déficit de l'Assurance-maladie, du prix de certains traitements, de l’offre médicale déséquilibrée, de la mortalité qui a augmenté en  2015, avec 41 000 décès de plus qu'en  2014, soit un chiffre jamais vu depuis l'après-guerre.

Fluctuations ou significativité?

Peut-être serait-il raisonnable de considérer ces variations comme des fluctuations plus que des rappels à l’ordre et au changement ? Devant ces considérations, on ne saurait donner tort aux auteurs de cette anticipation de plaider en faveur de la mise urgente au programme électoral d’une thématique de ce type même si, en attendant, des mesures simples ou des rappels à l’ordre de la population pourraient suffire à rétablir une situation jugée comme compromise.

Trop d'examens, pas assez de clinique?

S’il est vrai que le nombre des examens augmente de façon explosive, cette situation n’est pas nécessairement due à la demande pléthorique des patients en vue de se rassurer mais aussi à la prescription médicale illimitée, plus rassurante pour le médecin que pour le malade. Sur cette tendance de la société, un autre Président de la République peut se sentir désarmé sous réserve de rappels à l‘ordre itératifs, d’inspiration civique.

Danger de mort

Dans ce tableau, il convient certes d’accorder à nos contempteurs [1]qu’une réorganisation de la médecine dite libérale aux côtés des prestations hospitalières est indispensable devant les délais d’attente excessifs, rédhibitoires, dangereux sinon potentiellement mortels lorsqu’il s’agit de demandes de consultation affectant des urgences méconnues, des diagnostics improbables ou des pathologies fortement et rapidement évolutives.  


[1] Teinturier B. Zeitoun J.D. La santé, nouvel enjeu de la présidentielle. Les Français ont conscience de la fragilité du système de santé. C'est une bonne chose qu'il soit davantage débattu. Le Monde. 31.1.2017.

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