Herbert Geschwind

Apprentissage tout au long de la vie, historien des conflits, de la déportation et de la Shoah

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Billet de blog 18 septembre 2015

Herbert Geschwind

Apprentissage tout au long de la vie, historien des conflits, de la déportation et de la Shoah

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Une infinie tristesse

Herbert Geschwind

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une défaite

La tristesse est infinie. La bête était là, pissant du sang sous les cris des 27.000 personnes, le taureau rouvrait parfois les yeux après un coup de sifflet de l'arbitre mais ça ne trompait personne, ses naseaux tremblaient à peine et deux fois, il faut être malheureux, cela doit suffire, cela va suffire, non ? Et puis soudain, plus rien, le regard perdu, il cherche ses mots sans jamais les trouver.

Des larmes d'enfants ou d'hommes

Un homme en larmes sur le parquet, se présentera dix minutes plus tard les yeux séchés, la tête haute. Sa présence dit toute sa classe, ses mots toute sa tristesse. C'est le pire moment de ma carrière, on ne peut pas repartir comme ça, on ne peut pas repartir sans rien. De qui pensez-vous qu’émanent ces paroles, ces commentaires, ces phrases douloureuses ? On songe immédiatement à l’un des réfugiés qui viennent de traverser la Serbie et ne peuvent pas accéder à la frontière hongroise fermée pour cause d’indisponibilité, d’interdiction provisoire d’accès. Vraiment impressionnant, presque indécent ! Voilà ce qu’on pouvait lire dans Le Monde du 18 septembre à propos de …quoi ?

Traversée de l'Europe

De la traversée de l’Europe par des migrants, des réfugiés fuyant leurs pays, leur domicile, leur maison, leur habitat pour chercher ailleurs un lit pour dormir, un toit pour se laver et se sécher, un abri pour mettre leur famille à l’écart des fusillades, de la brutalité, des incivilités. Tous ces problèmes, ce descriptif au ton tragique concernaient un jeu collectif, le basket-ball.

Jouer au basket ou fuir devant la terreur

Non pas des parents désespérés de voir leurs enfants dénués de tout, de nourriture, d’eau, de vêtements, d’école, de protection, de foyer. Ce qui comptait en ce jour tragique d’une défaite dans un jeu de ballon, ce n’était pas le malheur de centaines de milliers de réfugiés égarés sur les routes de l’Europe, c’était la pseudo humiliation subie par une équipe française dans une compétition sportive et ludique.

Il est des pays heureux

Heureux pays que celui de la France qui peut se permettre de verser des larmes sur une défaite dans un jeu pour dinosaures en bien plus grande quantité que sur le sort de fugitifs lancés sur les routes de l’espoir de trouver quelque part une nouvelle vie, de saisir l’occasion d’échapper à la terreur des tirs aveugles, de la mort imméritée, frappant au hasard, bientôt des bombardements aveugles, comme ceux que l’on avait reprochés aux Nazis et aux Alliés de perpétrer sur des populations innocentes.

Opérations Portes Ouvertes (ou fermées?)

Ouvrir les portes est une autre affaire, relève d’une autre décision. Celle de sauver autrui, de l’accueillir, de lui offrir l’hospitalité en attendant qu’il trouve le refuge qui lui permettra d’attendre la fin de la tempête. C’est cela une conduite humaine, plus que les applaudissements ou vindicte de spectateurs aigris, de cerveaux gorgés d’orgueil, de couleurs diverses, d’investissement dans l’exploit du corps, de délégation de performances à des missionnaires de la langue sportive.

Des missions, un combat pour la victoire ou la vie?

On leur confie la mission de venger des défaites, de redresser des torts, de réparer des injustices. Non pas celles qui attribuent des logements sociaux dans des délais de plusieurs années, qui ne permettent plus aux familles de se nourrir en fin de moi, plutôt celles qui avantagent un joueur turc ou letton au profit d’un membre de l’équipe nationale. C’est cela aussi, la glorieuse incertitude du sport, une activité qui, désormais tient plus de l’activité de clowns au cirque que d’épanouissement du corps et de l’esprit.  

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