Qualité et sécurité
Le foisonnement des dispositifs médicaux impose que des mesures soient prises pour en améliorer la sécurité et la qualité, en faciliter l’accès pour tous à l’innovation et assurer le lien entre politique de santé et excellence industrielle sans pour autant prendre la nouveauté comme unique critère de son adoption pour la consommation de masse. Les risques relatifs aux dispositifs médicaux innovants ayant des finalités diagnostiques et thérapeutiques accrues doivent particulièrement être pris en considération, d’autant plus qu’ils représentent la grande majorité des outils techniques indispensables à l’utilisation clinique.
Formation et information
Pour cette raison, l’information et la formation des professionnels destinés à en appliquer les indications de même que l’éducation thérapeutique avant leur réception par les patients destinés à en devenir les porteurs mérite d’être renforcée. S’il est avéré que cette instrumentation participe à la création et au maintien de bien-être, elle mérite d’occuper une juste place dans la stratégie de santé avec les offres d’opportunités pour développer la chirurgie ambulatoire, la médecine de parcours et le maintien à domicile. Ces facteurs jouent dans le système de santé un rôle économique et sécuritaire de premier plan.
Une spécialisation
En est-il de même pour l’activité propre aux soins palliatifs? Ceux-ci s’organisent et se structurent dans un même mouvement dont les approches se multiplient par l’implication d’un nombre de plus en plus élevé de spécialistes au chevet de la personne souffrante si ce n’est par des interventions à distance par médias électroniques interposés? Dans cette mouvance, la confirmation de cette tendance est apportée par la forme et le fond des écrits sur le thème complexe des soins palliatifs qui ressemblent de plus en plus à aux articles des autres revues professionnelles de la santé. Cette évolution tend certes à plus de rigueur scientifique mais porte en elle le risque de laisser à l’arrière plan de cette médecine les apports de soignants mis au défi de développer leurs capacités à vivre en tant qu’êtres humains complexes, globaux et non dissociables.
Empathie et compassion
A ce sujet, se pose la question des définitions et de la signification attribuées aux deux concepts clés de la compassion et de l’empathie dont le premier est banni du vocabulaire des professions médicales alors que le second définit une attitude permettant de comprendre, d’une manière non affective ce que vit la personne soignée. Sans que nous soyons tentés de nous laisser attirer par la fusion, d’appréhender ce que vit l’Autre tout en gardant une certaine distance[1].
Dimension religieuse seulement?
La dimension religieuse de la spiritualité n’est pas exclusive de la totalité de son contenu, même si ses grands principes en sont la relation, le sens, les buts de la vie et, suivant les personnes, la foi. Une conférence tenue par les évêques anglais définit la spiritualité comme le « plus » qui forme l’être humain, au-delà de la somme de ses parts physiques. Son but est une sensibilisation et un soutien du soignant envers la spiritualité du patient ce qui correspond à la philosophie des soins palliatifs en général et spirituels en particulier partagée par les soignants. Bien que consultants et infirmiers aient des attitudes variables envers des décisions cruciales concernant la fin de vie, le système de croyances des consultants n’affecte pas leur attitude générale envers le retrait thérapeutique et le suicide assisté ce qui ne dispense pas certains thérapeutes des soins palliatifs de mettre en garde contre la médicalisation de la spiritualité et d’en respecter les limites.
[1] Pétermann Michel, « Accompagnements pluriels : vers une déshumanisation des soins palliatifs ? », Revue internationale de soins palliatifs 4/ 2014 (Vol. 29), p. 111-112